Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.b.29

Le Comité

  1. Prend note que le Nigeria a proposé la candidature du festival de Sango, Oyo (n  01617) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le festival de Sango, Oyo marque le début du Nouvel an traditionnel Yoruba en août. Il s’agit d’une célébration cultuelle ancestrale qui se déroule à Sango, au Nigeria, à proximité de l’ancien Temple de Koso. Ce festival d’une durée de 10 jours entretient des liens solides avec les institutions sociales, religieuses, culturelles et politiques de l’État d’Oyo. Il célèbre la mémoire de Tella-Oko, troisième Alaafin, ou roi de l’Empire d’Oyo, considéré comme l’incarnation du mythique Sango, orisha (divinité yoruba) du tonnerre et de la foudre. Pendant le festival, les fidèles consomment ensemble des ignames nouvelles rôties et de l’huile de palme. Ils tressent leurs cheveux et portent des vêtements rouges, ainsi que des colliers et des bracelets de perles blanches et rouges. Le festival comprend différents rites, ainsi que des danses, des chants de louange et des percussions, que l’Alaafin observe depuis sa cour. Le dernier jour, le grand prêtre quitte sa demeure pour incarner le Sango ancestral. Les dévots lui font des offrandes et le sollicitent pour qu’il apporte des solutions à leurs problèmes. Le Sango exécute les rites devant la foule et mène la procession jusqu’au palais. Le roi quitte le palais avant l’arrivée du Sango, qui y pénètre alors et règne en tant que roi d’Oyo le temps de cette journée, priant pour le bien de la communauté d’Oyo. Les connaissances et le savoir-faire en lien avec le festival sont transmis de génération en génération par le biais de la pratique vivante du festival, ainsi qu’au Temple de Sango et au Palais.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : Le festival englobe diverses pratiques socio-culturelles de la communauté d’Oyo et marque le début du Nouvel an traditionnel Yoruba. Les dévots du Sango se livrent à de nombreuses activités en lien avec la nourriture, les parures et costumes, les rituels, la danse, les chants de louanges et les percussions, qui sont des manifestations des valeurs culturelles de la communauté. Le rôle central est joué par l’Alaafin d’Oyo, qui est le dépositaire et le gardien de la culture Yoruba, et qui est assisté par un certain nombre d’autres personnes tenant des rôles distincts pendant tout le festival. Les connaissances et le savoir-faire sont transmis de génération en génération par le biais de la pratique vivante de la culture, les adultes transmettant leur savoir aux jeunes générations principalement au Temple du Sango et au Palais. Le festival permet d’unir la communauté et de développer des stratégies d’interaction socio-culturelle et de développement économique pour le Nouvel an traditionnel Yoruba. Il représente le lien avec le monde ancestral et réaffirme la puissance spirituelle du trône d’Oyo.

R.4 : Le dossier confirme la participation de la communauté au processus de candidature et explique comment la structure du consentement au sein de la communauté (qui inclut le fait de s’adresser à l’Alaafin d’Oyo considéré comme son autorité première, puis aux dévots du Sango) a été conservée. Les lettres de consentement libre, préalable et éclairé ont une pertinence directe par rapport à la candidature et tiennent compte des différents acteurs de l’élément. Le dossier démontre également que le respect des pratiques coutumières régissant l’accès à des espaces particuliers associés à l’élément a également été protégé.

R.5 :  L’élément a été identifié et documenté entre 2015 et 2016 et inclus dans les inventaires en 2016 et 2017. L’inventaire des ressources culturelles du Nigéria, géré par la Division de l’UNESCO au sein du Département des relations culturelles internationales du Ministère fédéral de l’information et de la culture de la République fédérale du Nigéria est mis à jour périodiquement lorsque des intervenants officiels sont invités à assister à des activités programmées. L’inventaire du patrimoine culturel immatériel d’Oyo est mis à jour par des intervenants officiels du palais qui ont été formés par l’UNESCO. Ce sont également eux qui mettent à jour les informations du site Web de l’Alaafin.

  1. Considère en outre que les informations contenues dans le dossier ne sont pas suffisantes pour permettre au Comité de déterminer si les critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, sont satisfaits :

R.2 : La candidature ne fournit pas assez d’informations sur comment l’inscription pourrait améliorer la visibilité du patrimoine culturel immatériel en général. Elle explique au lieu de cela comment l’inscription améliorera la visibilité de l’élément et stimulera le dialogue entre les communautés, les groupes et les individus concernés par l’élément. Le dossier explique comment différents produits créatifs sont utilisés dans le festival. Toutefois, les informations montrant comment l’inscription améliorera la créativité humaine et la diversité culturelle sont insuffisantes.

R.3 : Le dossier ne propose pas un ensemble clair de mesures de sauvegarde, ni n’explique comment les communautés ont été impliquées dans le développement des mesures de sauvegarde. Le dossier ne fournit pas non plus d’informations suffisantes sur les menaces possibles pour l’élément, ni sur les futures mesures de sauvegarde correspondant aux menaces. Les informations portent principalement sur la responsabilité de l’État qui s’engage à fournir un soutien financier, politique et administratif continu. Les communautés elles-mêmes jouent un rôle à part entière pour assurer la vitalité et la continuité de l’élément.

  1. Décide de renvoyer la candidature du festival de Sango, Oyo à l’État partie soumissionnaire et l’invite à resoumettre la candidature au Comité pour examen au cours d’un cycle ultérieur ;
  2. Félicite l’État partie d’avoir démontré de façon probante sa défense du respect des pratiques coutumières régissant l’accès à l’élément ;
  3. Encourage l’État partie, lorsqu’il soumettra des dossiers de candidature à l’avenir, à éviter les lettres de consentement standardisées et à encourager la plus large participation possible des communautés concernées.

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