Décision du Comité intergouvernemental : 13.COM 10.a.5

Le Comité

  1. Prend note que le Kenya a proposé la candidature de l’Enkipaata, l’Eunoto et l’Olng’esherr, trois rites de passage masculins de la communauté masaï (n  01390) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

L’Enkipaata, l’Eunoto et l’Olng’esherr sont trois rites de passage masculins interdépendants de la communauté masaï : l’Enkipaata est la préparation des garçons à l’initiation ; l’Eunoto est le rasage des moranes (jeunes guerriers) qui ouvre la voie à l’âge adulte ; et l’Olng’esherr est la cérémonie de consommation de viande marquant la fin du moranisme et le début de l’âge adulte. Les rites de passage sont principalement pratiqués par de jeunes hommes de la communauté masaï âgés de quinze à trente ans mais les femmes accomplissent également certaines tâches. En leur enseignant leur rôle futur dans la société masaï, le rite vise à faire passer les jeunes garçons aux stades de moranes puis de jeunes adultes et enfin d’ainés. Il aborde les questions de respect et de responsabilité, de sauvegarde de la lignée ainsi que de transfert des pouvoirs d’un groupe d’âge au suivant, en transmettant des savoirs autochtones concernant l’élevage, la gestion des conflits, les légendes, les traditions et les compétences de vie essentielles. Toutefois, bien que les rites attirent encore des foules assez considérables, la pratique est en déclin rapide en raison de l’émergence rapide de l’agriculture en tant que source principale de revenus, de réformes du système foncier et de l’impact du changement climatique sur la survie du bétail.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :

U.1 :  À travers cette pratique, les jeunes hommes acquièrent le savoir, les savoir-faire et les valeurs sociales nécessaires pour devenir des membres respectés et responsables de la communauté, et pour comprendre et remplir leur rôle dans la société. Le savoir de la culture masaï est transmis pendant les trois rites. L’élément a vu sa transmission diminuer et les circonstances de sa pratique changer profondément, poussées par une évolution générale de la société. Sa pratique a cependant gardé la même signification et finalité, tout en respectant les catégories spéciales de détenteurs et leurs rôles. Sa transmission reste aussi partie intégrante de l’intégration sociale et culturelle des individus dans la société masaï.

U.2 :  Les conditions de cette pratique ont changé considérablement, ce qui a entraîné une diminution importante du nombre de ses praticiens, et apporté des changements à ses modes de transmission traditionnels. De telles méthodes ne sont plus possibles pour des raisons pratiques telles que le caractère obligatoire de l’enseignement scolaire, et la récente prédominance des activités agricoles dans l’économie locale. De plus, des changements du régime de propriété foncière et la sous-division actuelle des terres municipales ont réduit le nombre de lieux dédiés à la pratique de la tradition, la préparation des rituels s’est donc en partie déplacée du milieu communautaire au milieu familial. En conséquence, la pratique de l’élément diminue depuis les années 1980, et est menacée de nouvelles détériorations et de perte progressive.

U.3 :  Le plan de sauvegarde provient d’un projet co-financé par le gouvernement kenyan, la communauté masaï et l’UNESCO. Il se base sur le renforcement des capacités et sur la formation portant sur l’élaboration d’inventaires avec la participation des communautés, dont des participants venant des neufs clans ont bénéficié. Outre la documentation, la diffusion du savoir collecté et des informations concernant les résultats du projet, les sites sacrés où ont lieu les rituels seront également identifiés, et un système de protection durable sera établi afin d’assurer la protection de ces espaces. Éduquer les jeunes est une partie essentielle du plan. Structuré de façon claire, le plan de sauvegarde identifie un budget ainsi que l’organe responsable de chaque activité et compte sur la participation active de toute la communauté pendant toute sa durée. Il permettra de former des ressources humaines à même de le réexaminer régulièrement et de le mettre à jour dans l’optique d’améliorer la transmission et de garantir la viabilité de l’élément.

U.4 :  Le dossier témoigne du dialogue actif et de la coopération entre la communauté masaï, le département de la culture, l’Initiative culturelle pour la conservation de la biodiversité, le Patrimoine culturel masaï et d’autres parties prenantes pendant le processus de candidature. Des représentants des neuf clans masaï ont participé à la préparation du dossier et soutiennent la candidature, leur consentement est joint sous forme écrite et audiovisuelle.

U.5 :  La pratique a été inventoriée en même temps que d’autres aspects de la culture masaï, et est incluse dans l’inventaire national des éléments du patrimoine culturel immatériel depuis 2012. L’inclusion dans cet inventaire a été effectuée avec la participation de membres des neuf clans masaï. L’inventaire est mis à jour tous les deux ans par le Ministère des sports, de la culture et des arts en collaboration avec la Commission nationale du Kenya pour l’UNESCO.

  1. Inscrit l’Enkipaata, l’Eunoto et l’Olng’esherr, trois rites de passage masculins de la communauté masaï sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Félicite l’État partie pour la soumission d’un dossier amélioré suite à la décision du Comité de ne pas inscrire l’élément en 2013.

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