Le Comité
- Prend note que la Suisse et l’Autriche ont proposé la candidature de la gestion du danger d’avalanches (n 01380) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
La gestion du danger d’avalanches a façonné l’identité des populations alpines confrontées chaque hiver à la menace que constituent les avalanches pour les habitants, les touristes, les moyens de communication et autres infrastructures vitales. Les Alpes étant densément peuplées, le phénomène des avalanches est une préoccupation majeure et une responsabilité collective des communautés. Depuis des siècles, habitants et montagnards ont développé des savoirs empiriques locaux, des stratégies de gestion et d’évitement des risques ainsi que des pratiques culturelles pour se prémunir du danger que représentent les avalanches. De nos jours, des outils modernes tels que des instruments de mesure et une cartographie des risques constituent des compléments aux savoirs traditionnels que les détenteurs continuent de développer et d’adapter sur le terrain. L’élément est enraciné dans la culture du quotidien des communautés et souligne l’importance de la solidarité en situation de crise. L’évaluation des risques d’avalanche requiert une connaissance approfondie de la nature, en particulier du terrain, de la neige, des conditions météorologiques et des avalanches passées. Si ces connaissances étaient auparavant transmises oralement, elles sont désormais le fruit d’un processus dynamique qui associe le savoir empirique et l’expérience pratique : les transferts de connaissances se font de la science vers la pratique et du terrain vers la recherche. De nombreuses activités de formation sont proposées, et les personnes intéressées ont accès à une grande diversité de sources d’informations telles que bulletins d’avalanches, médias, aide-mémoire, sites web, manuels et expositions.
- Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.1 : Le dossier de candidature démontre que la gestion du danger d’avalanches constitue un patrimoine culturel immatériel et, en faisant partie de la vie des communautés locales, leur apporte un sentiment d’identité, en plus de servir diverses fonctions sociales et culturelles. L’élément est principalement transmis de manière institutionnelle via les instituts de recherche, les services de météorologie, les autorités locales et les musées. La diffusion informelle des connaissances continue toutefois à jouer un rôle important à l’échelle locale. L’effort collectif renforce le sentiment d’appartenance à une communauté dont la survie dépend de sa capacité à répondre collectivement à des problèmes, ce qui encourage la création de liens étroits entre les différents groupes sociaux.
R.2 : Le savoir-faire requis pour vivre dans un environnement hostile et les connaissances relatives aux risques naturels et à leur prévention sont des aspects importants du patrimoine culturel immatériel qui seraient mis en avant par l’inscription de l’élément. Celle-ci attirerait aussi davantage l’attention sur les aspects culturels de la prévention des risques naturels et renforcerait les liens entre le patrimoine culturel immatériel et les sciences naturelles en rappelant en outre que les nouvelles technologies et la recherche scientifique viennent compléter les connaissances empiriques et les réalités locales. Les contacts avec les communautés confrontées à des dangers similaires, ou d’autres, pourraient aussi en être renforcés. L’élément étant étroitement lié au contexte local, son inscription encouragerait par ailleurs le respect de la diversité culturelle et de la créativité humaine.
R.3 : Les mesures de sauvegarde proposées, sous forme d’engagements concrets, sont clairement décrites. Elles seront mises en œuvre par la société civile et les autorités nationales et régionales et s’appuieront sur l’engagement existant de bénévoles et de professionnels des deux pays et de toutes les strates de la société. Les mesures de sauvegarde reflètent différents aspects de l’élément relatifs aux connaissances et aux pratiques de gestion du danger d’avalanches et à sa dimension culturelle. La législation nationale des deux pays intègre des règlementations relatives à la gestion des avalanches et les deux États parties travailleront en étroite collaboration pour sauvegarder l’élément. Des détenteurs de connaissances, souvent membres d’institutions et d’organisations directement et constamment impliquées dans la pratique de l’élément, ont participé à la préparation des mesures de sauvegarde.
R.4 : Les deux États parties ont préparé le dossier de candidature en étroite collaboration avec les communautés et parties prenantes concernées. Les détenteurs et praticiens autrichiens et suisses de l’élément ont rencontré des experts nationaux à plusieurs reprises pour évoquer le dossier de candidature dans leurs pays respectifs. En 2016 et 2017, deux réunions conjointes ont été organisées en Suisse afin d’échanger des opinions et des idées, de renforcer les liens et de valider la version définitive du dossier. Le consentement libre, préalable et éclairé a été obtenu par le biais d’un partage des informations au sein des réseaux de praticiens à différents niveaux.
R.5 : L’élément est inclus dans la liste des traditions vivantes en Suisse (2012) et dans la liste nationale du patrimoine culturel immatériel d’Autriche (2016) qui sont respectivement gérées par l’Office fédéral de la culture et la Commission autrichienne pour l’UNESCO. Les deux inventaires nationaux, la participation des communautés dans le processus d’inventaire et les procédures de mise à jour sont clairement expliqués.
- Inscrit la gestion du danger d’avalanches sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.