Décision du Comité intergouvernemental : 12.COM 11.b.17

Le Comité

  1. Prend note que l’Italie a proposé la candidature de l’art du pizzaiolo napolitain (n  00722) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

L’art du pizzaiolo napolitain est une pratique culinaire comprenant quatre étapes différentes relatives à la préparation de la pâte et à sa cuisson au feu de bois en faisant tourner la pizza dans le four. L’élément est originaire de Naples, capitale de la Campanie, où près de 3 000 pizzaiolos vivent et travaillent actuellement. Les pizzaiolos sont un lien vivant pour les communautés concernées. Il existe trois grandes catégories de détenteurs – le maître pizzaiolo, le pizzaiolo et l’enfourneur – ainsi que les familles de Naples qui reproduisent l’art à la maison. L’élément favorise le rassemblement et l’échange entre les générations. Il s’apparente à un spectacle, lorsque le pizzaiolo, au centre de sa « bottega », partage son art. Chaque année, pour garantir la viabilité de cet art, l’association des pizzaiolos napolitains organise des cours axés sur l’histoire, les outils et les techniques de fabrication de pizza. Les savoir-faire techniques sont également enseignés à Naples dans des écoles et les apprentis peuvent apprendre cet art dans les familles napolitaines. Cependant, les connaissances et les savoir-faire sont essentiellement transmis dans la « bottega », où les jeunes apprentis observent leur maître au travail et apprennent l’ensemble des étapes et des éléments clés de l’art.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  L’élément représente le savoir-faire culinaire lié à la réalisation de pizzas, associant gestuelle, chansons, expressions du visage, argot local, manipulation de la pâte à pizza, spectacle et partage. Les détenteurs et les visiteurs sont réunis autour d’un rituel social avec le pizzaiolo dont le plan de travail et le four sont le centre de la « scène » pendant la réalisation de la pizza. Les échanges constants avec les visiteurs en font un moment de convivialité. Issue des quartiers pauvres de Naples, la tradition culinaire est profondément enracinée dans la vie quotidienne de la communauté. Pour de nombreux jeunes praticiens, l’apprentissage de l’art du pizzaiolo offre également une alternative à la marginalité. Le dossier démontre également qu’une attention particulière est portée au développement durable, notamment à travers l’utilisation d’ingrédients naturels et de bois issu de forêts certifiées durables.

R.2 :  L’inscription de l’élément soulignerait l’importance des traditions culinaires comme marqueurs identitaires forts facilement accessibles à un large public composé de personnes issues de différents milieux culturels, qui partagent des besoins nutritionnels essentiels. Le savoir-faire lié au travail d’ingrédients essentiels, naturels, comme la farine et l’eau, témoigne de la créativité des praticiens. L’élément est également un exemple de la façon dont le patrimoine culturel immatériel peut stimuler la créativité des enfants. L’inscription permettrait d’accroître la visibilité et la diversité du patrimoine culturel immatériel en attirant l’attention sur la nature spécifique de cet élément qui combine pratiques artisanales et alimentaires, et favoriserait le dialogue entre la communauté concernée à la fois en Italie et dans d’autres communautés qui pratiquent des arts similaires liés à l’alimentation dans le monde entier.

R.3 :  La viabilité de l’élément a jusqu’à présent été assurée par les communautés concernées à travers des activités d’identification, de recherche, de documentation, de transmission et de sensibilisation. Par exemple, l’Association des pizzaiolos napolitains et l’Académie des jeunes pizzaiolos organisent des cours réguliers. Le Ministère italien de l’agriculture a promu cet art en Italie et à l’étranger et mis au point des mesures spécifiques pour sa sauvegarde. Les mesures de sauvegarde proposées incluent l’élaboration de nouveaux programmes éducatifs et professionnels spécifiques, un salon international des pizzaiolos napolitains, organisé tous les ans par l’association des pizzaiolos napolitains depuis 2002, des recherches et une cartographie culturelle, le lancement d’un projet visant à recueillir des récits oraux des maîtres détenteurs, la création d’une application mobile relative à l’élément, entre autres. Les organismes gouvernementaux locaux et nationaux ont prévu les fonds de soutien à ces mesures.

R.4 :  Le processus de candidature a débuté en 2010, lorsque l’association des pizzaiolos napolitains a contacté le Ministère de l’agriculture pour lui soumettre l’idée. La participation éclairée des communautés locales est démontrée. Malgré le long processus de candidature à l’échelle nationale, l’intérêt constant et renforcé des membres de la communauté (y compris des associations concernées, des universitaires, des experts et des écoles primaires) a été démontré par leur large participation, par exemple à travers des rencontres périodiques et via les réseaux sociaux. La pétition lancée pour soutenir la candidature a recueilli un million de signatures auprès des Napolitains. Les travaux artistiques réalisés par les enfants et illustrant le consentement à la candidature sont joints au dossier, ainsi que les autres lettres de consentement.

R.5 :  L’élément est inclus dans plusieurs inventaires. Par exemple, en 2010, il a été inclus dans l’inventaire national des techniques traditionnelles artisanales et, en 2012, au Registre national des connaissances traditionnelles établi par le Ministère des politiques agricoles, alimentaires et forestières. Le bureau responsable de l’inventaire artisanal est le Comité national pour la promotion et la préservation des aliments et pratiques italiens. Il est mis à jour tous les ans à partir des propositions des régions italiennes. Les inventaires ont été dressés avec la participation des communautés, des groupes et des organisations non gouvernementales pertinentes.

  1. Inscrit l’art du pizzaiolo napolitain sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Rappelle à l’État partie qu’il est important d’utiliser du vocabulaire et des concepts dans l’esprit de la Convention et d’éviter par conséquent les termes et expressions tels que « authenticité », « contrefaçon », « origine » géographique, ainsi que toute référence à une propriété exclusive sur le patrimoine culturel immatériel ;
  3. Souligne que les mesures de sauvegarde visant à « préserver l’authenticité » d’un élément du patrimoine culturel immatériel ne sont pas conformes à l’esprit de la Convention et seraient contraires à la nature en constante évolution du patrimoine vivant, qui est par définition recréé en permanence par les communautés concernées.

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