Décision du Comité intergouvernemental : 11.COM 10.b.2

Le Comité

  1. Prend note que l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la République islamique d’Iran et la Turquie ont proposé la candidature de la culture de la fabrication et du partage de pain plat : Lavash, Katyrma, Jupka, Yufka (no 01181) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La culture de la fabrication et du partage du pain plat dans les communautés d’Azerbaïdjan, d’Iran, du Kazakhstan, du Kirghizistan et de Turquie remplit des fonctions sociales grâce auxquelles cette tradition continue d’être suivie par de nombreux individus. La fabrication du pain (lavash, katyrma, jupka ou yufka) mobilise au moins trois personnes, souvent d’une même famille, qui ont chacune un rôle dans sa préparation et sa cuisson. Dans les zones rurales, le processus se déroule entre voisins. Les boulangeries traditionnelles fabriquent également ce pain. Il est cuit dans des tandyrs/tanūrs (fours en terre ou en pierres creusés dans le sol), sur des sājs (plaques métalliques) ou dans des kazans (chaudrons). Outre lors des repas habituels, le pain plat est partagé à l’occasion des mariages, des naissances, des funérailles, des vacances et des prières. En Azerbaïdjan et en Iran, il est posé sur les épaules de la mariée ou émietté sur sa tête pour souhaiter prospérité au couple alors qu’en Turquie, il est donné aux voisins du couple. Au Kazakhstan, la croyance veut que ce pain soit préparé lors de funérailles pour protéger le défunt en attendant la décision divine, et au Kirghizistan, le partage du pain assure au défunt un meilleur séjour dans l’au-delà. Cette pratique, activement transmise au sein des familles et de maîtres à apprentis, reflète l’hospitalité, la solidarité et certaines croyances symbolisant des racines culturelles communes et renforce ainsi le sentiment d’appartenance à la communauté.

  1. Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants :

R.1 :  L’élément est considéré comme faisant partie du patrimoine culturel commun aux cinq États soumissionnaires. Il est associé à plusieurs savoir-faire et rituels dotés de caractéristiques communes, ainsi qu’à des traditions propres à chaque État, telles que l’utilisation du pain plat lors des funérailles, des cérémonies religieuses, des mariages et des célébrations entourant le passage des saisons. Le dossier démontre que l’élément remplit diverses fonctions sociales et culturelles, favorisant ainsi la cohésion sociale, le respect mutuel, la paix, l’hospitalité et les échanges entre les communautés concernées. Les connaissances et les savoir-faire liés à la préparation du pain plat ont été transmis de génération en génération, que ce soit de façon informelle de mères à filles à la maison, ou de façon formelle de maîtres à apprentis dans les boulangeries traditionnelles et les écoles. L’élément renforce la cohésion sociale à travers des activités collectives ;

R.2 :  Le dossier démontre que l’inscription de l’élément contribuerait à mieux faire connaître le patrimoine culturel immatériel, et en particulier les éléments favorisant les relations sociales et le partage ainsi que les dimensions culturelles des pratiques culinaires comme exemples de créativité humaine et de patrimoine culturel immatériel. L’inscription de l’élément favoriserait également la reconnaissance du patrimoine culturel immatériel comme un moyen d’assurer le développement durable et de promouvoir la sécurité alimentaire. L’inscription devrait aussi encourager les communautés des cinq États soumissionnaires à engager un dialogue interculturel pour mieux appréhender leurs similitudes et leurs différences ;

R.3 :  Les communautés concernées des cinq États soumissionnaires ont mis en œuvre des mesures visant à assurer la viabilité de l’élément dans lesquelles les praticiens jouent un rôle central (campagnes médiatiques, participation à des festivals culinaires traditionnels, transmission formelle et non formelle et actions de sensibilisation). En outre, les organisations non gouvernementales, les instituts de recherche, les autorités gouvernementales et les syndicats concernés ont préparé des publications, mis en valeur la législation et géré des ateliers spécifiques, des films, des musées et des instituts de formation culinaire. Les États parties ont soutenu les efforts des communautés sur le plan financier et légal. Les activités proposées sont diverses et détaillées ; elles s’accompagnent d’objectifs bien définis et d’un calendrier sur six ans qui prévoit de promouvoir la transmission par l’éducation formelle et non formelle, d’encourager une utilisation durable des ressources naturelles, la conduite de travaux de recherche et de documentation ainsi que des actions de sensibilisation. L’un des États soumissionnaires a quant à lui l’intention d’instaurer un programme visant à assurer la préservation des ingrédients traditionnellement utilisés pour fabriquer le pain plat dans le cadre d’une politique agricole plus générale, et de proposer des activités communes à différents pays (festivals internationaux, initiatives transfrontalières lancées par des universités et création d’une commission basée sur les groupes de travail qui ont préparé la candidature pour suivre, le cas échéant, les effets de l’inscription). La participation des communautés concernées à l’élaboration des mesures proposées et à leur mise en œuvre est également soulignée par chaque État soumissionnaire ;

R.4 :  Le processus de candidature a été amorcé, avec le soutien des autorités compétentes, par les communautés et les organisations non gouvernementales concernées dans les cinq pays, qui ont constitué cinq groupes de travail. Les communautés ont été informées dès le début du caractère multinational de la candidature et des représentants des cinq pays se sont réunis pour présenter une candidature commune. Le dossier s’accompagne de nombreux documents qui prouvent le consentement des communautés, des organisations non gouvernementales, des institutions de recherche et des universités concernées. Le dossier confirme que la culture de la fabrication et du partage du pain est librement pratiquée dans les cinq pays et que rien ne restreint l’accès aux informations relatives aux ingrédients et aux outils utilisés ou à tout autre aspect de l’élément ;

R.5 :  Les cinq États soumissionnaires démontrent que l’élément a été identifié et inclus dans l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel de chacun d’entre eux avec la participation des communautés, des organisations non gouvernementales, des groupes et des individus concernés. Des preuves de leur mise à jour régulière sont également fournies.

  1. Inscrit la culture de la fabrication et du partage de pain plat : Lavash, Katyrma, Jupka, Yufka sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Prend note que la culture de la fabrication et du partage de pain plat est partagée par des communautés dans la région et au-delà (décision 9.COM 10.3).

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