Décision du Comité intergouvernemental : 13.COM 10.b.41

Le Comité

  1. Prend note que la République populaire démocratique de Corée a proposé la candidature du ssirum, lutte dans la République populaire démocratique de Corée (n  01361) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le ssirum (lutte) est une activité physique populaire, pratiquée dans toutes les régions de la République démocratique populaire de Corée, dans laquelle chacun des deux adversaires s’emploie à mettre l’autre à terre en utilisant un satpa (une sangle de tissu reliant la taille et la jambe), leur torse, leurs mains et leurs jambes. Le ssirum se distingue par l’utilisation du satpa et l’attribution d’un taureau au vainqueur. Depuis les temps anciens, les Coréens pratiquent le ssirum comme entraînement physique pendant leur temps de congés et tout particulièrement lors de compétitions organisées à l’occasion de fêtes traditionnelles. Lors de ces fêtes, une foule (composée de jeunes et d’anciens) se rassemble autour de l’aire de combat : les lutteurs s’affrontent en utilisant diverses techniques ; les spectateurs encouragent avec enthousiasme leur favori ; et le vainqueur chevauche un taureau pour célébrer sa victoire. Le ssirum, un exercice physique qui fait travailler tout le corps, encourage la culture du corps et de l’esprit, ainsi que le respect mutuel et la coopération, contribuant ainsi à l’harmonie et la cohésion des communautés et des groupes. Pyongyang, la capitale du pays, joue un rôle essentiel dans la pratique, la protection et la transmission du ssirum, avec plusieurs communautés, organisations et institutions concernées par l’élément, notamment l’Association coréenne de ssirum. Dès l’enfance, l’art du ssirum est transmis aux Coréens par les membres de la famille et les voisins, l’enseignement étant ensuite dispensé à tous les niveaux du système éducatif.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  Les hommes apprennent le ssirum enfant auprès de leur père, grands-pères et de leurs voisins. Profondément ancré à tous les niveaux de la société coréenne, l’élément aide à cultiver l’esprit et le corps, et renforce la cohésion sociale et l’harmonie au sein des communautés et groupes : assister aux matchs, encourager les lutteurs et partager des émotions apportent au public comme aux lutteurs un sentiment d’appartenance et de continuité. Si le ssirum est pratiqué principalement par des hommes, les femmes jouent également des rôles importants. Celles-ci participent en tant que membres du public, préparent la nourriture et les costumes des lutteurs masculins et encouragent leurs enfants à apprendre et pratiquer le ssirum.

R.2 :  L’inscription du ssirum mettra en évidence l’importance de la pérennisation des traditions et coutumes populaires, favorisera le dialogue et le partage d’expérience entre les associations au niveau national et les différentes communautés qui pratiquent des éléments similaires dans le monde. La production d’objets matériels associés au ssirum et liés à l’expression d’un folklore oral souligne l’importance de la diversité culturelle et témoigne de la créativité humaine.

R.3 :  Clairement structuré, le plan de sauvegarde proposé s’inspire des activités d’un cadre institutionnel en place depuis 1945. L’objectif principal de ce plan est le développement durable de la tradition, qui serait atteint grâce à des plans à long terme et annuels. Tout facteur pouvant influencer l’élément de manière négative serait prévenu par la désignation immédiate de contre-mesures. L’Association coréenne de ssirum est responsable de la mise en œuvre des activités liées à l’éducation formelle, à la documentation, à la recherche, à l’échange d’informations, à la promotion et à la diffusion, y compris à travers les centres de ssirum à l’échelle locale et nationale. La communauté a participé à l’élaboration des mesures de sauvegarde pendant trois réunions consultatives.

R.4 :  Une large gamme d’institutions publiques et d’organisations ont participé à la préparation du dossier de candidature. L’Autorité nationale pour la protection du patrimoine culturel a rassemblé les données parmi les praticiens et détenteurs, et organisé des séminaires avec des experts responsables de la diffusion des techniques de ssirum. Diverses expressions du consentement libre, préalable et éclairé sont fournies, et comportent les signatures de représentants des autorités nationales et locales, de clubs de ssirum, de praticiens, d’écoliers et de différentes organisations socialistes de travailleurs.

R.5 :  Cet élément est inclus dans l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la République populaire démocratique de Corée qui est mis à jour tous les trois ans depuis 2013. L’élément a été inventorié grâce aux efforts conjugués de l’Association coréenne de ssirum, de la Commission pour l’éducation, de l’Académie des sciences sociales, d’organes d’état, d’organisations de travailleurs et de nombreux passionnés de ssirum. Les femmes ont également joué un rôle important dans le processus d’inventaire en fournissant des informations sur la viabilité et les fonctions culturelles et sociales du ssirum.

