Décision du Comité intergouvernemental : 17.COM 7.b.31

Le Comité

  1. Prend note que le Turkménistan et la République islamique d’Iran ont proposé la candidature de l’art des travaux d’aiguille de style turkmène (n  01876) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

L’art des travaux d’aiguille de style turkmène est un art décoratif appliqué qui orne les costumes nationaux des femmes, des hommes, des filles et des garçons au Turkménistan et en Iran. Dans ces deux pays, les travaux d’aiguille de style turkmène commencent par la préparation de fils de soie fins, qui sont entrelacés en trois couches et entortillés pour former un seul fil, lequel est ensuite lissé à l’aide d’une grande aiguille. C’est cette technique unique qui donne au fil son éclat. Pour les styles les plus courants, plusieurs boucles sont successivement créées en perçant le tissu avec une fine aiguille tout en maintenant la boucle précédente avec le pouce de la main gauche. Il existe aussi d’autres styles de travaux d’aiguille qui varient selon les régions. Il n’y a aucune limite d’âge, et les jeunes filles apprennent traditionnellement les travaux d’aiguille auprès de leurs mères et de leurs grands-mères. Dans les zones rurales, les motifs utilisés dévoilent l’identité territoriale des couturières. Ils symbolisent également l’amour, l’amitié, la nature et la force. Ces travaux d’aiguille sont utilisés pour confectionner les vêtements de mariage ou encore les tenues portées lors d’enterrements et d’événements culturels, mais aussi pour décorer des vêtements plus ordinaires – écharpes, manteaux, pantalons, châles – et des accessoires.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  L’art des travaux d’aiguille de style turkmène est un art décoratif appliqué alliant des compétences créatives sur différents types de tissus. Parmi les détentrices et les praticiennes figurent les femmes et filles qui détiennent les connaissances associées à l’élément. Bien que l’élément soit principalement pratiqué par les femmes dans les deux pays, les hommes sont aussi impliqués dans d’autres activités associées à la pratique, comme la fabrication des outils nécessaires. Les sériciculteurs des deux genres sont également des praticiens associés à l’élément. Les fonctions sociales et la signification culturelle de l’élément sont associées à son utilisation lors de la confection de robes et de vêtements pour les mariées et mariés, ainsi que son utilisation sur des objets utilisés lors d’enterrements, de rassemblements sociaux et d’événements culturels. L’élément est également associé à l’histoire et aux traditions des deux Etats soumissionnaires. L’élément est transmis de manière formelle et informelle. Il se transmet de manière informelle grâce à la communication entre les personnes âgées et les jeunes, surtout au sein des familles, alors que la transmission formelle se façonne grâce aux publications et journaux scientifiques, à la documentation, aux supports visuels et vidéos, et grâce aux études menées dans des instituts/académies. L’élément est conforme aux droits humains. Il promeut le respect mutuel entre les communautés et contribue au développement durable.

R.2 :  Au niveau local, l’inscription contribuera à élargir la pratique de l’élément et encouragera les couturières locales à créer de nouveaux motifs de travaux d’aiguille. Au niveau national, l’inscription permettra de sensibiliser au patrimoine culturel immatériel dans son ensemble et à l’élément, mettant en avant les compétences, les styles et les motifs venant des différentes régions du pays. Au niveau international, l’inscription fera connaître ce type de travaux aux praticiens d’autres types de travaux d’aiguille à travers le monde et pourra encourager les individus provenant d’autres régions à s’intéresser à l’élément. L’inscription favorisera le dialogue entre les différentes communautés, les organisations locales et les scientifiques, ainsi que les détenteurs et praticiens d’autres domaines du patrimoine culturel immatériel du pays, comme les traditions orales et les coutumes. Elle contribuera aussi à une meilleure compréhension de cet art, et encouragera aussi à apprécier sa diversité.

R.3 : Le dossier explique qu’un plan de sauvegarde de l’élément a été élaboré. Il contient des mesures communes aux deux Etats soumissionnaires, mais aussi des mesures spécifiques à chaque pays. Parmi ces mesures figurent les efforts pour encourager la transmission des connaissances, la recherche, la documentation, l’éducation, les publications, la sensibilisation et la promotion. Les communautés des deux Etats soumissionnaires ont pris part à l’élaboration des mesures de sauvegarde proposées et prendront part à leur mise en œuvre. De plus, le dossier explique aussi le rôle que joueront les États parties dans la mise en œuvre des mesures de sauvegarde proposées.

R.4 :  Le dossier explique que les deux Etats soumissionnaires ont impliqué les détenteurs et praticiens lors de différentes étapes du processus de candidature. Au Turkménistan, les représentants des sociétés locales ont pris part à la collecte des lettres de consentement et à la préparation de photos et de contenus audiovisuels. En Iran, les praticiens, venant de différentes provinces, ont contribué à la préparation du dossier de candidature et ont fourni des contenus audiovisuels, tels que des photos et des vidéos. Le dossier contient les lettres de consentement provenant des praticiens de l’élément, d’associations et de groupes issus des deux pays.

R.5 :  Au Turkménistan, l’élément est inscrit à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel, qui est tenu par le Département du patrimoine culturel immatériel au Ministère de la culture du Turkménistan. Le processus d’inventaire a été lancé par les communautés. Les représentants des communautés concernées de toutes les provinces ont organisé un groupe de travail afin de discuter de l’élément et de fournir les données utiles à son inventaire. Au Turkménistan, l’Inventaire est mis à jour chaque année. En République islamique d’Iran, l’élément est inscrit à l’Inventaire national iranien du patrimoine culturel immatériel. Les détenteurs et praticiens ont fourni les données utiles à l’Inventaire national et les communautés dans tout l’Iran ont soumis des lettres de consentement. En Iran, l’Inventaire est mis à jour tous les trois ans.

  1. Décide d’inscrire l’art des travaux d’aiguille de style turkmène sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite les États parties pour avoir mis en œuvre ensemble, et ce depuis 2006, des mesures de sauvegarde et pour avoir élaboré de nouvelles mesures communes qui seront mises en œuvre après l’inscription de l’élément.

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