Décision du Comité intergouvernemental : 7.COM 10.7

Le Comité

  1. Prend note que le Pakistan a demandé une assistance internationale d’un montant de 48 000 dollars des États-Unis pour la sauvegarde du patrimoine immatériel de la province de Khyber Pukhtoonkhwa au Pakistan:

Ces dernières années ont été le théâtre d’une recrudescence de menaces croissantes pour le patrimoine culturel immatériel de la province de Khyber Pukhtoonkhwa au nord-ouest du Pakistan, liées aux actions des fondamentalistes qui ne tolèrent pas les arts du spectacle. Ce projet, entrepris par le Conseil national des arts du Pakistan, vise à sauvegarder et revivifier les arts scéniques dans la province et aider les artistes déplacés à se rapatrier et se réinstaller dans la région. Parmi les activités majeures envisagées figurent la production et la diffusion de matériel audio-visuel sur les arts du spectacle ; l’organisation de grands concerts dans les grandes villes ; la création de concours annuels de musique et de théâtre entre les écoles pour sensibiliser à l’importance de ce patrimoine culturel immatériel et encourager les interprètes talentueux ; l’aide financière à quarante artistes dans le besoin et l’organisation d’une formation pour les fonctionnaires culturels. Ces derniers seraient en mesure de traiter les problèmes des artistes locaux, mais aussi de trouver des lieux pour se produire, et ils serviraient de pont entre les artistes et les autorités culturelles. Le Conseil national des arts du Pakistan s’attacherait aussi à créer une union nationale des artistes en activité dans le domaine de leur choix et s’efforcerait de défendre leurs droits par la mise en œuvre effective d’une protection des droits de propriété intellectuelle.

  1. Décide que, d’après l’information fournie dans le dossier n  00556, la demande répond aux critères d’octroi d’assistance internationale définis dans les paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles comme suit :

A.1 :  La participation active des différentes communautés de la province de Khyber Pukhtoonkhwa dans la préparation de la demande et leur participation active future à la mise en œuvre des activités proposées, au-delà de leur statut de bénéficiaires, n’ont pas été démontrées avec assez de détail ;

A.2 :  Bien que le budget soit clairement structuré, les responsabilités financières spécifiques respectives de l’État demandeur et de l'UNESCO ne sont pas distinguées ; certains coûts semblent être sous-estimés ou non inclus, alors qu’ils concernent des composantes essentielles du projet, et aucune explication n’est fournie pour l’utilisation des recettes générées au cours du projet ;

A.3 :  Malgré les intentions louables de l’État partie, la demande n’identifie pas clairement quel patrimoine culturel immatériel doit être sauvegardé par les activités proposées, et il est donc difficile d’évaluer leur pertinence ; leur faisabilité nécessite également d’être mieux démontrée ainsi que la stratégie de mise en œuvre du Conseil national des arts du Pakistan, compte tenu en particulier du contexte d’insécurité dans la province de Khyber Pukhtoonkhwa ;

A.4 :  La durabilité du projet dépend partiellement de facteurs indépendants du contrôle de l’État demandeur ; la nature occasionnelle d’un certain nombre d’activités ponctuelles telles que des concerts ou des concours ne semble pas adéquate de contribuer à un processus plus large de consolidation de la paix qui est essentiel pour assurer la pérennité du projet ;

A.5 :  L’État partie partage à parts égales avec le Fonds du patrimoine culturel immatériel le coût des activités proposées bien que les responsabilités financières spécifiques respectives de l’État demandeur ne soient pas distinguées de celles de l’UNESCO ;

A.6 :  La demande n’aborde pas le renforcement durable des capacités des artistes de la scène et des agents culturels dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel ; une assistance financière ponctuelle aux artistes dans le besoin, aussi importante soit-elle, ne constitue pas un renforcement des capacités ;

A.7 :  L’État partie n’a pas reçu d’assistance financière préalable du Fonds du patrimoine culturel immatériel ;

10(a) :   Le projet est de portée nationale et impliquerait des partenaires d’exécution nationaux ;

10(b) :   Alors que l’apport d’une assistance technique et financière est prévue par l’État demandeur au-delà de la fin du projet, des contributions d’autres sources pourraient être difficiles à obtenir compte tenu de la situation sécuritaire dans la région et des dangers auxquels sont confrontés les artistes du spectacle ;

  1. Décide de ne pas approuver la demande et invite l’État partie à soumettre une demande révisée qui réponde de manière plus complète aux critères de sélection et aux considérations qui figurent dans la présente décision ;
  2. Salue l’initiative et l’engagement de l’État partie ainsi que sa reconnaissance du rôle important que le patrimoine culturel immatériel peut jouer dans la protection de la liberté d’expressions culturelles ;
  3. Note la situation difficile à laquelle fait face la population de la Province de Khyber Pukhtoonkhwa et note en outre que ce sont les personnes elles-mêmes qui font face à des menaces graves et pas seulement leur patrimoine culturel immatériel ;
  4. Recommande que l’État partie associe pleinement les communautés de praticiens dans la préparation de la demande ainsi que dans la planification et la mise en œuvre des activités, et non pas seulement en tant que bénéficiaires d’une assistance financière ou participants à des événements ponctuels ;
  5. Encourage l’État partie à identifier clairement, avec la participation la plus large possible de la communauté, le patrimoine culturel immatériel pour lequel une assistance financière est requise et à développer des mesures de sauvegarde bien conçues et réalisables visant à soutenir la pratique et la transmission du patrimoine culturel immatériel sur le moyen et le long termes ainsi qu’à promouvoir sa reconnaissance par la société comme source précieuse d’identité et de continuité.

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