  1. Prend note en outre que la République de Corée a proposé la candidature du ssireum, lutte traditionnelle en République de Corée (n  01280) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le ssireum, ou lutte traditionnelle, est une forme populaire de divertissement très appréciée dans toute la République de Corée. Le ssireum est un type de lutte dans laquelle deux lutteurs portant une longue ceinture de tissu autour de la taille et d’une jambe attrapent la ceinture de leur adversaire et tentent, par diverses techniques, de le mettre à terre. Pour les adultes, le vainqueur du dernier match se voit remettre un bœuf, symbole de l’abondance agricole, et le titre de « jangsa ». Une fois le tournoi achevé, le jangsa défile dans le quartier sur son bœuf pour fêter sa victoire. Les combats se déroulent sur du sable dans n’importe quel endroit disponible d’un quartier, et sont ouverts aux membres de la communauté indépendamment de leur âge, des enfants aux anciens. Les combats sont organisés à diverses occasions, notamment les fêtes traditionnelles, les jours de marché et les festivals. Plusieurs régions ont développé des variantes locales du ssireum basées sur leurs contextes particuliers, mais ces différentes formes ont toutes en commun la fonction sociale du ssireum qui est de renforcer la solidarité et la collaboration au sein de la communauté. Étant un sport accessible qui présente peu de danger de blessure, le ssireum est également un moyen d’améliorer la santé mentale et physique. Les Coréens sont très exposés aux traditions du ssireum au sein des familles et des communautés locales : les membres de la famille enseignent les techniques de lutte aux enfants, les communautés locales organisent des tournois annuels de lutte ouverts à tous, et un enseignement est dispensé dans le cadre scolaire.

  1. Décide en outre que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  Dans l’ensemble du pays, l’élément est reconnu par les Coréens comme faisant partie du patrimoine culturel coréen. Les détenteurs de la tradition et les praticiens sont d’âge, de genre, de régions et de milieux sociaux différents. Conformément aux caractéristiques générales des jeux et des sports, l’élément encourage la bonne santé mentale et physique, la solidarité, l’unité et les valeurs sportives au sein de la communauté. Puisque les combats de ssireum ont lieu lors de chaque grande fête traditionnelle, ils sont étroitement liés à l’identité culturelle coréenne.

R.2 :  En soulignant la valeur des sports et des jeux traditionnels en tant que composante essentielle du patrimoine culturel immatériel, l’inscription de l’élément pourrait contribuer à améliorer la visibilité de ce dernier. En raison de la diversité du ssireum en Corée et dans le monde, son inscription pourrait conduire à un dialogue entre les communautés concernant les différentes techniques et méthodes de lutte ainsi qu’à la création d’un réseau mondial du ssireum visant à promouvoir des activités communes. Elle permettrait aussi de souligner la variété des formes de lutte selon les contextes naturels et historiques des pays d’origine, témoignant ainsi de la diversité culturelle et de la créativité humaine.

R.3 :  La sauvegarde de l’élément est assurée par les familles, les communautés locales, les écoles, les universités, l’Association coréenne de ssireum et ses branches régionales, et bénéficie d’un important soutien institutionnel et administratif de la part du gouvernement. Les mesures de sauvegarde proposées sont équilibrées et reflètent la large présence de l’élément dans tout le pays, tout en considérant que la transmission reste le meilleur moyen d’assurer sa sauvegarde dans le temps. Le plan de sauvegarde inclut le suivi des éventuels effets secondaires de l’inscription et des actions visant à empêcher la commercialisation du ssireum.

R.4 :  Trois grands groupes ont participé au processus de candidature : la population coréenne en général qui a sélectionné le ssireum comme l’un des 100 symboles de la culture coréenne et le considère comme une part importante de son identité, l’Association coréenne de ssireum qui représente les praticiens et a préparé le dossier de candidature, et des experts et universitaires qui ont aussi été impliqués dans la préparation du dossier. Les associations régionales représentatives et les universitaires de l’Université Yong-In ont fourni leur consentement libre, préalable et éclairé au nom de l’ensemble de la communauté du ssireum.

R.5 :  Depuis 2011, l’élément est inclus dans l’inventaire national géré par l’Administration du patrimoine culturel. Cette organisation met à jour chaque entrée au moins une fois tous les cinq ans. L’élément a été identifié et défini par différentes strates de la société, y compris le grand public, qui ont contribué à la création de la liste nationale.

  1. Reconnaît la volonté exprimée par les deux États soumissionnaires, suite à l’évaluation des deux dossiers individuels par l’Organe d’évaluation, de voir les deux dossiers conjointement examinés par le Comité ;
  2. Prenant en considération la recommandation de l’Organe d’évaluation d’inscrire les deux éléments, décide, à titre exceptionnel, d’examiner conjointement les deux dossiers soumis par la République populaire démocratique de Corée et la République de Corée ;
  3. Inscrit la lutte coréenne traditionnelle (ssirum/ssireum) sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité en tant qu’inscription conjointe.

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