Rapport périodique sur la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel

La Convention précise dans son Article 29 que les États parties présentent au Comité des rapports sur les dispositions législatives, réglementaires ou autres prises pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel sur leurs territoires. Cette page présente les rapports périodiques et les échéances pour un pays : Sénégal (voir la situation de tous les États parties).

Les rapports périodiques permettent aux États parties d’évaluer leur mise en œuvre de la Convention et leurs capacités de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, de faire rapport sur leurs inventaires du patrimoine culturel immatériel, et de mettre à jour le statut des éléments inscrits sur la Liste représentative.


Sur la mise en œuvre de la Convention

Chaque État partie soumet son rapport périodique au Comité avant le 15 décembre de la sixième année suivant la date à laquelle il a déposé son instrument de ratification, d’acceptation ou d’approbation, et tous les six ans par la suite.

Rapport soumis en 2023 et à examiner par le Comité en 2024

Rapport soumis le 15/12/2012 et examiné par le Comité en 2013

Résumé

L’organe national en charge de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel est la Direction du patrimoine culturel (DPC), au sein du Ministère de la Culture, qui a établi une Division du patrimoine immatériel. La culture étant une compétence transférée, la DPC intervient par l’intermédiaire de 14 Centres culturels régionaux (CCR) situés dans chacune des régions du pays. Dans le cadre de sa nouvelle politique de développement culturel, le Sénégal accorde une place essentielle au patrimoine culturel immatériel pris en charge par le Programme national pour la promotion de la diversité culturelle lancé en 2013. En vertu de cette nouvelle politique, les CCR sont désormais renforcés et mieux équipés avec du personnel formé aux techniques d’inventaire. Ce personnel jouera un rôle essentiel dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel sous la supervision de la DPC. Il servira d’interface avec les communautés locales qui sont les détenteurs du patrimoine et avec les régions, communes et communautés rurales qui doivent intégrer la dimension culturelle dans leurs plans de développement local.
La DPC dispense une formation spécialisée sur des aspects de la mise en œuvre de la Convention. En ce qui concerne les autres organes participant à la formation à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, il existe trois programmes universitaires de formation des élus locaux et du personnel technique municipal, mis en œuvre avec le soutien d’une organisation non gouvernementale basée à Paris, l’Association internationale des maires francophones (AIMF). Ces trois formations sont dispensées par l’École nationale des arts (ENA), l’Institut supérieur des arts et de la culture (ISAC) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et l’Unité de formation et de recherche des civilisations, religions, arts et communication (UFR-CRAC) de l’Université Gaston Berger de Saint Louis.
La documentation est recueillie et/ou conservée dans des collections par la DPC, les Archives nationales du Sénégal et deux institutions scientifiques, à savoir l’ISAC et l’UFR-CRAC qui ont créé des instituts et des départements dédiés à la recherche dans le domaine du patrimoine culturel. En outre, les étudiants sont encouragés à entreprendre des travaux de recherche dans ce domaine. Les institutions susmentionnées sont toutes publiques et sont donc ouvertes aux chercheurs, étudiants, organisations non gouvernementales et toute personne qui souhaitent avoir accès aux informations sur le patrimoine culturel immatériel.
S’agissant de l’inventaire, une campagne nationale de collecte des traditions orales a été entreprise sous l’égide de la Direction des archives culturelles de 1970 à 1984. Il s’agissait bien d’un inventaire quoique dressé sous un format différent de celui envisagé par la Convention. L’inventaire a été dressé dans chaque région et a enregistré les éléments les plus importants mais également les plus menacés. Les informations ont été répertoriées dans des catalogues, au coté des supports audiovisuels, et incluses dans une base de données à la DPC. Cette base de données a contribué à l’organisation d’expositions, la réalisation de documentaires et la préparation de dossiers de candidature (p. ex. pour l’élément Xooy). De 2004 à 2005, un inventaire spécifique des cinq expressions culturelles (Xooy, Kankurang, Gumbe, Yeela et le rite traditionnel du tatouage) a été réalisé afin de préparer des dossiers de candidature pour le programme des chefs d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité.
