Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.b.46

Le Comité

  1. Prend note que l’Ouzbékistan a proposé la candidature de l’art du bakhshi (n  01706) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La poésie épique joue un rôle crucial dans l’héritage musical et poétique des peuples ouzbek et karakalpak d’Ouzbékistan. Appelés dostons, les poèmes traditionnels centenaires sont basés sur des mythes, des légendes, des contes populaires et des chants légendaires, et abordent des thèmes variés tels que le patriotisme, l’engagement, l’amour, l’amitié et la solidarité. L’art Bakhshi fait référence à l’interprétation de ces histoires épiques et pièces originales avec accompagnement d’instruments de musique, dont le dombra (un instrument à cordes) et le kobuz (un instrument à archet). Les conteurs, également appelés bakhshis, interprètent les histoires de mémoire, incorporant les traditions et les pratiques culturelles. Les bakhshis qui réussissent doivent avoir la capacité de captiver les auditeurs avec leurs mélodies et de raconter des histoires d’une manière intéressante et originale, en faisant un usage créatif du langage, des jeux de mots, des proverbes et d’expressions. Ils doivent aussi être capables de réciter de mémoire les longs poèmes épiques. Bien que les bakhshis soient traditionnellement des hommes, un groupe de femmes bakhshis a émergé au XIXe siècle et continue de contribuer à la tradition. La pratique est transmise au sein des familles et par les écoles bakhshi reconnues. L’art du bakhshi est un élément essentiel du mode de vie ouzbek, et les conteurs accueillent toujours les invités lors des cérémonies familiales, des rituels, des jours fériés et des festivités locales.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, ainsi que les informations fournies par l’État soumissionnaire dans le cadre du processus de dialogue, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : L’élément est la représentation d’histoires épiques avec accompagnement d’instruments de musique. Les artistes connus sous le nom de bakhshis, qui étaient initialement que des hommes mais incluant désormais des femmes, se produisent lors de cérémonies familiales et de festivals et utilisent diverses formes de langue maternelle, de jeux de mots, de proverbes et d’expressions. Les connaissances et les compétences sont transmises de manière informelle de maître à apprenti. Ils sont également inclus dans le programme scolaire et enseigné dans les écoles d’art. Des spectacles diffusés à la radio et à la télévision, transmettent les connaissances liées à l’élément. Les récits et légendes Bakhshi reflètent le mode de vie, les croyances, l’histoire et les identités des groupes ethniques et des nations. L’élément favorise la solidarité et la cohésion sociale.

R.2 : Au niveau local et national, l’inscription augmenterait la fierté de cet art parmi les praticiens, sensibiliserait la société au sens large et susciterait l’intérêt des jeunes générations pour le Patrimoine culturel immatériel. Il y aurait également une plus grande attention des médias. Au niveau international, la visibilité sera soutenue grâce à l’accueil continu du festival international bakhshi. La participation à des festivals de musique et de folklore contribuerait également au dialogue entre les praticiens de l’élément. La nature créative de l’élément garantit le respect de la créativité, et parce que de nombreuses ethnies partagent l’élément, elle garantit également le respect de la diversité culturelle.

R.3 :  La viabilité de l’élément est assurée par les détenteurs et les praticiens, grâce à des activités de sensibilisation et au transfert des connaissances et des compétences aux jeunes générations. Les efforts actuels et futurs de sauvegarde de l’Etat partie incluent la création d’écoles et le financement de programmes de recherche sur l’élément. Les mesures de sauvegarde proposées comprennent des efforts de formation, des subventions, des programmes éducatifs dans les écoles primaires et secondaires, et la création d’un musée d’art bakhshi. Les communautés, les groupes et les individus concernés par l’élément ont proposé des idées de mesures de sauvegarde lors de réunions, de discussions et de participations à des enquêtes.

R.4 :  Le dossier démontre la pleine participation de la communauté à l’élaboration du dossier de candidature en collaboration avec les entités étatiques. Le consentement libre, préalable et éclairé est également établi comme faisant partie intégrante du processus. Il n’y a aucune restriction quant à la transmission de l’élément, ni aucun secret quant à l’accès à la connaissance ou à la pratique liée à l’élément.

R.5 : Depuis 2008, l’élément est inscrit sur la Liste nationale du patrimoine culturel immatériel d’Ouzbékistan et sur les listes locales du patrimoine culturel immatériel de la République du Karakalpakstan, de la ville de Samarkand et des régions de Sirdaryo, Surkhandaryo et Khorazm. L’inventaire national est administré par le Centre scientifique et méthodologique républicain pour l’organisation des activités des institutions culturelles relevant du Ministère de la culture de la République d’Ouzbékistan. Les départements régionaux du Ministère de la culture et les communautés locales (makhallas) jouent un rôle essentiel dans l’identification, la définition et la collecte de données sur tous les éléments du patrimoine culturel immatériel en Ouzbékistan. Les inventaires sont mis à jour au moins une fois par an.

  1. Décide d’inscrire l’art du bakhshi sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Encourage l’État partie à éviter les lettres de consentement standardisées lors de la soumission des dossiers de candidature à l’avenir, tout en veillant à ce que les diverses circonstances dans lesquelles le consentement est donné soient prises en compte ;
  3. Rappelle à l’État partie d’accorder une attention particulière à la qualité linguistique du dossier et rappelle également l’importance d’utiliser un vocabulaire en adéquation avec l’esprit de la Convention et d’éviter des expressions telles que « caractère unique », qui peuvent sembler introduire une hiérarchie entre les expressions du patrimoine vivant.

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