Le Comité
- Prend note que la Hongrie a proposé le concept Kodály, sauvegarde du patrimoine musical traditionnel (n 01177) pour sélection et promotion par le Comité en tant que programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et les objectifs de la Convention :
Au cours du siècle dernier, le concept Kodály, qui vise à sauvegarder la musique populaire traditionnelle, a contribué à la promotion, à la transmission et à la documentation des pratiques locales en Hongrie ainsi que dans des communautés de l’étranger. Mis au point par le chercheur, compositeur et professeur Zoltán Kodály et soutenu par l’Académie hongroise des sciences, ses objectifs sont : de rendre accessible à tous la musique populaire traditionnelle grâce au système éducatif et aux organismes publics, d’enseigner la musique, d’encourager les communautés concernées à utiliser quotidiennement leur musique, de faire des recherches et de les documenter à l’aide de stratégies locales et internationales, d’assurer la coexistence entre recherche, éducation, culture générale et composition, et de respecter toutes les traditions musicales. Le concept est intégré aux programmes scolaires depuis 1945. Les élèves du primaire, du secondaire et du tertiaire apprennent ainsi des chants, découvrent leur importance et sont encouragés à y prendre part. Ce concept a également permis de documenter la musique traditionnelle avec la participation de ses détenteurs, de groupes publics et d’instituts culturels tels que l’Institut de musicologie (qui détient 15 000 heures d’enregistrement de musiques populaires et 200 000 mélodies de plus d’un millier de localités), l’Institut Kodály et la Société internationale Kodály, qui se chargent aussi de faire connaître le concept à l’étranger par le biais de programmes éducatifs auxquels ont déjà participé plus de 60 pays. Ce concept de sauvegarde a également incité des artistes à intégrer la musique populaire dans leurs compositions.
- Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier, le programme répond comme suit aux critères énoncés au paragraphe 7 des Directives opérationnelles concernant la sélection au titre de meilleure pratique de sauvegarde :
P.1 : Le dossier présente le concept Kodály, sauvegarde du patrimoine musical traditionnel ainsi que certaines des raisons qui ont conduit Zoltán Kodály à mettre au point cette méthode pédagogique. Il s’agit d’activités de recherche, documentation, préservation et publication de la musique populaire des communautés, ainsi qu’un ensemble de mesures de sauvegarde directement destinées à assurer la viabilité de ce patrimoine musical en particulier à travers l’éducation formelle et non formelle. La méthode rend disponible à une large audience le matériel musical populaire collecté de manière systématique et traité scientifiquement, comprenant bien entendu les détenteurs. Le matériel musical populaire collecté est intégré dans les programmes éducatifs locaux et nationaux et contribue ainsi à préserver les formes de musique traditionnelle et à assurer la viabilité des pratiques communautaires. Elle contribue ainsi à la sauvegarde de la musique populaire au sein de ses communautés détentrices ainsi que de la société en général, et elle assure également la transmission des compétences et des connaissances au sein de ces communautés.
P.2 : Le dossier indique que l’Institut Kodály s’occupe de la diffusion de cette méthode. En 40 ans d’existence, 4 000 experts étrangers venant de 60 pays y ont suivi une formation. La Société internationale Kodály possède des établissements membres dans 16 pays et des professeurs de musique hongrois voyagent dans le monde entier pour apprendre ou présenter le concept Kodály. Il apparaît clairement que le concept est devenu un modèle pédagogique très répandu, appliqué à une palette de répertoires musicaux traditionnels. Il a promu la coordination des efforts de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au niveau international, en particulier à travers la manière dont les répertoires musicaux traditionnels sont collectés, documentés et transmis par le système éducatif aux plus jeunes générations.
P.3 : La méthode Kodály reflète les principes de la Convention (identification, sauvegarde, documentation et protection du patrimoine culturel immatériel ; renforcement des mécanismes de transmission formels et informels ; établissement de réseaux et promotion de la coopération internationale). Le projet encourage le respect de la diversité culturelle et souligne l’importance des traditions locales, ainsi que la participation au projet des communautés locales concernées.
P.4 : Le dossier présente des données quantitatives pour attester de la portée du concept Kodály (par ex., l’existence de près de 1 000 groupes locaux de chant traditionnel, des festivals annuels, nationaux et internationaux, de chant traditionnel, des activités de recherche locales et nationales, et la reconnaissance du concept par des institutions universitaires). Ceci témoigne du grand intérêt suscité auprès du public et des professionnels par la musique traditionnelle ; il y a suffisamment d’informations sur l’efficacité d’une adoption accrue des mesures de sauvegarde du concept Kodály.
P.5 : Le dossier décrit la manière dont les communautés ont sauvegardé la méthode d’enseignement de la musique traditionnelle Kodály depuis les premiers travaux de ce dernier. Il cite des pédagogues, des professeurs de musique ainsi que des communautés locales qui ont informé les collecteurs tout au long du siècle dernier. Il y est indiqué que les communautés locales participent à l’application de cette méthode par le biais d’activités régulières, la préparation de supports d’enseignement et des travaux d’archivage. Le formulaire indique que la proposition a été préparée avec le consentement des communautés et des individus concernés, dont les lettres de consentement sont jointes ; il s’agit essentiellement de professeurs et d’écoles de musique, de groupes de musique et d’associations.
P.6 : D’après le dossier, le concept Kodály est universellement applicable. Il se construit petit à petit et peut être adapté à différents contextes pour enseigner et développer les capacités musicales, tout en sauvegardant le patrimoine musical local.
P.7 : L’État soumissionnaire, les organismes de mise en œuvre ainsi que les communautés, groupes et individus concernés ont fait part de leur volonté de coopérer à la diffusion du programme s’il est sélectionné. Le dossier cite également des exemples de coopération actuelle entre des experts de la méthode Kodály et des confrères d’autres pays (publications, conférences et appui pédagogique). Il indique que les diplômés de l’Institut Kodály sont des défenseurs de cette méthode, où qu’ils se trouvent.
P.8 : Le dossier fournit des informations quantitatives pour démontrer l’ampleur de la promotion et de l’application de cette méthode (accessibilité de collections de musique populaire, augmentation du nombre de communautés développant une activité musicale, augmentation du nombre de participants, attrait des médias électroniques, concours de danse et de musique traditionnelles, monographies sur les chants populaires et publication régulière des écrits de Kodály). Le concept propose ainsi des expériences susceptibles d’une évaluation de leurs résultats et qui peuvent être mesurées avec des perspectives à court et à long terme.
P.9 : Ce programme pourrait répondre aux besoins des pays en développement du fait qu’il ne prescrit pas d’infrastructure coûteuse ni de protocole complexe. Le dossier indique que le concept Kodály est devenu, grâce à son ouverture, à son esprit démocratique, à sa capacité de renforcement identitaire et à ses efforts en vue d’appliquer des processus systématiques, une méthode qui peut être appliquée partout pour développer la créativité et les capacités musicales tout en sauvegardant le patrimoine musical. L’applicabilité du concept est confirmée par le fait que de nombreux professionnels qui le pratiquent viennent de pays en développement.
- Sélectionne le concept Kodály, sauvegarde du patrimoine musical traditionnel comme programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et les objectifs de la Convention ;
- Remercie la délégation de la Hongrie des éclaircissements apportés au Comité sur les informations contenues dans le dossier, à propos des critères P.1, P.2, P.3, P.4 et P.8.