En 2011, la procédure de réalisation d’un inventaire du patrimoine culturel immatériel national a été lancée avec un atelier de formation organisé par la DPC à l’intention des 14 CCR et destiné à mettre à jour les informations déjà collectées. Un projet pilote a été mis en œuvre avec le patrimoine culturel immatériel des peuples de l’eau, en particulier les Lebu de la région de Dakar. Le Ministère cherche désormais des moyens pour réaliser cette tâche. Les régions, communes et communautés rurales sont en mesure de préparer les inventaires de leurs localités mais avec le soutien technique de la DPC qui est l’organe national responsable de cette procédure. Tous ces inventaires ont fait l’objet d’un consensus parmi les populations locales et ont reçu la bénédiction des chefs traditionnels qui ont défini les règles et désigné les personnes ressources appropriées pour le travail de terrain. Enfin, en février 2013, le Ministère de la Culture a lancé le Programme national de promotion de la diversité culturelle avec la collecte de données et la documentation des dix expressions les plus significatives de chacun des 45 départements du Sénégal. À l’heure de la rédaction du présent rapport, sept régions ont achevé ce travail.
En ce qui concerne les mesures prises pour intégrer la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel dans les programmes de planification et de développement, dans le cadre de sa Stratégie de réduction de la pauvreté, l’État a inscrit la culture (sous la forme d’une Grappe TICA : Tourisme, Industries culturelles et Artisanat) comme l’un des quatre vecteurs de croissance accélérée. La nouvelle thématique « Culture et développement » est en train de devenir un important levier des politiques de développement local. C’est dans cette perspective que les thèmes de la sensibilisation et de l’information ont été intégrés aux ateliers organisés dans le cadre du projet « Patrimoine culturel et développement local ». Avec la coopération de l’AIMF, ces ateliers sont destinés aux élus locaux et visent à aider les régions, les communes et les communautés rurales à identifier, reconnaître et sauvegarder leur patrimoine culturel immatériel.
Parmi les mesures destinées à diffuser le patrimoine culturel immatériel, soutenir sa transmission et sensibiliser le public, la DPC organise tous les ans les Journées nationales du patrimoine qui visent à rendre la population dans son ensemble, et les jeunes en particulier, plus conscients des valeurs du patrimoine culturel immatériel et de la nécessité de le sauvegarder. Un arrêté ministériel (de 2006) institue la reconnaissance des Trésors humains vivants afin de sauvegarder la transmission des connaissances et savoir-faire traditionnels. Cinq Trésors humains vivants ont été distingués par cette reconnaissance nationale et leur célébration a été saluée par une grande adhésion des populations.
En ce qui concerne la coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale, la Commission nationale du Sénégal pour l’UNESCO a organisé un séminaire sous-régional sur le patrimoine culturel immatériel en 2004. Le Sénégal participe régulièrement aux activités du Fonds du patrimoine mondial africain créé afin d’améliorer la représentativité du patrimoine culturel et naturel africain sur la Liste du patrimoine mondial. Tous ses modules de recherche et de formation sur les sites africains accordent une place fondamentale au patrimoine culturel immatériel qui étaye la signification culturelle de ces sites. L’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) a mis en place plusieurs programmes culturels dans une dynamique communautaire (p. ex. des programmes sur la sauvegarde et la conservation des archives audiovisuelles et sur le soutien aux industries culturelles). Un réseau des professionnels du patrimoine et des conservateurs de musées a été créé sous l’égide de l’École du patrimoine africain (EPA), il constitue une importante communauté d’experts en Afrique de l’Ouest.
Le Kankurang, rite d’initiation mandingue a été incorporé dans la Liste représentative en 2008 (après avoir proclamé chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité en 2005). Sa proclamation et son inscription ont incité d’autres groupes ethniques à obtenir la reconnaissance de leur propre patrimoine culturel immatériel et à se plaindre auprès de l’État que leur patrimoine n’ait pas été sélectionné. Cela a permis de sensibiliser ces communautés à une meilleure sauvegarde de leur patrimoine culturel immatériel avec l’espoir d’une future candidature. Mis en œuvre avec le soutien du Fonds en dépôt japonais UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, le Plan d’action pour la sauvegarde du Kankurang, rite d’initiation mandingue (2007-2010) a eu pour objectif d’améliorer la sauvegarde et la promotion de l’élément. Bien que les détenteurs et les communautés locales sauvegardent eux-mêmes le Kankurang avec une structure traditionnelle qui n’autorise pas d’intervention extérieure, un Comité de gestion a été mis en place (dans le cadre du Plan d’action) afin d’assurer la sauvegarde adéquate de l’élément. Le présent rapport se fonde sur les plus récents rapports d’évaluation établis pour le Plan d’action et sur une consultation des représentants du Comité local de Mbour.

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