Décision du Comité intergouvernemental : 14.COM 10.b.23

Le Comité,

  1. Prend note que le Mexique et l’Espagne ont proposé la candidature du Processus de fabrication de la talavera artisanale de Puebla et de Tlaxcala (Mexique) et de la céramique de Talavera de la Reina et d’El Puente del Arzobispo (Espagne) (n  01462) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Deux communautés au Mexique et deux autres en Espagne fabriquent la talavera artisanale de Puebla et de Tlaxcala (Mexique) et la céramique de Talavera de la Reina et d’El Puente del Arzobispo (Espagne). Les céramiques sont utilisées à des fins domestiques, décoratives et architecturales. Malgré des changements et les évolutions auxquelles les céramiques ont fait face dans les deux pays (liées à l’utilisation de tours de potiers électriques aujourd’hui), les processus de fabrication artisanaux, y compris les techniques de fabrication, d’émaillage et de décoration, restent les mêmes qu’au XVIe siècle. Les connaissances et savoir-faire relatifs à cet élément incluent la préparation de l’argile, la fabrication de la faïence à l’aide d’un tour de potier ou d’un moule, la décoration, la préparation des émaux et des pigments et la gestion du four, qui nécessite une grande expertise. Certains céramistes gèrent l’ensemble du processus, tandis que d’autres se spécialisent dans des tâches spécifiques. Les connaissances liées à l’élément (y compris l’extraction des matières premières, le traitement des matériaux, la décoration et les techniques de cuisson) sont principalement détenues par des maîtres faïenciers et céramistes qui ont développé leurs compétences au fil du temps et les ont oralement transmises aux jeunes générations, dans leurs ateliers ou dans le cadre familial. Chaque atelier a sa propre identité, qui transparaît à travers le détail des formes, des décors, des couleurs et des émaux des pièces. La production de céramiques reste un symbole identitaire capital dans les deux pays.

  1. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 : Les processus de fabrication de la céramique talavera ont une continuité historique qui fait de la production de ce type de céramique un symbole identitaire de Puebla et de Tlaxcala au Mexique et de Talavera de la Reina et d’El Puente del Arzobispo en Espagne. En conséquence, le vocabulaire relatif à la production de céramique s’est développé et répandu, agissant comme un lien entre les deux pays. Aujourd’hui, dans chaque territoire, l’élément aide à créer un sentiment d’unité et renforce les liens entre les communautés.

R.2 : L’inscription de l’élément sensibiliserait à la valeur du patrimoine immatériel à l’échelle locale, augmenterait le sentiment de fierté des artisans, revaloriserait leurs connaissances ancestrales auprès de leurs communautés, et augmenterait l’intérêt des jeunes générations pour le patrimoine culturel immatériel. De plus, l’inscription contribuerait à la création d’un nouvel espace de dialogue et d’une dynamique de coopération internationale autour du patrimoine culturel immatériel, à laquelle d’autres nations pourraient participer. L’inscription de l’élément rappellerait également à la communauté internationale l’importance et la survie des savoirs artisanaux et contribuerait à accroître leur visibilité.

R.4 : Au Mexique, la préparation du dossier de candidature s’est faite avec la participation de représentants des détenteurs et d’acteurs concernés par cette pratique, tels que des universitaires, des experts, des autorités gouvernementales et des entrepreneurs. En Espagne, la candidature a été élaborée dans le cadre d’un projet citoyen à l’initiative des communautés elles-mêmes depuis le début du processus. Les informations nécessaires à la préparation de la candidature ont été recueillies auprès des habitants de centres de détenteurs, des universitaires, des entrepreneurs, des groupes politiques et des médias.

R.5 : Les processus de fabrication des céramiques talavera sont inclus dans l’inventaire national des deux pays. Ils ont été inscrits dans l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel du Mexique en 2018 et dans le Registre général des biens d’intérêt culturel du Ministère de l’éducation, de la culture et des sports d’Espagne en 2015. Des éléments indiquent clairement que les deux inventaires ont été mis à jour et comment les communautés ont participé au processus.

  1. Estime en outre que, sur la base des informations fournies par les États parties au Comité au cours de sa présente session, le critère d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivant est satisfait :

R.3 :  Les communautés de détenteurs des deux pays ont participé activement à la sauvegarde de la pratique artisanale traditionnelle à travers différents types de mesures avec le soutien des autorités gouvernementales locales et nationales. Parmi elles, l’expérience présentée dans le dossier concernant le lien établi entre le patrimoine culturel immatériel et la propriété industrielle, peut fournir des éléments qui pourraient contribuer à une meilleure sauvegarde de ces pratiques artisanales dans le monde et éviter une appropriation culturelle inappropriée par des acteurs extérieurs. Le Mexique et l’Espagne ont souligné l’importance de cette tradition pour les deux pays et ont créé des espaces d’échange d’expériences pour renforcer le travail conjoint qui pourrait conduire à l’avenir à des mesures de sauvegarde communes.

  1. Décide d’inscrire le Processus de fabrication de la talavera artisanale de Puebla et de Tlaxcala (Mexique) et de la céramique de Talavera de la Reina et d’El Puente del Arzobispo (Espagne) sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Rappelle aux États parties que l’objectif principal de la Convention est la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et les invite à prendre des mesures pour gérer de manière adéquate la commercialisation de l’élément et atténuer les éventuels impacts négatifs.

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