• Thaïlande
  • 8 - Travail décent et croissance économique

La teinture naturelle et le tissage de la soie dans la province de Surin, Thaïlande

A silk weaver in Surin Province, Thailand
© “Thai Silk Weaving 3 - Ban Tha Sawang” by JJ Harrison is licensed under CC BY-SA 3.0

1. Domaine du PCI 

Savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel

2. Brève description

Les soieries fabriquées dans la province de Surin, dans le nord-est de la Thaïlande, aux tons vifs comme des bijoux, sont réputées dans tout le pays pour leurs motifs matmee/ikat complexes aux couleurs chatoyantes obtenues en utilisant des teintures naturelles comme l’indigo, le stick-lac (résine sécrétée par des insectes et que l’on trouve sur des arbres) et d’autres substances d’origine végétale.

À l’échelle locale, la beauté et la signification des soies sont accrues par le rôle qu’elles jouent dans les rituels et les cérémonies au sein des communautés khmère, kui et thaï-lao de Surin. Tissées dans la région depuis plus de 1 000 ans, les soieries étaient traditionnellement des cadeaux stratégiques de tributaires échangés entre les royaumes. Ils conféraient un rang et un statut et incarnaient la hiérarchie politique et sociale. Avec le temps, des motifs tissés ont été élaborés grâce aux connaissances traditionnelles locales et ces motifs révèlent l’origine ethnique et l’identité du tisserand.

Aujourd’hui, les soies sont fabriquées à Surin dans différentes configurations. Si les connaissances sont encore parfois transmises de génération en génération entre les membres féminins de la famille et/ou de maître à apprenti, on peut aussi étudier les techniques de tissage et de teinture dans les universités, les écoles et par le biais de programmes parrainés par le gouvernement. Certaines personnes tissent et teignent la soie au titre de leur activité principale, tandis que d’autres s’y attellent pour générer un revenu supplémentaire.

Pour aller plus loin :

Les liens suivants décrivent l’histoire et la production contemporaine de soie à Surin :
http://virtual-exhibits.sitthichoke.info/omeka/exhibits/show/traditional-textiles-in-surin-
https://www.tatnews.org/silver-silk-villages-surin/

Lien vers une page décrivant un projet royal qui soutient la production de soie dans le village de Tha Sawang (province de Surin) :
https://thailand.net.au/art-thai-silk-weaving/

Vidéo sur le tissage de la soie à Tha Sawang :
https://www.youtube.com/watch?v=UXbES92Gm4E

    3. Lien avec le développement durable

    Les nombreuses étapes nécessaires à la création d’un tissu de soie – de la plantation de mûriers et de l’élevage de vers à soie au liage de motifs ikat/matmee et à la préparation du montage de la chaîne sur le métier à tisser – offrent de multiples opportunités d’emploi à ceux qui disposent des compétences requises. Certains maîtres tisserands coordonnent toutes les étapes de production au sein de leur atelier, tandis que des membres de coopératives de femmes tisserandes peuvent sous-traiter la teinture ou la confection des motifs à des spécialistes. D’autres réalisent encore eux-mêmes l’ensemble du processus. Ces approches coïncident avec les démarches lancées par les acteurs du royaume et de l’État thaïlandais pour élargir l’accès au marché tout en garantissant également aux producteurs la fabrication de textiles de soie dans de bonnes conditions et leur vente à des prix équitables. Par exemple, tous les week-ends à l’hôtel de ville de Surin, les autorités municipales parrainent un « marché vert » où les tisserands de niveau intermédiaire peuvent vendre leurs soies à la population locale et aux visiteurs. La souplesse et la modularité du système de production, qui permet aux tisserands de diversifier leurs ressources économiques et/ou leurs domaines d’expertise technique pour accéder à des marchés stables et adaptés, illustre l’esprit de l’Objectif de développement durable n 8, qui promeut une croissance économique partagée et durable, le plein emploi et un travail décent pour tous.

    Pour plus d’information sur les efforts du gouvernement thaïlandais pour appuyer le marché de la soie, consulter :
    http://www.nationmultimedia.com/detail/Economy/30249185

      4. Questions de réflexion

      L’exploitation des ressources naturelles liée à la production et à la consommation croissantes de soies à base de teintures naturelles à Surin constitue un risque important. Si, en comparaison des teintures chimiques, les teintures naturelles sont souvent saluées pour leur caractère sûr, sain et respectueux de l’environnement, la surexploitation des colorants a créé une pénurie de certaines substances comme le stick-lac, ce qui a des répercussions sur l’environnement.

      Un autre risque réside dans la marchandisation – et dans l’affaiblissement qui en découle – des valeurs socioculturelles associées aux soieries, comme le décrit l’article suivant intitulé « L’esprit du métier à tisser : la préservation et la marchandisation du patrimoine culturel textile de Surin » :
      http://www.ijih.org/fileDown.down?filePath=10/dtl/7b06107b-940a-4ad0-95cb-9891e98ca4fa&fileName=08 Conserving%20Surin%E2%80%99s%20Textiles.pdf&contentType=volumeDtl&downFileId=566

      Qu’est-il possible de faire à l’échelle communautaire et au niveau politique et programmatique pour appuyer la sauvegarde et la transmission continue de cette pratique de teinture naturelle et de tissage de la soie chez les habitants de la province de Surin ?

      Connaissez-vous d’autres exemples comparables où des compétences spécifiques liées à la teinture et au tissage sont menacées et où des mesures de sauvegarde efficaces ont été mises en place ?

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