Décision du Comité intergouvernemental : 17.COM 7.b.1

Le Comité

  1. Prend note que le Cambodge a proposé la candidature du kun lbokator, un art martial traditionnel au Cambodge (no01868) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le kun lbokator est un art martial qui remonte au premier siècle de notre ère. Il vise à développer la discipline, la force physique et mentale de ses praticiens, en s’appuyant sur des techniques d’autodéfense et une philosophie de non-violence. Se former au kun lbokator ne consiste pas uniquement à apprendre des techniques et des compétences physiques. Il s’agit également d’assimiler des connaissances sur la manière de respecter la nature et de bien se comporter en société. Les maîtres, dont certains auraient des pouvoirs de guérison et de protection, enseignent à leurs apprentis leurs rôles et leurs responsabilités dans la société afin que, une fois les savoir-faire nécessaires maîtrisés, ils puissent défendre les communautés vulnérables, protéger la nature et se battre pour la justice et la paix. Le kun lbokator est toujours activement pratiqué dans le cadre des offrandes rituelles aux divinités locales, ainsi que lors d’autres festivités qui mettent également à l’honneur d’autres éléments tels que la danse, la musique et la médecine traditionnelle. Incarnation des valeurs sociales, culturelles et religieuses du pays, le kun lbokator est largement pratiqué par les Cambodgiens, quel que soit leur âge, leur genre, leur niveau d’instruction ou leur statut social.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : Le kun lbokator est un art martial qui inculque et développe la force physique et mentale ainsi que la discipline chez les praticiens. Il implique des rituels et des pratiques sociales. L’élément est pratiqué dans le cadre d’offrandes rituelles aux divinités locales ainsi que lors d’autres festivités majeures. Il joue un rôle clé dans le renforcement du respect entre les praticiens et leur société, ainsi que dans la protection de l’environnement. La formation encourage les individus à développer leur confiance en soi et à être fiers d’eux. Les praticiens de l’élément sont, entre autres, les maîtres, les professeurs assistants, les apprentis ainsi que d’autres défenseursde l’élément et individus. Les maîtres transmettent leurs connaissances et compétences associées à l’élément aux nouvelles générations grâce à l’entrainement. L’élément se transmet également dans des écoles de formation et des clubs ainsi que lors de tournois, et par le biais de l’éducation formelle. En outre, le dossier explique qu’il n’y a aucune partie du kun lbokator qui ne soit pas compatible avec les instruments internationaux relatifs aux droits humains, avec l’exigence de respect mutuel entre les communautés, les groupes et les individus ou avec le développement durable.

R.2 : Le dossier explique que la visibilité et la sensibilisation à l’importance de l’élément seront renforcées aux niveaux local, national et international et que l’inscription contribuera à une meilleure reconnaissance de l’élément auprès des jeunes générations. L’inscription contribuera à renforcer le dialogue entre les parties prenantes de l’élément, notamment les maîtres du kun lbokator, les clubs, les institutions et les personnes. Cependant, le dossier ne détaille pas clairement dans quelle mesure l’inscription de l’élément contribuera à la visibilité du patrimoine culturel immatériel et à la sensibilisation à son importance en général.

R.3 : Le dossier explique que la viabilité et le développement de l’élément sont assurés par les maîtres qui forment les individus en organisant des ateliers, en ouvrant des écoles de formation et en créant un réseau interprovincial permettant le partage d’expériences associées à l’élément. La Fédération cambodgienne de kunbokator, créée en 2004, joue également un rôle important puisqu’elle facilite l’organisation de formations, d’ateliers et de séminaires au niveau national et documente les techniques et compétences associées au kun lbokator. Les mesures de sauvegarde proposées dans le dossier comprennent l’apprentissage de l’élément à l’école, des campagnes dans la presse généraliste, la formation des formateurs ainsi que la recherche et la documentation. L’État partie mettra au point des dispositions légales afin de soutenir la pratique de l’élément et la sensibilisation du public, mais aussi afin de prévoir une aide budgétaire et des équipements. Les mesures de sauvegarde proposées sont soutenues par les communautés concernées, qui seront aussi impliquées dans leur mise en œuvre.

R.4 : Pour la préparation de la candidature, une équipe de recherche a été nommée par le Ministère de la culture et des beaux-arts et la Fédération cambodgienne de kunbokator a travaillé, dès 2017, en étroite collaboration avec les maîtres et les élèves du kun lbokator, les communautés, les autorités locales et les chercheurs dans les provinces concernées. Suite à cela, un atelier a été organisé en février 2021 par le Ministère de la culture et des beaux-arts. L’atelier a rassemblé des maîtres et des élèves originaires de treize provinces. L’objectif était d’obtenir des informations dans le cadre de la candidature de l’élément. La rédaction du dossier de candidature est passée par de nombreuses étapes et a été menée, tout du long, en consultation avec les praticiens du kun lbokator. Le dossier comprend plusieurs lettres de consentement signées par les maîtres de l’élément, mais ne fournissait pas de preuve du consentement des communautés plus larges impliquées. Le formulaire de candidature aurait bénéficié d’un plus grand nombre de lettres de consentement à la candidature afin de garantir la participation la plus large possible des communautés concernées.

R.5 : Le kun lbokator est inscrit à l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel cambodgien depuis 2017. L’Inventaire est tenu par la Direction générale des techniques des affaires culturelles du Ministère de la culture et des beaux-arts. L’Inventaire est mis à jour tous les quatre ans avec la participation des services provinciaux de la culture et des beaux-arts, des représentants des communautés et des ONG travaillant dans les arts et la culture.

  1. Décide d’inscrire le kun lbokator, un art martial traditionnel au Cambodge, sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Encourage l’État partie à mettre en œuvre des mesures de sécurité afin de garantir le bien-être et la sécurité des praticiens lorsqu’ils pratiquent l’élément, et à garantir la participation la plus large possible de la communauté lors de la mise en œuvre des mesures de sauvegarde ;
  3. Rappelle à l’État partie, lorsqu’il soumettra des dossiers de candidature à l’avenir, d’assurer la participation la plus large possible des communautés à toutes les étapes de la préparation de la candidature ;
  4. Félicite l’État partie pour la soumission d’un dossier de candidature amélioré à la suite de la décision de l’État partie de retirer le dossier en 2020.

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