Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.b.35

Le Comité

  1. Prend note que l’Arabie saoudite, l’Algérie, le Bahreïn, l’Égypte, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Mauritanie, le Maroc, Oman, la Palestine, le Soudan, la Tunisie, les Émirats arabes unis et le Yémen ont proposé la candidature de la calligraphie arabe : connaissances, compétences et pratiques (n  01718) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

         La calligraphie arabe désigne la pratique artistique consistant à retranscrire l’écriture arabe manuscrite avec fluidité, afin d’exprimer harmonie, grâce et beauté. Cette pratique, qui peut être transmise tant par l’éducation formelle et informelle, utilise les vingt-huit lettres de l’alphabet arabe, rédigé en écriture cursive de droite à gauche. Conçue à l’origine pour rendre l’écriture claire et lisible, elle s’est progressivement transformée en un art arabe islamique utilisé dans les œuvres traditionnelles et modernes. La fluidité de l’écriture arabe offre des possibilités infinies, même sur un seul mot, puisque les lettres peuvent être allongées et transformées de nombreuses façons afin de créer différents motifs. Les techniques traditionnelles utilisent des matériaux naturels, tels que des tiges de roseau et de bambou pour le calame, un outil d’écriture. L’encre est fabriquée à partir d’ingrédients naturels tels que le miel, la suie et le safran. Le papier est fabriqué à la main et enduit d’amidon, de blanc d’œuf et d’alun. La calligraphie moderne utilise fréquemment des marqueurs et des peintures synthétiques et de la peinture en bombe spray est utilisée pour les calligraffiti peints sur les murs, les panneaux et les bâtiments. Les artisans et les designers ont aussi recours à la calligraphie arabe pour réaliser des ornementations artistiques, par exemple sur le marbre, les sculptures sur bois, la broderie et la gravure sur métal. La calligraphie arabe est largement répandue dans les pays arabes et non arabes et est pratiquée par des hommes et des femmes de tous les âges. Les compétences sont transmises de façon informelle ou via des écoles officielles ou des apprentissages.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : L’élément concerne l’art de l’écriture arabe et utilise sa forme cursive, qui permet différentes formes et compositions géométriques. L’élément peut être appliqué sur une large gamme de supports décoratifs, notamment sur papier, bois, métal et autres objets, ainsi que sur des livres sacrés, dans les lieux de culte, les palais, les pierres tombales, les bijoux, les vêtements et le mobilier. Les détenteurs sont des hommes et des femmes qui jouent les rôles de maîtres, de calligraphes professionnels, d’artistes, de designers, de professeurs, d’enseignants, de formateurs et d’artisans. Les femmes jouent en général un rôle dans les arts et l’enseignement. Les connaissances et les compétences sont transmises de façon tant formelle qu’informelle. L’élément joue le rôle de symbole de l’identité musulmane arabe et permet de transmettre la culture et les valeurs religieuses ; il a par conséquent une fonction éducative. Il est aussi une source de revenus pour les praticiens et leurs familles. Il n’est pas contraire aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l’homme, mais promeut au contraire la cohésion sociale et contribue au développement durable.

R.2 : L’inscription pourrait contribuer à la promotion de l’élément et du patrimoine culturel immatériel en général, avec une plus grande sensibilisation des jeunes. L’intérêt accru de la part des médias contribuera également à sa visibilité. La candidature commune des États parties soumissionnaires constitue d’ores et déjà un pas en avant dans le sens d’une coopération et d’un échange régionaux, et augmente la visibilité au niveau international. La participation à des festivals, des compétitions, des séminaires et à des forums encouragera le dialogue. L’inscription mettrait également en avant les styles créatifs de ses détenteurs et de ses praticiens.

R.3 : Le dossier de candidature démontre que les communautés et les individus concernés participent à un effort collectif et continu qui comprend une série de mesures de sauvegarde garantissant la viabilité de l’élément via la transmission, la documentation, la recherche et la promotion. Les États parties soutiennent ces efforts sur le plan financier et par le biais d’autres initiatives. Un certain nombre de mesures, telles que la transmission, la recherche, la promotion et la préservation sont proposées afin de garantir la continuité de la viabilité de l’élément avec la participation des communautés, des groupes et des individus. Le dossier de candidature a identifié le soutien de chaque État partie aux mesures de sauvegarde proposées. Les détenteurs ont participé à la candidature et ont apporté leurs connaissances approfondies de la calligraphie arabe en vue de définir les mesures de sauvegarde dans chaque État soumissionnaire.

R.4 : Le dossier de candidature décrit le mécanisme de sa préparation et de sa finalisation avec la participation de tous les seize États parties soumissionnaires. Le dossier a été préparé en plusieurs étapes, notamment l’identification des praticiens, l’élaboration de mesures de sauvegarde, la préparation de supports audio-visuels, la mise à jour des inventaires, la préparation du dossier de candidature dans chaque pays et la préparation de la candidature finale. Le dossier confirme le consentement libre, préalable et éclairé des associations, des organisations non gouvernementales et des praticiens de l’élément. Aucune pratique coutumière n’empêche l’accès à l’élément qui est à la disposition du public et de toutes les personnes intéressées.

R.5 :  L’élément est inclus dans divers inventaires et registres des États soumissionnaires, tous étant administrés par leurs Ministères, Archives ou Départements de la culture ou du patrimoine respectifs. L’élément a été inclus dans ces inventaires entre 2018 et 2020. Le dossier suggère que deux approches ont été utilisées pour identifier et définir l’élément, à savoir : des programmes d’inventaire ou des réunions organisées. Les inventaires sont mis à jour par chaque État soumissionnaire à des périodes comprises entre deux et cinq ans et en collaboration avec les autorités de chaque État et des communautés concernées.

  1. Décide d’inscrire la calligraphie arabe : connaissances, compétences et pratiques sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite les seize États parties soumissionnaires de leur coopération dans la préparation du dossier de candidature ;
  3. Encourage les États parties à partager des expériences de sauvegarde avec d’autres États parties ayant des éléments similaires.

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