Décision du Comité intergouvernemental : 17.COM 7.b.36

Le Comité

  1. Prend note que l’Afghanistan a proposé la candidature du style Behzad de l’art de la miniature (n  01851) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La peinture miniature est une source de fierté pour le peuple afghan. L’un de ses principaux styles est le Behzad, du nom de l’artiste du XVe siècle dont les techniques, la représentation de la perspective et l’utilisation de la couleur ont fait de lui l’un des peintres les plus célèbres de son époque. Aujourd’hui, le style de l’art de la miniature de Behzad est transmis par le biais d’apprentissages dans des ateliers privés et des galeries d’art. Les apprentis participent à l’entretien de l’atelier et, pendant plusieurs années, travaillent à la maîtrise et à la préparation des différents outils du peintre et participent progressivement à la création de pièces finies avec le maître avant d’entreprendre leur propre travail. La transmission se fait également dans le cadre de programmes universitaires et dans des institutions publiques et privées. Dans un pays où le taux d’analphabétisme est élevé, la peinture miniature contribue à la transmission d’histoires, de mythes, de valeurs et de morales fondatrices au sein de la population.

  1. Considère que les informations contenues dans le dossier ne sont pas suffisantes pour permettre au Comité de déterminer si les critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité sont satisfaits :

R.1 :  La tradition de la peinture miniature consiste à peindre des personnages et des scènes à petite échelle, mais de façon très détaillée, colorée et complexe, pour raconter les défis sociaux, les problèmes économiques et les mythes de la région, à l’aide de crayons, de pinceaux, de pigments naturels et de feuilles d’or ou d’argent. La pratique est préservée par ses praticiens, soutenus par quelques institutions clés à travers le pays. Cependant, le dossier, la vidéo et les photos sont principalement axées sur l’art et son histoire, et n’expliquent pas suffisamment les détails des pratiques actuelles, ainsi que les techniques et les compétences associées à l’élément. Le dossier mentionne que cet élément est profondément ancré dans l’histoire et l’identité afghanes, et explique qu’il a connu un renouveau depuis la fin du XXe siècle avec la création de nouveaux ateliers et centres à travers le pays. Cependant, il ne fournit pas suffisamment de détails sur les fonctions sociales et les significations culturelles de l’élément dans le contexte actuel. Dans l’ensemble, les informations fournies sont fortement axées sur l’art en soi et sur les pièces qui composent cet art, mais les relations entre le patrimoine culturel matériel et le patrimoine culturel immatériel, notamment ses fonctions sociales et ses significations culturelles, ne sont pas clairement définies dans le dossier.

R.2 :  Au niveau local, l’inscription permettra aux détenteurs et aux praticiens d’être reconnus par les institutions et les communautés. Elle incitera également les bureaux provinciaux à mieux soutenir l’élément. Au niveau national, elle contribuera à la création d’un réseau national de praticiens qui pourront travailler ensemble à la sauvegarde de l’élément. Au niveau international, elle renforcera la coopération internationale avec d’autres États présentant des éléments similaires. Toutefois, la candidature insiste sur le fait que l’inscription contribuera à améliorer la visibilité et la sensibilisation de l’élément en soi, mais pas sur le patrimoine culturel immatériel en général. En outre, le dossier n’explique pas suffisamment comment l’inscription favorisera un meilleur dialogue et le respect de la diversité culturelle.

R.3 : Les mesures de sauvegarde passées et actuelles incluent des expositions, des concours, de la recherche, des formations et un soutien aux ventes des œuvres des artisans. Les mesures de sauvegarde proposées ne sont pas clairement décrites et semblent être largement planifiées et mises en œuvre par le ministère de l’information et de la culture. Le dossier explique que des représentants des communautés et des praticiens ont participé à des réunions et à des consultations organisées par le Ministère de l’information et de la culture ; en revanche les informations sur la manière dont les communautés, les groupes et les individus ont été impliqués dans la planification et sur la manière dont ils seront impliqués dans la mise en œuvre des mesures de sauvegarde proposées sont limitées.

R.4 : Le dossier explique que le processus de candidature a impliqué dès le départ les principaux dirigeants et détenteurs/praticiens de la communauté, à la fois directement par le travail du ministère de l’information et de la culture et par ses collaborations avec les ONG et les associations locales. Cependant, il semble que le processus de candidature ait été largement mené par des experts issus du domaine de la culture et des universitaires, et que les communautés aient été interrogées en cours de processus. Le dossier comprend peu de lettres, et ces lettres sont standardisées. Ces lettres mentionnent la nécessité d’identifier et d’enregistrer l’élément ainsi que les « règles et règlements de l’UNESCO », mais n’indiquent pas que les participants ont soutenu la candidature de l’élément à la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Dans l’ensemble, les indications sont insuffisantes pour déterminer si la candidature a impliqué la participation la plus large possible des communautés, groupes et individus à toutes les étapes du processus de candidature.

R.5 : L’élément a été ajouté sur la Liste d’inventaire national du patrimoine culturel immatériel de l’Afghanistan le 11 février 2021, et l’inventaire est maintenu par le Bureau du patrimoine culturel immatériel, Direction de la culture populaire, au Ministère de l’information et de la culture. Cependant, le processus d’inventaire semble être mené par des experts issus du milieu culturel et les informations concernant la manière dont la communauté est impliquée ne sont pas suffisantes. La fréquence de mise à jour de l’inventaire n’est pas non plus précisée dans le dossier.

  1. Décide de renvoyer la candidature du style Behzad de l’art de la miniature à l’État partie soumissionnaire et l’invite à resoumettre la candidature au Comité pour examen au cours d’un cycle ultérieur ;
  2. Encourage l’État partie, dans les futures candidatures, à se concentrer sur les descriptions et les informations concernant le patrimoine culturel immatériel et ses fonctions sociales et significations culturelles, et à mettre moins l’accent sur l’art, les produits ou les éléments matériels ;
  3. Encourage en outre l’État partie, lorsqu’il soumettra des dossiers de candidature à l’avenir, à éviter les lettres de consentement standardisées.

Top