Le Comité
- Prend note que la République centrafricaine a demandé une assistance internationale d’un montant de 170 000 dollars des États-Unis pour l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la République centrafricaine:
La République centrafricaine regorge d’un potentiel culturel riche et multiforme en matière de patrimoine immatériel qui demeure quasiment inexploité car ses ressources sont insuffisamment inventoriées, organisées, structurées, mobilisées et valorisées. De plus, ce patrimoine se trouve en péril du fait de la déperdition des savoirs, des savoir-faire et des talents suite à la disparition et au délaissement des détenteurs dans les communautés concernées. C’est dans ce contexte que la République centrafricaine a entrepris un pré-inventaire pour identifier et lister les expressions et éléments représentatifs du patrimoine culturel immatériel du pays. La mise en œuvre intégrale de ce projet d’inventaire à l’échelle nationale constituerait une mesure de sauvegarde effective pour ces éléments. Elle comprendrait la création d’une base de données grâce à une approche anthropologique et participative, l’identification des menaces contribuant à la dévalorisation de ces éléments patrimoniaux, la détermination des actions idoines pour les revitaliser et la diffusion des résultats de l’inventaire. À cet égard, le projet envisage de lancer des missions de terrain pour l’inventaire et la collecte des savoirs, des ateliers de formation pour les agents de terrain et les acteurs locaux, et la création d’une banque de données et d’un plan de sauvegarde et de revitalisation de chaque élément. Le projet prévoit également une phase de sensibilisation à l’intention du public en général et des communautés et groupes concernés.
- Décide que, d’après l’information fournie dans le dossier n 00595, la demande répond aux critères d’octroi d’assistance internationale définis dans les paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles comme suit :
A.1 : Les communautés bénéficiaires ont été informées de la préparation de la demande et de l’importance de sauvegarder leur patrimoine culturel immatériel et les leaders de la communauté se sont engagés à participer à la mise en œuvre de l’inventaire en tant que personnes-ressources locales ;
A.2 : La pertinence du montant demandé ne peut être évaluée en raison de divergences entre la ventilation du budget et les activités et le calendrier proposés ; un nombre important de dépenses nécessite d’être plus détaillé afin de fournir une justification suffisante ; les coûts spécifiques à prendre en charge respectivement par l’État demandeur et le Fonds du patrimoine culturel immatériel ne sont pas distingués ;
A.3 : Les activités ne sont pas suffisamment explicitées dans le budget et le calendrier ; leur logique requiert d’être justifiée en relation avec les résultats attendus ; la méthodologie pour le travail de terrain et le traitement des données recueillies n’est pas expliquée, pas plus que les responsabilités des différents acteurs ;
A.4 : Le travail d’inventaire pourrait aider à orienter l’élaboration de plans de sauvegarde pour des éléments spécifiques, encourager la transmission des connaissances et savoir-faire associés et contribuer à une politique de sauvegarde pour le patrimoine culturel immatériel ; cependant la durabilité du projet proposé ne peut pas être déterminée, en particulier du fait qu’elle dépend presque entièrement du financement du Fonds du patrimoine culturel immatériel et qu’il n’y a pas d’engagement clair de futures ressources de l’État pour maintenir et mettre à jour l’inventaire ou pour mettre en œuvre d’autres politiques et plans de sauvegarde ;
A.5 : Le détail des coûts spécifiques à prendre en charge par le Fonds du patrimoine culturel immatériel et l’État demandeur, y compris sa contribution en nature, n’est pas fourni ;
A.6 : Les nombreux ateliers prévus peuvent favoriser l’interactivité entre les professionnels et les experts du patrimoine d’une part et les détenteurs du patrimoine culturel immatériel d’autre part, ce qui pourrait avoir un impact positif sur les capacités de toutes les parties prenantes ;
A.7 : L’État partie a reçu une aide financière du Fonds-en-dépôt UNESCO/Japon pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel pour un projet de coopération intitulé « Plan d’action pour la sauvegarde et la promotion des traditions orales des pygmées Aka de la République centrafricaine et de la République du Congo », incorporé dans la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel en 2008 ; il a également reçu le soutien de l’UNESCO pour mener une mission d’inventaire du patrimoine culturel immatériel dans l’Ombella Mpoko ; les travaux prévus dans les contrats liés à ces projets ont été réalisés avec succès et les contrats ont été dûment honorés conformément au règlement de l’UNESCO ;
10(a) : Le projet est de portée nationale et impliquerait des partenaires d’exécution nationaux ;
10(b) : La demande n’aborde pas clairement la manière dont l’assistance pourrait stimuler la contribution financière et technique de l’administration centrale, des municipalités locales ou d’autres sources, évoquant seulement en termes vagues une assistance future potentielle ;
- Décide de ne pas approuver la demande et invite l’État partie à soumettre une demande révisée qui réponde de manière plus complète aux critères de sélection et aux considérations qui figurent dans la présente décision ;
- Note avec préoccupation les circonstances difficiles auxquelles font face les détenteurs du patrimoine culturel immatériel en République centrafricaine, dont la survie même dans une situation de conflits fréquents est menacée, ainsi que leurs connaissances et leurs pratiques ;
- Félicite l’État partie pour sa reconnaissance de l’importance de dresser des inventaires en vue de soutenir la pratique et transmission futures du patrimoine culturel immatériel ;
- Recommande que l’État partie justifie plus clairement la sélection des communautés participant au projet et définisse les contributions respectives des membres de la communauté et des experts, tout en reconnaissant pleinement le rôle essentiel que les communautés jouent déjà dans la sauvegarde de leur propre patrimoine ;
- Recommande en outre que l’État partie décrive plus en détail les activités prévues pour l’élaboration de l’inventaire, notamment la méthodologie de travail sur le terrain, de collecte et de traitement de données et de diffusion des résultats, tout en assurant une cohérence entre les objectifs à moyen terme et les activités ainsi qu’une stricte adéquation entre les activités proposées, leur calendrier et leurs coûts envisagés ;
- Encourage l’État partie à mobiliser ses efforts pour répondre aux besoins de documentation exprimés par les communautés et à établir un mécanisme de coordination efficace avec ses partenaires universitaires nationaux en les faisant participer pleinement à l’élaboration de l’inventaire et d’envisager une coopération régionale ou internationale dans la mise en œuvre de l'inventaire ;
- Invite l’État partie à veiller à la qualité linguistique et rédactionnelle de la demande tout en fournissant des informations détaillées et précises afin de permettre une évaluation de la pertinence des activités proposées par rapport aux lacunes qu’elles sont censées combler.