Décision du Comité intergouvernemental : 17.COM 7.b.17

Le Comité

  1. Prend note que la République islamique d’Iran, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan ont proposé la candidature de l’art de la fabrication et de la pratique du robāb/rubāb/rubob (n  01714) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le robāb (Iran), rubāb (Tadjikistan) ou rubob (Ouzbékistan) est un instrument traditionnel à cordes et à manche court, joué en Asie centrale depuis des milliers d’années. La taille et la forme de cet instrument, fabriqué notamment en bois d’abricotier ou de mûrier, peuvent varier selon les pays mais aussi entre les régions d’un même pays. Des ensembles et des groupes folkloriques en jouent à l’occasion des fêtes nationales, des événements sociaux et des rituels familiaux. L’instrument tient également un rôle important pendant les funérailles. C’est l’instrument principal de tous les groupes professionnels de musique (orchestres et ensembles). Des musiciens de tous âges et genres transmettent leurs connaissances aux jeunes générations dans des groupes de professionnels et amateurs ainsi que dans les écoles et les établissements d’enseignement dédiés à la musique. Les luthiers, quant à eux, transmettent leurs connaissances et savoir-faire liés à la fabrication de l’instrument dans le cadre de relations d’apprentissage, ou de manière plus informelle au sein des familles. Ils jouent aussi un rôle essentiel dans la pratique et la transmission de l’élément. Comptant parmi les instruments principaux des orchestres et ensembles traditionnels, le robāb/rubāb/rubob est un symbole de l’identité d’un grand nombre des communautés concernées. Il favorise la solidarité et les échanges culturels en Iran, au Tadjikistan et en Ouzbékistan.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.5 :  L’élément a été inscrit aux inventaires nationaux des États parties soumissionnaires entre 2012 et 2018. Les inventaires sont tenus par les ministères ou les instituts des différents états soumissionnaires. Le dossier contient des informations, pour chaque état, sur la manière dont l’élément a été identifié et défini ainsi que sur la fréquence et le processus de mise à jour des inventaires.

  1. Considère en outre que les informations contenues dans le dossier ne sont pas suffisantes pour permettre au Comité de déterminer si les critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité sont satisfaits :

R.1 : Le dossier fournit trois descriptions différentes et séparées de l’élément, des connaissances et des savoir-faire associés, et de ses fonctions sociales et significations culturelles, sans définir clairement les points communs de l’élément dans les trois États soumissionnaires. À cause de ces descriptions séparées provenant de chaque pays, il a été difficile d’évaluer le dossier et de déterminer l’aspect multinational de la candidature et de l’élément ainsi que la manière dont il est partagé dans les États soumissionnaires. En outre, les informations fournies dans le dossier se concentrent sur l’instrument de musique et la musique. Les aspects du patrimoine culturel immatériel, tels que les connaissances et les savoir-faire associés à l’instrument, ainsi que ses fonctions sociales et ses significations culturels ne sont pas clairement expliqués dans le dossier.

R.2 : Le dossier explique de quelle manière l’inscription va renforcer la visibilité et sensibiliser à l’élément en lui-même, mais n’explique pas bien comment le patrimoine culturel immatériel dans son ensemble en bénéficiera. En outre, le dossier n’explique pas assez en détails comment l’inscription contribuera au renforcement du dialogue et de la créativité humaine.

R.3 : Le dossier explique que les mesures de sauvegarde passées et en cours sont prises par les communautés et soutenues par les États parties. Concernant les mesures de sauvegarde proposées, chaque État partie a identifié des activités parmi lesquelles figurent la formation, la documentation, la recherche et la promotion. Cependant, le dossier ne fournit pas d’information sur des mesures de sauvegarde communes aux trois États soumissionnaires. L’Iran et le Tadjikistan ont fourni une liste d’ONG et d’institutions mais n’ont pas donné d’informations sur leur implication dans l’élaboration des mesures de sauvegarde et sur le rôle qu’elles joueront dans la mise en œuvre de ces mesures. L’Ouzbékistan a donné plus d’informations sur la participation des communautés dans l’élaboration des mesures de sauvegarde. Cependant, le rôle qu’elles joueront dans la mise en œuvre de ces mesures n’est pas clairement expliqué.

R.4 : Les informations fournies par les États soumissionnaires sont incomplètes. En effet, l’un des États soumissionnaires a fourni une liste de noms d’individus et d’organisations sans expliquer selon quels processus et dans quels contextes les communautés, groupes et individus ont été impliqués dans les différentes étapes du processus de candidature. Tous les États soumissionnaires ont fourni des lettres de consentement. Cependant, la quantité et la qualité des lettres diffèrent d’un pays à l’autre et ne semblent pas prouver la plus large participation possible des communautés. L’un des États soumissionnaires en particulier n’a fourni que quelques lettres de consentement qui, pour la plupart, semblent provenir d’experts.

  1. Décide de renvoyer la candidature de l’art de la fabrication et de la pratique du robāb/rubāb/rubob aux États parties soumissionnaires et les invite à resoumettre la candidature au Comité pour examen au cours d’un cycle ultérieur ;
  2. Encourage les États parties, pour les futures candidatures multinationales, à rédiger conjointement les contenus relatifs aux pratiques communes de l’élément dans les différents États concernés, y compris concernant les points communs ainsi que les fonctions sociales et les significations sociales de l’élément ;
  3. Encourage en outre les États parties à mettre au point et élaborer des mesures de sauvegarde communes pour les futures candidatures multinationales ;
  4. Rappelle aux États parties de fournir des détails sur les mesures de sauvegarde proposées ainsi que sur l’implication des communautés, groupes et individus lors de leur planification et mise en œuvre.

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