Décision du Bureau : 13.COM 1.BUR 3.8

Le Bureau,

  1. Rappelant l’article 23 de la Convention ainsi que le chapitre I.4 des Directives opérationnelles concernant les critères d’admissibilité et de sélection des demandes d’assistance internationale,
  2. Ayant examiné le document ITH/18/13.COM 1.BUR/3 ainsi que la demande d’assistance internationale n  01427 soumise par le Mozambique,
  3. Prend note du fait que le Mozambique a formulé une demande d’assistance internationale pour un projet intitulé La danse mapiko du peuple makondé (promouvoir la danse mapiko afin d’enrichir le patrimoine oral et immatériel de l’humanité):

Le Mapiko est une manifestation culturelle du peuple des Makondés. Du fait de son expressivité et de ses multiples dimensions et significations pour la communauté détentrice, le Mapiko est considéré comme un symbole de l’identité culturelle mozambicaine. Cependant, cette pratique fait face à des nombreux défis, notamment en ce qui concerne sa transmission aux jeunes générations. C’est pourquoi le Ministère de la culture et du tourisme, en partenariat avec l’Instituto de Investigação Sócial-Cultural (Institut de recherche socio-culturelle (ARPAC)), a l’intention de mener une recherche sur cette danse afin de contribuer à sa diffusion et à sa préservation dans l’ensemble du pays, ainsi que dans les pays voisins. Le projet proposé, qui sera mis en œuvre dans la région du plateau de Mueda, pourrait permettre une étude complète du Mapiko, d’identifier les principaux défis auxquels font face sa transmission et sa sauvegarde, et de développer un programme d’action pertinent. À cette fin, le projet s’appuiera sur la documentation relative aux connaissances existantes concernant son expression vivante, aux savoirs traditionnels transmis de façon orale quant à la conception et à la préservation des masques et des instruments de musique, des costumes des danseurs, et à l’évolution de la pratique au fil du temps. Afin d’assurer la diffusion des connaissances, le matériel utilisé prendra la forme de brochures, de monographies et de DVD destinés aux institutions éducatives.

  1. Prend note en outre que cette assistance concerne l’appui à un projet de mise en œuvre au niveau local conformément à l’article 20 (c) de la Convention, et qu’elle prend la forme d’octroi d’un don, conformément à l’article 21 (g) de la Convention ;
  2. Prend également note que le Mozambique a demandé une allocation d’un montant de 30 000 dollars des États-Unis du Fonds du patrimoine culturel immatériel pour la mise en œuvre de ce projet ;
  3. Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier n  01427, la demande satisfait aux critères d’octroi de l’assistance internationale énoncés aux paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles :
Critère A.1 : La demande fait référence à l’implication des Makondés dans le cadre de la préparation, de la mise en œuvre et de l’évaluation de ce projet après qu’ils ont été consultés et que leur consentement éclairé a été obtenu. Leur participation est cependant décrite à l’aide de termes génériques et ne fait pas l’objet d’une description claire quant à leur implication réelle et aux modalités prévues afin d’assurer leur engagement actif. En l’occurrence, leur implication au cours de la phase de mise en œuvre semble se limiter au simple rôle d’informateurs passifs ;

Critère A.2 : Le budget n’est pas présenté de manière claire et détaillée. Il manque des informations pour déterminer si tous les montants budgétés se justifient. Des informations plus détaillées quant aux dépenses de chacune des activités, en évitant les sommes forfaitaires autant que faire se peut, sont nécessaires afin de déterminer si les montant budgétés sont appropriés ou non. Il est également difficile de déterminer si le montant demandé est approprié, car aucun budget n’est alloué à certains éléments clés du projet tels que la recherche, la production des instruments de collecte des données et l’achat d’équipement de documentation. En outre, l’application d’un taux de change récent aurait permis de mieux juger la pertinence de la ventilation budgétaire détaillée ;

