Décision du Comité intergouvernemental : 12.COM 11.b.19

Le Comité

  1. Prend note que le Kirghizistan a proposé la candidature du kok-boru, jeu équestre traditionnel (n  01294) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le kok-boru, jeu équestre traditionnel, est la synthèse de pratiques traditionnelles, de performances et du jeu proprement dit. C’est un jeu traditionnel dans lequel deux équipes de cavaliers tentent de déposer une carcasse de chèvre (remplacée par un moulage de nos jours) ou « ulak » dans le but de leurs adversaires. La communauté des détenteurs inclut des joueurs répartis dans des équipes de ligue supérieure, semi-professionnelles et amateurs, ainsi que le grand public. Les joueurs les plus expérimentés font office d’arbitres, tandis que les « kalystar » (anciens) entrent dans une autre catégorie. Ils sont les garants de l’impartialité du jeu. L’élément est l’expression d’une tradition culturelle et historique ainsi que de l’identité spirituelle de ses praticiens. Il contribue à renforcer la cohésion des communautés, indépendamment de leur statut social. Le jeu favorise une culture du travail en équipe, de responsabilité et de respect. Les connaissances relatives à l’élément sont principalement transmises de façon naturelle par des démonstrations, ainsi qu’à l’occasion d’événements festifs et sociaux. La communauté concernée participe activement à assurer la viabilité de l’élément à travers la transmission de connaissances et de savoir-faire, par des travaux de recherche et l’organisation de séances de formation. La Fédération nationale du kok-boru, créée en 1998, joue un rôle clé dans la promotion et la sauvegarde de l’élément par le développement et l’organisation d’activités.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  Le kok-boru est un jeu nomade traditionnel auquel participent des êtres humains et des chevaux et qui témoigne de leurs liens étroits. Il est essentiellement pratiqué par de jeunes hommes et constitue une dimension importante du patrimoine culturel des communautés concernées au Kirghizistan. Les communautés de détenteurs sont caractérisées par un système complexe de rôles bien précis, à savoir : les joueurs, les entraîneurs, les arbitres, les anciens, les spectateurs et les connaisseurs des chevaux. Les mécanismes de transmission incluent le transfert de savoir-faire relatif à la maîtrise de l’équitation, les règles du jeu, l’apprentissage par la pratique et l’imitation. Une codification des règles a été établie récemment pour assurer la sécurité des participants et des animaux durant la compétition. L’élément favorise et transmet un code de déontologie strict, qui recouvre les notions de travail en équipe, de patience, de respect entre les joueurs et à l’égard des chevaux.

R.2 :  L’inscription de l’élément augmenterait la visibilité d’une forme traditionnelle de divertissement social et spirituel dans le monde contemporain. Elle renforcerait les sentiments de fierté et de respect de soi des praticiens des sports traditionnels en soulignant l’importance de ces pratiques dans les sociétés modernes. Les composantes de l’élément transparaissent dans la littérature, les films et les œuvres d’art, notamment l’art populaire, et constituent donc un moyen de dialogue et d’échange interculturels. Elles sont également le reflet de spécificités culturelles qui s’expriment au travers de connaissances spirituelles et traditionnelles que l’on retrouve, par exemple, dans l’art de fabriquer à la main le matériel d’équitation et la tenue des détenteurs. Elles sont donc la preuve de la diversité du patrimoine vivant.

R.3 :  Les mesures passées et actuelles pour la sauvegarde de l’élément incluent les suivantes : transmission des compétences et connaissances traditionnelles par les détenteurs individuels du kok-boru ; participation à des activités de recherche et de documentation débouchant sur des publications telles que des guides pratiques élaborés par des praticiens, entre autres. Le Ministère de la culture, de l’information et du tourisme a coordonné diverses initiatives et un plan national pour la pratique du kok-boru a été élaboré. L’État partie concerné a créé un cadre juridique sur le patrimoine culturel immatériel, notamment à travers l’élaboration d’une loi sur les sports nationaux (2003) et l’établissement d’un programme national de préservation du patrimoine culturel immatériel (2012). Il a aussi amélioré les infrastructures dans la sphère culturelle, prévoyant notamment la construction d’un hippodrome pour accueillir les jeux équestres ou des camps de formation. Les sources de financement possibles proviennent du secteur privé et des activités d’élevage des chevaux. Les mesures proposées pour populariser l’élément incluent des événements tels que les « IIème Jeux nomades mondiaux » ainsi qu’une conférence internationale intitulée « Le rôle des connaissances traditionnelles et des jeux des cultures nomades dans le développement durable ».

R.4 :  La sauvegarde de la tradition et le processus de candidature qui en a découlé ont bénéficié d’un soutien sans précédent de la part des détenteurs et du public en général. À travers une série de réunions consultatives, les communautés, les détenteurs et les praticiens du kok-boru ont participé activement à toutes les étapes de la préparation du dossier de candidature et ont donné leur consentement à la candidature de l’élément, comme le prouvent les lettres de consentement jointes. Après son renvoi en 2015, les représentants des fédérations nationale et régionales de kok-boru étaient particulièrement désireux de réviser et de redémarrer le processus de candidature et un groupe de travail national a été créé. Des débats ont eu lieu à travers le pays, auxquels le grand public a pu apporter sa contribution grâce au site internet dédié. Les communautés ont engagé des travaux bénévoles pour soutenir le processus en supportant le coût des réunions. À cet égard, les réseaux sociaux ont joué un rôle capital.

R.5 :  Le kok-boru a été inclus dans l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel en 2015, sous la responsabilité du gouvernement de la République kirghize. L’inventaire est mis à jour tous les trois ans. La dernière mise à jour remonte à 2014. Le processus est effectué avec la participation des représentants des fédérations régionales et des communautés pour identifier, documenter et proposer des mesures de sauvegarde.

  1. Inscrit le kok-boru, jeu équestre traditionnel sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Rappelle à l’État partie de prêter une attention particulière à la qualité linguistique du dossier et à éviter les termes et expressions inappropriés qui sont contraires à l’esprit de la Convention, tels que la notion de « culture mondiale » ;
  3. Félicite l’État partie de l’amélioration de son dossier suite au renvoi de la candidature en 2015.

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