Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.b.44

Le Comité

  1. Prend note que le Turkménistan a proposé la candidature de la fabrication artisanale du dutar et l’art de pratiquer la musique traditionnelle associée au chant (n  01565) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le dutar est un instrument traditionnel et un genre musical du Turkménistan. L’instrument dutar est un luth à long manche et à deux cordes, avec un corps en forme de poire recouvert d’une fine table d’harmonie en bois. Le corps de résonance et la table d’harmonie sont confectionnés à partir d’un morceau de bois de mûrier, et le manche est fabriqué avec le tronc séché d’un abricotier. Pour réaliser le corps du dutar, le bois est arrondi, évidé et poli. Le bois de la couverture est cuit jusqu’à vingt-quatre heures afin d’éliminer l’humidité, puis collé sur le creux du dutar à l’aide de colle à os. Enfin, le manche, les frettes et les cordes sont ajoutés et l’instrument est accordé. Le dutar fait partie intégrante de la culture turkmène, et est utilisé dans tous les principaux genres de musique et de chant turkmènes. La musique est divisée en deux types : la dutarchy, qui fait référence à la musique jouée en solo, et la baghy, qui fait référence à la musique accompagnée de chants. Il existe également plusieurs sous-types. Par exemple, un dessanchy bangshy est une performance épique qui intègre narration, chant et improvisation vocale, alternant tour à tour poésie et prose. Au Turkménistan, la musique dutar est un élément essentiel des festivités, des cérémonies, des célébrations nationales, des festivals culturels, des rassemblements sociaux et des programmes de divertissement.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  L’élément est un genre qui mélange artisanat, composition musicale et performance accompagnée de chant. Ses détenteurs et praticiens sont des artisans, joueurs et chanteurs de dutar, tant hommes que femmes, ainsi que des érudits et des musicologues locaux. L’artisanat et les connaissances connexes sont traditionnellement transmis de père en fils au niveau de la famille et de la communauté. Les compétences de performance sont transmises oralement, et par démonstration. L’apprentissage peut prendre de six à douze ans auprès d’un maître, et aucun frais n’est perçu. Il existe également une formation reconnue au conservatoire national. L’élément en soi favorise l’intégrité sociale, procure un sentiment d’identité sociale et fait partie intégrante des festivités familiales, célébrations nationales, festivals culturels, rassemblements sociaux, divertissements quotidiens et d’expression créative. L’instrument fait parallèlement la promotion de la compréhension mutuelle, la coopération, la cohésion sociale, l’égalité, le respect des droits de l’homme et de la diversité culturelle.

R.2 :  Au niveau local, l’inscription permettrait de mieux faire connaître le patrimoine culturel immatériel dans divers domaines et de promouvoir la coopération et le dialogue entre les communautés sur d’autres éléments. Au niveau national, l’inscription aurait un impact positif sur la prise de conscience des populations de l’importance des détenteurs et des praticiens associés à l’instrument. Au niveau international, cela encouragerait une plus grande reconnaissance du rôle de la musique et d’autres domaines des arts du spectacle et de leurs fonctions sociales et culturelles. L’inscription renforcerait également le dialogue entre les détenteurs et les praticiens, notamment concernant les meilleures pratiques de transmission, et favoriserait le respect de la diversité culturelle parmi les communautés concernées.

R.3 :  L’élément fait partie intégrante de la vie culturelle du Turkménistan, et ses détenteurs et praticiens lui ont assuré sa viabilité. Le gouvernement a également soutenu sa viabilité par le biais de documentation et de sauvegarde de l’élément, notamment via des festivals locaux, de rencontres universitaires et d’ateliers. Le dossier présente un ensemble stratégique de mesures de sauvegarde, y compris un calendrier de mise en œuvre. Il démontre le soutien de l’État, ainsi que le rôle des collectivités, des groupes et des personnes individuelles dans la préparation de ces mesures.

R.4 :  Le dossier établit une participation très élargie des communautés, des groupes et des personnes individuelles, dont les détenteurs du savoir et les praticiens, ainsi que les universitaires et les spécialistes. Il décrit clairement entre 2017 et 2019 le processus de proposition et de préparation du dossier de candidature. Un consentement libre, préalable et éclairé est également établi, et le respect de l’accès traditionnel à l’instrument y est évident.

R.5 : L’instrument est inclus depuis 2013 dans l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel du Turkménistan, qui est administré par le Département du patrimoine culturel immatériel du Ministère de la culture du Turkménistan. L’inventaire est mis à jour annuellement lors d’expéditions sur le terrain, suite auxquelles les informations sont soumises au Comité national d’experts. Ce processus d’identification, de définition et de collecte des données et le rôle des communautés, des groupes, des personnes individuelles et des universitaires sont clairement définis.

  1. Décide d’inscrire la fabrication artisanale du dutar et l’art de pratiquer la musique traditionnelle associée au chant sur la Liste Représentative du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité.

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