L’archipel des Chagos, dans l’océan Indien, est le berceau du séga tambour des Chagos, une forme de musique, de chant et de danse. La population locale a été déplacée de l’archipel à la fin des années 1960, ce qui a entraîné le déclin de la pratique et de la transmission du séga tambour des Chagos. Avec le temps, les jeunes générations de Chagossiens ont progressivement perdu conscience de l’importance culturelle de ce patrimoine. Pour remédier à cette situation, deux écoles de tambour des Chagos ont été créées à l’île Maurice en 2022, où près de 50 jeunes élèves, âgés de 7 à 17 ans, apprennent à danser et à jouer le séga tambour des Chagos.
Quel était le besoin ?
À la suite de son déplacement à la fin des années 1960, la communauté chagossienne s’est installée dans différentes parties du monde, en particulier à l’île Maurice. La viabilité du séga tambour des Chagos s’en est trouvée menacée, car sa pratique était enracinée dans les expériences, la vie quotidienne et les relations sociales de la communauté dans sa terre d’origine. L’âge avancé des détenteurs et le désintérêt des jeunes générations nées en dehors de l’archipel ont contribué à la vulnérabilité de ce patrimoine vivant. En outre, la précarité socio-économique de la communauté chagossienne a davantage encore affaibli sa capacité à soutenir les représentations. En 2019, un seul groupe jouait régulièrement le séga tambour des Chagos. Cela a conduit les autorités et les communautés locales à préparer un plan de sauvegarde de l’élément et une candidature pour la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente de l’UNESCO.
« Je veux que le séga des Chagos soit préservé et que la culture chagossienne soit promue. Même si les Chagossiens âgés décèdent, notre culture doit perdurer et être transmise à nos enfants et aux générations futures. »
Rosemond Saminaden, 81 ans, né aux îles Salomon, archipel des Chagos
« Je suis heureux que nous fassions un effort important pour que notre tradition ne disparaisse pas. Je n’abandonnerai jamais ma culture et je transmets déjà mes connaissances culturelles aux jeunes. »
Feu Mimose Furcy
Quelles approches ont-elles été mises en oeuvre ?
Afin de susciter l’intérêt et d’encourager la pratique de l’élément parmi la jeune génération, différentes parties prenantes à Maurice ont mis en commun leurs ressources pour créer deux écoles de séga tambour des Chagos, l’une située à Pointe-aux-Sables et l’autre à Baie-du-Tombeau. En plus d’augmenter le nombre de praticiens, les écoles aident les jeunes à mieux comprendre et apprécier le patrimoine chagossien, renforcent la cohésion de la communauté et offrent à ses membres la possibilité d’améliorer leurs moyens de subsistance grâce à la pratique de leur patrimoine.
L’approche multipartite a permis à l’initiative de porter ses fruits : le Centre Nelson Mandela pour la culture africaine finance les honoraires des instructeurs (un instructeur par école), le Fonds du patrimoine national fournit les instruments traditionnels (tambour, triyang et maravann et les vêtements traditionnels, tandis que le Chagossian Welfare Fund fournit les lieux (centres sociaux) pour l’entraînement hebdomadaire. Les deux écoles sont gérées par le Chagossian Welfare Fund.
« Le séga tambour des Chagos » a été inscrit en 2019 sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.
« Je suis fière que les gens veuillent que la musique chagossienne soit représentée au niveau de l’UNESCO pour qu’elle ne disparaisse pas. Je suis une enfant de la troisième génération (…) Je vis la culture et la tradition des Chagos, même si je suis née et ai grandi à l’île Maurice. Je suis très heureuse de savoir que cette culture est promue. »
Annick Mandarin, 29 ans
© National Heritage Fund, Maurice, 2017
Comment cela a-t-il fonctionné ?
Cette initiative a encouragé les anciens et les jeunes de la communauté à enseigner et pratiquer le séga tambour. Elle a amélioré les conditions de transmission, grâce à une formation structurée dans un espace dédié. En outre, les écoles ont attiré de nouveaux membres pour pratiquer le séga tambour des Chagos : 45 jeunes (23 garçons et 22 filles) âgés de 7 à 17 ans ont été formés. L’initiative a également augmenté la visibilité de cette pratique, sensibilisé à ses valeurs sociales et ses fonctions culturelles, et permis la reconnaissance économique des formateurs. Pour renforcer encore la sauvegarde, le Fonds national du patrimoine organise désormais chaque année l’événement « Sware tambour Chagos » (soirée tambour des Chagos), qui permet aux élèves des écoles de tambour des Chagos de se produire.
Comment la communauté a-t-elle été impliquée ?
La communauté chagossienne de l’île Maurice est très active dans la sauvegarde de son patrimoine vivant, et en particulier du séga tambour des Chagos. Le Chagossian Welfare Fund gère directement les deux écoles de tambour Chagos et joue un rôle clé en facilitant la communication et le dialogue au niveau de la communauté afin d’assurer sa participation aux mesures de sauvegarde. Les formateurs des écoles sont également issus de la communauté.
Contacts pour partager des expériences
Fonds du patrimoine national
4e étage, Immeuble Fon Sing, 12 rue Edith Cavell, Port Louis, République de Maurice
Langues de contact : créole mauricien, anglais et français
(+230) 2118134
registrynhf@gmail.com
Pour en savoir plus
- Vidéo sur cette expérience
Autres liens
- Séga tambour des Chagos
- Rapport 202) de l’État partie sur le statut actuel de l’élément: anglais
- Chagos Refugees Group