Décision du Comité intergouvernemental : 6.COM 8.3

Le Comité

  1. Prend note que le Brésil a proposé la candidature du Yaokwa, rituel du peuple Enawene Nawe pour le maintien de l’ordre social et cosmique en vue de son inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, décrit comme suit :

Les Enawene Nawe vivent au bord du fleuve Juruena, dans la forêt pluviale du sud de l’Amazonie. Ils accomplissent le rituel du Yaokwa tous les ans durant la saison sèche afin d’honorer les esprits Yakairiti et maintenir ainsi l’ordre social et cosmique au sein de leurs différents clans. Le rituel rattache la biodiversité locale à une cosmologie complexe et symbolique qui relie les domaines distincts et cependant inséparables que sont la société, la culture et la nature. Il fait partie de leurs activités quotidiennes et dure sept mois, durant lesquels les clans assument des responsabilités en alternance : un groupe se lance dans des expéditions de pêche dans toute la région, pendant qu’un autre prépare des offrandes de sel gemme, de poissons et de mets rituels pour les esprits, joue de la musique et danse. Le rituel mêle des savoirs liés à l’agriculture, à la transformation de la nourriture, à l’artisanat (costumes, outils et instruments de musique), à la construction des maisons et des barrages de pêche. Le Yaokwa et la biodiversité locale qu’il célèbre représentent un écosystème extrêmement délicat et fragile, dont la continuité dépend directement de la conservation de ce dernier. Cependant, tous deux sont aujourd’hui gravement menacés par la déforestation et des pratiques invasives comme l’exploitation minière et forestière, l’élevage extensif du bétail, la pollution de l’eau, la dégradation du cours supérieur des fleuves, l’urbanisation anarchique, la construction de routes, de voies fluviales et de barrages, l’assèchement et le détournement des cours d’eau, les feux de forêt ainsi que la pêche illégale et le commerce d’espèces sauvages.

  1. Décide que, d’après l’information fournie dans le dossier de candidature n 00521, le Yaokwa, rituel du peuple Enawene Nawe pour le maintien de l’ordre social et cosmique satisfait aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :

U.1 :  Le rituel Yaokwa constitue un pilier de la vie et de l’univers du peuple Enawene Nawe, et toute la société, y compris ses membres les plus jeunes, est engagée dans cette pratique et dans sa transmission ;

U.2 :  L’État soumissionnaire a identifié les menaces qui pèsent sur la viabilité du rituel Yaokwa, en particulier ceux qui visent le territoire et l’éco-système du peuple Enawene Nawe dont l’existence est nécessaire pour exprimer le patrimoine culturel immatériel ;

U.3 :  Les mesures présentées par l’État visent d’une part à renforcer la protection de l’environnement du peuple Enawene Nawe et, d’autre part, à renforcer leurs capacités matérielles, financières et organisationnelles pour leur fournir les moyens de gérer et protéger leur territoire et défendre leurs intérêts de manière plus autonome ;

U.4 :  La communauté Enawene Nawe a activement participé au processus de candidature et a fourni la preuve de son consentement libre, préalable et éclairé ;

U.5 :  Le rituel Yaokwa a été reconnu par l’Institut national du patrimoine historique et artistique (IPHAN) à l’initiative du peuple Enawene Nawe comme un patrimoine culturel immatériel brésilien en novembre 2010.

  1. Inscrit le Yaokwa, rituel du people Enawene Nawe pour le maintien de l’ordre social et cosmique sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Invite l’État partie à faire en sorte que les mesures de sauvegarde portant sur la protection du territoire du peuple Enawene Nawe soient plus pleinement associées à des mesures concernant les aspects de patrimoine culturel immatériel du Yaokwa ;
  3. Invite en outre l’État partie à détailler le plan de sauvegarde de manière à clairement définir les dépenses, délimiter les responsabilités et assurer la pleine participation de la communauté ;
  4. Invite enfin l’État partie à soumettre un rapport sur la mise en œuvre de ces mesures pour examen par le Comité à sa huitième session, conformément au paragraphe 161 des Directives opérationnelles.

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