Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.b.10

Le Comité

  1. Prend note que le Danemark (y compris les îles Féroé), la Finlande (y compris l’Åland), l’Islande, la Norvège et la Suède ont proposé la candidature des traditions nordiques des bateaux à clins (nº 01686) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Les bateaux à clins nordiques sont de petits bateaux en bois ouverts, qui mesurent entre cinq et dix mètres de long. Depuis près de deux millénaires, les peuples des régions nordiques (y compris les peuples autochtones samis de Finlande, de Norvège et de Suède et les groupes minoritaires tels que les Kvens en Norvège, les Tornedaliens en Suède et la population suédophone en Finlande) construisent des bateaux à clins en utilisant les mêmes techniques de base : des planches fines sont fixées à la charpente de la quille et de l’étrave, et les planches superposées sont ensuite fixées ensemble à l’aide de rivets en métal, de gournables ou de cordes. La coque du bateau est renforcée par des armatures. Les constructeurs de bateaux à clins mettent l’accent sur la durée d’acquisition de la connaissance et des compétences nécessaires à la construction de bateaux traditionnels. Dans le passé, il était courant de commencer sa formation auprès d’un maître dès son plus jeune âge, laquelle formation durerait jusqu’à dix ans pour apprendre les connaissances du métier. Véritable symbole commun du patrimoine côtier nordique, les bateaux à clins ont été traditionnellement utilisés pour la pêche et le transport de matériaux et de personnes. De nos jours, ils sont principalement utilisés au cours de festivités traditionnelles, de régates et d’évènements sportifs, même si environ un millier de personnes vivent entièrement ou partiellement de la production, de l’entretien ou de l’utilisation de bateaux à clins. Les traditions des bateaux à clins impliquent des pratiques sociales. Par exemple, une fois terminés, les bateaux font l’objet d’une cérémonie de mise à l’eau, au cours de laquelle un nom leur est attribué, accompagné de vœux de bonne fortune. Pendant la navigation et la rame, des chants traditionnels sont également exécutés sur le bateau.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : L’élément est une tradition de construction de bateaux à clins dans la région nordique pour divers usages et environnements, dont la conception et les techniques sont constamment adaptées. Les porteurs et praticiens sont des hommes et des femmes, et comprennent également certains peuples autochtones ou groupes minoritaires répartis sur un vaste territoire, parmi lesquels : (a) des constructeurs amateurs et professionnels ; (b) des individus et organisations associés à des musées, des chantiers navals, des quais secs et des groupes maritimes ; (c) des artisans associés, comme des fabricants de cordes, des forgerons, des scieurs et des fabricants de voiles ; et (d) la population dans son ensemble, dont l’élément fait partie de leur vie et de leurs festivités. Traditionnellement, la connaissance et les compétences sont transmises par l’apprentissage, mais elle inclut désormais une formation formelle proposée par des écoles et institutions publiques et privées, spécialisées dans la construction de bateaux. L’élément suscite désormais l’intérêt et la participation d’un plus grand nombre de femmes. Les traditions associées à l’élément contribuent à une meilleure santé, étant donné la nature physique des activités et sa mise en valeur parmi les jeunes. Il s’agit d’une tradition inclusive qui enseigne le respect de l’environnement.

R.2 : Le dossier de candidature propose de nombreuses approches et réflexions sur sa contribution à la visibilité et à la sensibilisation au sujet du patrimoine culturel immatériel, ainsi qu’à l’encouragement au dialogue et à la diversité culturelle. Cela inclut notamment une coopération entre les groupes majoritaires et minoritaires au sein des cinq États, le caractère transnational de la pratique et le premier dossier nordique joint impliquant les personnes concernées par l’élément. Dans son ensemble, le dossier démontre le respect de la diversité culturelle et l’importance de la créativité humaine qui se manifestent dans la pratique de l’élément, lesquels seraient davantage renforcés par une inscription.

R.3 : Les États parties et leurs individus, organisations privées et associations bénévoles assurent la construction, la restauration, l’entretien et la navigation des bateaux à clins, et encouragent leur utilisation. Parmi les activités liées à la transmission et à la sauvegarde de l’élément figurent : (a) la formation à la construction de bateaux traditionnels dans les centres de formation professionnelle ; (b) les activités en extérieur avec des bateaux à clins dans les écoles et universités publiques ; et (c) les parcours naturels organisés en collaboration avec des musées, centres maritimes, ONG et praticiens. Les mesures de sauvegarde proposées se concentrent largement sur la transmission des compétences associées à la construction des bateaux à clins traditionnels. Les États parties continueront de soutenir, en partie ou en intégralité, les institutions, musées, ONG, individus et groupes qui mettent en œuvre les programmes contribuant à la viabilité de l’élément.

R.4 : Le dossier souligne les débuts d’un effort coordonné vers une candidature à l’occasion du Festival de la culture côtière nordique à Húsavík (Islande) en juillet 2011, où l’idée d’une candidature et d’une inscription a été soulevée et formulée au cours de nombreux forums. Un groupe de travail composé de dix personnes provenant de tous les pays et régions concernés a été établi au tout début du processus afin d’établir une unité de coordination et de proposer une interface à l’échelle locale, nationale et régionale. L’idée a ensuite été élaborée plus en détail en 2014, puis le travail de candidature a débuté en 2015. Par la suite, une série de réunions régionales ont été organisées, comprenant notamment des praticiens, personnes concernées et représentants des communautés Sami et Kven. Le Forbundet KYSTEN (Fédération côtière norvégienne) a fait office de secrétaire au cours de la préparation de la candidature. Le consentement libre, préalable et éclairé est par ailleurs établi.

R.5 : Entre 2016 et 2019, l’élément a été inscrit dans les divers inventaires des États parties. Tous les inventaires sont administrés par une entité ou entité représentative de l’État concerné chargée du patrimoine culturel immatériel. Les inventaires existent sous forme de plates-formes ouvertes, accompagnées des sites web ou inventaires wiki web correspondants. Les inventaires sont mis à jour en général tous les deux à trois ans. Les mises à jour de l’élément peuvent être effectuées à tout moment, que ce soit en ligne, par e-mail ou à la demande de l’entité administratrice, en collaboration avec les praticiens et personnes concernées.

  1. Décide d’inscrire les traditions nordiques des bateaux à clins sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite les États parties pour leur collaboration dans la préparation du dossier, qui fait office d’un bon exemple de candidature multinationale d’un élément du patrimoine vivant largement pratiqué dans les sociétés, y compris par les peuples autochtones et groupes minoritaires.

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