Critère A.3 : La demande présente une séquence de quatre activités : la recherche documentaire, la collecte de données sur le terrain, la production de matériel promotionnel et le développement du programme d’action pour la sauvegarde du Mapiko. Cependant, en l’absence d’une description détaillée des activités prévues et du fait de l’incohérence entre les activités et le budget et le calendrier proposés, il est difficile de déterminer si les activités sont bien conçues. La faisabilité de ce projet est également incertaine de par le manque d’informations concernant les modalités de mise en œuvre des activités et du rôle relativement passif de la communauté dans le cadre de la mise en œuvre du projet ; la description du projet ne permet pas de saisir clairement la façon dont les résultats de la recherche contribueraient à une sauvegarde efficace du Mapiko par les communautés ;

Critère A.4 : Il est attendu que les résultats à long terme potentiels du projet soient atteints par le biais de l’intégration du Mapiko au programme scolaire local. Cependant, sans une explication explicite de la façon dont ce processus pourrait être simplifié, il est difficile de savoir si ce résultat pourra être atteint. La demande suggère également que la durabilité de ce projet dépend de la possibilité d’organiser une compétition scolaire et un festival du Mapiko, mais la manière dont ces actions permettraient de garantir un impact durable du projet n’est pas claire ;

Critère A.5 : L’État contribuera à hauteur de 9 pour cent du budget total du projet pour lequel l’assistance internationale est demandée au Fonds du patrimoine culturel immatériel ;

Critère A.6 : Bien que le projet n’inclue aucun élément spécifique de renforcement des capacités, il est prévu qu’il s’appuie sur les capacités techniques de l’agence de mise en œuvre, le Ministère de la culture et du tourisme, par le biais d’activités visant à documenter la danse des Makondés ainsi que par la sensibilisation de la communauté concernée quant à la promotion de la pratique en question. La demande ne démontre pourtant pas la façon dont le projet serait en mesure d’impacter directement la capacité de la communauté makondé à sauvegarder cette pratique et d’assurer ainsi sa viabilité ;

Critère A.7 : Le Mozambique n’a jamais mis en œuvre des activités financées par le Fonds du patrimoine culturel immatériel ;

Paragraphe 10(a) : Ce projet a une portée locale et sera mis en œuvre par un partenaire, l’Instituto de Investigação Sócial-Cultural (Institut de recherche socio-culturelle (ARPAC)) ;

Paragraphe 10(b) : Il est attendu que ce projet stimule des efforts promotionnels similaires chez les universités et institutions de recherche. La demande implique également un effet multiplicateur à long terme potentiel en termes de financement, particulièrement de la part du secteur privé, qui serait attiré par le matériel promotionnel produit au cours du projet.

  1. Décide de renvoyer à l’État demandeur la demande d’assistance internationale pour le projet intitulé La danse mapiko du peuple makondé (promouvoir la danse mapiko afin d’enrichir le patrimoine oral et immatériel de l’humanité);
  2. Prend note du fait que la demande est une version révisée soumise par l’État après avoir reçu une aide du Secrétariat afin d’améliorer la demande initiale par le biais d’une lettre d’information supplémentaire et reconnaît la difficulté récurrente à laquelle fait face l’État soumissionnaire dans le cadre de la révision de sa demande ;
  3. Invite l’État soumissionnaire à envisager le recours à une assistance technique par le biais de la mise à disposition d’experts, comme décrit à l’article 21 de la Convention, et demande au Secrétariat de baliser des périodes pour une telle assistance dans le cas où l’État soumissionnaire souhaite en profiter ;
  4. Encourage l’État partie, s’il souhaite resoumettre la demande, à réviser le contenu du projet en tenant compte des préoccupations soulevées ci-dessus et notamment à veiller à ce qu’il y ait une correspondance entre les objectifs généraux et les activités proposées, le budget et le calendrier du projet, et à ce qu’un budget rigoureux et cohérent soit présenté, avec des détails précis et transparents. Il serait également important de démontrer clairement de quelle manière le projet proposé contribuera à la sauvegarde de l’élément par les communautés elles-mêmes.

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