Décision du Comité intergouvernemental : 14.COM 10.b.24

Le Comité,

  1. Prend note que la Mongolie a proposé la candidature du procédé traditionnel de préparation de l’aïrag dans un khokhuur et des coutumes associées (n  01172) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le procédé traditionnel de préparation de l’aïrag dans un khokhuur et les coutumes associées englobent la méthode traditionnelle de préparation de l’aïrag – une boisson fermentée à base de lait de jument – et le matériel nécessaire à celle-ci, tel que le khokhuur (récipient en peau de vache), le buluur (spatule) et le khovoo (moule), ainsi que les coutumes sociales et les rituels associés. Le procédé basique de préparation de l’aïrag consiste à traire les juments et à laisser refroidir le lait frais, puis à le battre régulièrement (environ 500 fois) après l’avoir versé dans un khokhuur contenant un reste d’aïrag, ce qui facilite la fermentation. Le khokhuur et le matériel associé sont fabriqués par des personnes qui possèdent des connaissances et savoir-faire séculaires, et les compétences nécessaires à la préparation et à la conservation des ferments lactiques sont également très importantes. Boisson nutritive et facile à digérer, l’aïrag est un élément important de l’alimentation quotidienne des Mongols ; il s’est également avéré être efficace dans le traitement de certaines maladies. L’aïrag joue également un rôle essentiel en tant que boisson symbolique dans la vie quotidienne des éleveurs ainsi qu’à l’occasion des célébrations sociales : il est consommé comme boisson clé bénite lors de diverses festivités, et est utilisé pour des offrandes et des bénédictions rituelles. Les détenteurs et praticiens héritent des pratiques traditionnelles et des connaissances de leurs parents, ce qui a permis de perpétuer cette tradition depuis des milliers d’années.

  1. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 : Le procédé traditionnel de préparation de l’aïrag et les coutumes associées véhiculent des informations socioculturelles qui reflètent et expliquent les caractéristiques essentielles des relations sociales des communautés d’éleveurs. Considéré comme un symbole de bonheur, l’aïrag est clairement associé à l’identité culturelle de la nation mongole : il renforce la cohésion entre les membres de la société et est un important symbole de solidarité.

R.2 : L’inscription du procédé traditionnel de préparation de l’aïrag dans un khokhuur et les coutumes associées permettrait d’accroître la visibilité et la sensibilisation au patrimoine culturel immatériel associé à la culture nomade, en reconnaissant sa contribution à la diversité culturelle et à la créativité et en facilitant un dialogue positif entre les communautés nomades, mais aussi entre les éleveurs nomades et les communautés urbaines. De plus, la tradition du pastoralisme nomade, l’élevage de chevaux et la préparation de l’aïrag peuvent apporter de précieuses informations sur les pratiques relatives à la préservation de la nature, sans nuire toutefois à l’environnement.

R.3 : L’État partie a mis en œuvre différentes activités en étroite coopération avec les municipalités locales et les organisations non gouvernementales, afin de garantir la viabilité de l’élément. Les activités de sauvegarde proposées ont été examinées et planifiées à travers de nombreuses consultations et seront mises en œuvre par des organisations non gouvernementales des communautés en deux phases, entre 2019 et 2025. La première phase portera sur l’élaboration et le lancement d’un programme durable visant à sauvegarder, promouvoir, étudier, faire connaître et transmettre l’élément. La deuxième phase mettra en place les conditions pour renforcer son statut parmi les autres éléments culturels de la Liste représentative nationale du patrimoine culturel, afin d’en faire un secteur important de l’industrie culturelle.

R.4 : Ce dossier de candidature est le résultat de cinq années de travail. Les procédures adoptées pour la préparation du dossier ont été largement discutées entre les détenteurs, les chercheurs, les groupes et les communautés concernés. Les gouvernements locaux et les communautés concernées ont préparé ensemble le dossier de candidature et ses annexes, dès les premières étapes de préparation de la candidature. Les documents soumis sont le résultat et l’expression du travail collaboratif de toutes les parties prenantes.

R.5 : L’élément est inscrit sur la Liste représentative nationale du patrimoine culturel immatériel depuis 2013. Le Centre national pour le patrimoine culturel est l’organisation chargée d’enregistrer, d’informer, de créer et de tenir à jour la base de données et d’organiser l’inventaire du patrimoine culturel immatériel aux niveaux local, régional et national avec l’aide des communautés et des autres organismes concernés. Le gouvernement continue de surveiller et de mettre à jour annuellement la base de données de l’inventaire, avec la participation des communautés, groupes et individus concernés afin de s’assurer qu’il reprend les informations les plus récentes sur le patrimoine culturel immatériel.

  1. Décide d’inscrire le procédé traditionnel de préparation de l’aïrag dans un khokhuur et les coutumes associées sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite l’État partie d’avoir proposé un élément démontrant comment le pastoralisme nomade peut contribuer à la protection de l’environnement et au développement durable ;
  3. Encourage l’État partie à éviter d’inclure à l’avenir les lettres de consentement standardisées aux dossiers de candidature ;
  4. Encourage en outre l’État soumissionnaire à prendre en considération les éventuels effets indésirables de l’inscription de l’élément, y compris sa mise en péril, et l’invite à réfléchir à cet aspect lors de la mise en œuvre des mesures de sauvegarde proposées.

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