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- Vanuatu
Architecture autochtone et renforcement des savoirs à Vanuatu
1. Domaines du PCI
Traditions et expressions orales, pratiques sociales, événements festifs, savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel2. Brève description
Les nakamals sont des lieux de réunions traditionnels pour les Chefs et d’autres dirigeants communautaires à Vanuatu et jouent un rôle fondamental dans l’accueil des sessions du tribunal coutumier et des cérémonies. Au sens littéral, le terme nakamal signifie « la maison des hommes » et désigne un bâtiment assez long composé de différentes sections qui symbolisent les principales divisions en matière de rang ou de statut. Le nakamal est généralement le bâtiment le plus imposant du village et offre aujourd’hui un espace à la communauté pour qu’elle puisse y mener ses activités. Par exemple, la transmission du savoir du village – par conséquent, les nakamals sont à la fois l’expression et le forum d’expression d’une grande partie du patrimoine culturel immatériel fondamental de la communauté. Les nakamals sont généralement construits avec des matériaux de construction locaux en suivant des techniques de construction traditionnelles. En raison de leur conception (leur toit atteignant généralement le niveau du sol), ils peuvent résister à des vents très puissants et des conditions cycloniques, et offrent une protection renforcée contre les vents puissants.
Pour aller plus loin :
L’UNESCO a apporté son soutien à la préservation de l’architecture traditionnelle de la région, et notamment à un projet de Vanuatu visant à documenter les meilleures pratiques de sauvegarde pour encourager la revitalisation des savoir-faire autochtones en matière de construction et faire en sorte que les nakamals continuent d’exister en tant que dispositif de prévention des risques de catastrophes. Ce projet a contribué à la cohésion sociale et au développement durable au sein de la communauté autochtone de Vanuatu et a accru la sensibilisation à l’importance culturelle de ces bâtiments. Pour plus d’informations, consulter :
Centre culturel de Vanuatu. 2017. Safeguarding Indigenous Architecture in Vanuatu. (En français : La sauvegarde de l’architecture autochtone à Vanuatu). Rapport final sur les recherches menées dans le cadre d’une évaluation des besoins post-http://unesdoc.unesco.org/images/0024/002481/248144e.pdf
Pour en savoir plus sur l’efficacité des nakamals de Vanuatu, consulter :
Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNISDR). 2015. Les savoirs locaux sauvent des vies à Vanuatu. https://www.unisdr.org/archive/45870
3. Lien avec le développement durable
Les nakamals sont des lieux de réunion traditionnels pour les Chefs et d’autres dirigeants communautaires à Vanuatu. Ils jouent un rôle fondamental en matière de kastom (coutume/culture). Les nakamals sont généralement les bâtiments les plus imposants du village et accueillent différentes fonctions liées au kastom, comme la gouvernance, les sessions des tribunaux et d’autres cérémonies. Ces bâtiments constituent le cœur de la société du village en raison de leur rôle dans la maintien de la paix et de l’unité, ce qui fait donc écho à l’Objectif de développement durable n 11 visant à rendre les établissements humains ouverts à tous, sûrs, résilients et durables, ainsi qu’à l’Objectif de développement durable n 16, axé sur la promotion de la paix, de la justice et d’institutions efficaces. Cela reflète également l’Objectif de développement durable n 12 sur la consommation et la production durables, en raison de l’utilisation durable de matériaux locaux dans la construction de ces bâtiments.
L’importance du rôle que peuvent jouer les savoirs locaux dans l’amélioration de la prévention et de l’état de préparation face aux catastrophes est de plus en plus reconnue par les spécialistes, en particulier depuis le tsunami qui a frappé l’océan Indien en 2004. Ceci fait écho à l’Objectif de développement durable n 13, qui vise entre autres à renforcer la résilience et les capacités d’adaptation aux aléas climatiques et aux catastrophes naturelles liées au climat.
4. Questions de réflexion
La viabilité des nakamals et des nimaletens est menacée par plusieurs défis, notamment la prolifération de matériaux et de techniques de construction importés, le manque de reconnaissance de l’intérêt de ce patrimoine tant par les communautés que par les décideurs politiques, la pénurie de matières premières et l’absence des ressources nécessaires à la rénovation ou à la reconstruction des nakamals.
Des recherches ont été menées sur des préoccupations autochtones concernant l’autosuffisance, la continuité culturelle et l’incidence de la transition vers une économie monétaire, de l’éducation et des modes de vie à l’occidentale et de l’exode rural sur les connaissances traditionnelles liées à l’observation météorologique et climatique. Voir par exemple les recherches d’Ainka Granderson, qui s’intéressent aux communautés autochtones et montrent que les valeurs et les modes de gouvernance traditionnels autorisent souplesse et action collective – renforçant leurs capacités d’adaptation mais pouvant aussi favoriser les attitudes conservatrices et limiter l’assimilation des nouvelles informations et pratiques.
Granderson, A.A. 2017. The role of traditional knowledge in building adaptive capacity for climate change: perspectives from Vanuatu. (En français : Le rôle des savoirs traditionnels dans le renforcement des capacités d’adaptation au changement climatique : perspectives de Vanuatu). Bulletin of the American meteorological society. Vol.9, pp. 545-561. https://journals.ametsoc.org/doi/pdf/10.1175/WCAS-D-16-0094.1
Comment les communautés peuvent-elles sauvegarder leurs connaissances traditionnelles de manière dynamique, en faisant face et en s’adaptant à l’évolution de leur environnement ?
Connaissez-vous des exemples où les communautés doivent faire face à des défis pour sauvegarder leurs connaissances et pratiques traditionnelles ?