L’épopée Al-Sirah al-Hilaliyyah
Inscrit en 2008 (3.COM) sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité (originellement proclamé en 2003)
Ce poème oral, également appelé « épopée Hilali », raconte l’histoire de la tribu de bédouins Bani Hilal et sa migration au dixième siècle de la péninsule d’Arabie jusqu’en Afrique du Nord. Cette tribu a dominé pendant plus d’un siècle un vaste territoire dans le centre de l’Afrique du Nord, avant d’être anéantie par ses rivaux marocains. De tous les grands poèmes épiques de la tradition populaire arabe, l’épopée Hilali est la seule à être encore interprétée dans sa forme musicale intégrale. Autrefois répandue dans tout le Moyen-Orient, elle ne subsiste aujourd’hui qu’en Égypte.
Depuis le quatorzième siècle, l’épopée Hilali est chantée en vers par des poètes qui s’accompagnent d’un instrument à percussion ou du rabab, un violon à pique à deux cordes. Elle est interprétée à l’occasion de mariages, de cérémonies de circoncision ou de réunions privées et peut durer plusieurs jours. Les poètes étaient autrefois formés au sein du cercle familial et l’exécution de l’épopée constituait leur seule source de revenus. Le laborieux apprentissage commençait dès l’âge de cinq ans et durait une dizaine d’années. Aujourd’hui encore, les apprentis poètes suivent une formation spéciale pour développer leur mémoire et perfectionner la maîtrise de leur instrument. Ils doivent en outre apprendre à improviser des commentaires pour rendre les intrigues plus parlantes au public contemporain.
Le nombre d’interprètes de l’épopée Hilali décline sous l’effet conjugué des médias modernes et de la diminution du nombre de jeunes prêts à se soumettre à la rigoureuse formation. La pression de l’industrie touristique égyptienne, très lucrative, incite les poètes à présenter non plus l’intégralité du répertoire, mais de brefs extraits interprétés lors de spectacles folkloriques.