Quel était le besoin ? 

Dans les quartiers historiques du Caire, l’absence de programmes d’apprentissage et les possibilités d’emploi limitées pour les jeunes ont progressivement réduit la transmission et accéléré la perte des connaissances traditionnelles et des compétences artisanales. Ce déclin a également constitué une menace sérieuse pour l’identité culturelle et l’authenticité du Caire historique, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979. Sans mesures de sauvegarde efficaces, ces traditions inestimables risquaient de disparaître.

« Nous ne célébrons pas l’artisanat, mais plutôt la main qui l’a créé et l’être humain qui porte le savoir et qui le produit.»
Dr. Ahmed Bahi El Din, président du conseil d’administration, Société égyptienne des traditions populaires

Quelles approches ont été mises en oeuvre ?

La sauvegarde de l’artisanat traditionnel du Caire historique a impliqué la formation de 46 artisans et de 15 jeunes volontaires aux méthodes d’inventaire et à l’utilisation d’outils multimédias, tels que la vidéo et les enregistrements audio. La Société égyptienne des traditions populaires (ESFT) a organisé les formations le dimanche, lorsque les ateliers étaient fermés, afin de maximiser la participation des artisans sans affecter leurs revenus. Le programme a dépassé l’objectif initial - 46 artisans représentant divers métiers spécialisés ont participé à cette initiative, Celle-ci a permis de documenter 30 métiers traditionnels, tels que le soufflage du verre, la menuiserie-ébénisterie, la gravure sur marbre, la teinture du cuir, la calligraphie, la reliure, la tapisserie, la fabrication de tentes, de khayamiya (appliqués en coton), de fanous (lanternes typiques du Ramadan), de tarboosh (chapeaux), d’aqada (passementerie) et bien d’autres encore.

Pour assurer la continuité de la pratique des métiers traditionnels inventoriés, les 15 jeunes participants ont également été inscrits à des ateliers d’apprentissage avec des artisans expérimentés. Ces ateliers comprenaient des séances de contes ainsi que des activités pratiques et artistiques. En outre, les artisans ont pu promouvoir leurs produits dans six expositions organisées en 2022 et 2023 dans des locaux du gouvernorat du Caire, ce qui a également contribué à améliorer leurs moyens de subsistance et à sensibiliser la société civile, les jeunes et les fonctionnaires nationaux à l’importance de la sauvegarde de leur artisanat traditionnel.

Ce processus a été soutenu par l’assistance internationale du Fonds du patrimoine culturel immatériel de la Convention de 2003 (entre 2021 et 2023).

« L’inventaire de l’artisanat traditionnel dans le Caire historique a permis de mieux comprendre le riche patrimoine vivant de la ville. Il a ouvert des voies de coopération avec des artisans qualifiés, qui étaient des partenaires-clés dans le processus d’inventaire, renforçant les capacités d’une nouvelle génération d’artisans, (…) il a créé un dialogue constructif autour du patrimoine et a construit un nouveau pont de communication. »
Dr. Ahmed Bahi El Din, président du conseil d’administration de la Société égyptienne des traditions populaires

Comment cela a-t-il fonctionné ?

L’initiative comprenait la production d’un livre et d’un site web bilingue présentant les métiers traditionnels inventoriés (voir ci-dessous). Elle a également contribué à la mise en place d’un réseau de jeunes artisans et d’artisans expérimentés, ainsi que d’organisations locales et d’autorités municipales. Conscient de la valeur de ces métiers, le gouvernorat du Caire s’est engagé à organiser des expositions permanentes pour mettre en valeur le talent des artisans traditionnels. Sur la base de cette expérience, plusieurs idées ont émergé pour sauvegarder l’artisanat traditionnel, notamment la création d’une école destinée à attirer les jeunes.

Comment la communauté a-t-elle été impliquée ?

L’un des principaux enseignements de cette initiative est que la communauté artisanale est la mieux placée pour proposer des stratégies efficaces de sauvegarde de son patrimoine. Ses membres ont été impliqués non seulement en tant que bénéficiaires, mais aussi en tant que guides essentiels.

Dès le départ, trois représentants des artisans ont été nommés au sein d’un comité de pilotage chargé de superviser l’inventaire, aux côtés de l’ESFT et du gouvernorat du Caire. Au cours de la phase de documentation, les artisans ont coproduit les données sur leurs métiers et ont donné leur accord pour l’utilisation de photos et de vidéos montrant leurs compétences et leurs connaissances dans leurs ateliers. Ils ont également joué un rôle essentiel dans la transmission de leur art aux jeunes participants apprentis. Les expositions d’artisanat ont renforcé leur fierté en leur offrant une plateforme pour présenter leurs compétences au public et démontrer les processus complexes qui sous-tendent leur travail. Ces événements ont également permis aux artisans d’exprimer leurs préoccupations, leurs besoins et leurs aspirations en matière de sauvegarde de l’artisanat traditionnel dans le Caire historique, en veillant à ce que leurs points de vue soient pris en compte tout au long du processus.

Contacts pour partager des expériences

Société égyptienne des traditions populaires (ESFT)
47 Soliman Gohar st., Giza, Le Caire, Égypte
Langues de contact : arabe et anglais
+ 2037624409
gadelmola@hotmail.com

La Société égyptienne des traditions populaires a donné son accord à l’UNESCO pour partager cette bonne expérience de sauvegarde.

Pour en savoir plus

  • Publication ‘National capacity building on inventorying ICH in the Arab Republic of Egypt’
Cover - National capacity building on inventorying the intangible cultural heritage in the Arab Republic of Egypt
Cover - National capacity building on inventorying the intangible cultural heritage in the Arab Republic of Egypt
© UNESCO

Download publication: anglais

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