Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.b.5

Le Comité

  1. Prend note que l’État plurinational de Bolivie a proposé la candidature de la grande fête de Tarija (nº 01477) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La grande fête de Tarija a lieu dans la ville de Tarija, dans le sud-est de la Bolivie. Célébré chaque année en août et en septembre, il se compose de processions religieuses, de festivals de musique, de compétitions et de feux d’artifice en l’honneur de Saint Roch. La fête tire ses origines dans la période coloniale, lorsque les habitants de la ville imploraient le saint de soigner les épidémies et les maladies pour protéger leurs proches. Fondée sur la religion et la foi, cette pratique a été préservée et transmise au sein des familles de la communauté catholique. Pendant la fête, les processions traversent les principales rues de Tarija, visitent cathédrales, temples et églises, tandis que les croyants expriment leur dévotion par des danses, de la musique et des prières. Les pèlerins, vêtus de masques et de costumes colorés, jouent de la musique et exécutent des danses. Les voisins décorent les temples et les rues où doit passer la procession, et organisent des activités culturelles et sportives. La grande fête de Tarija se caractérise par son artisanat religieux, ses plats traditionnels et l’absence d’alcool. En plus de son aspect religieux, il s’agit d’une date importante dans le cycle annuel de production agricole, car il marque la fin de la saison sèche hivernale et le début de la période de production.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, ainsi que les informations fournies par l’État soumissionnaire dans le cadre du processus de dialogue, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : Parmi les praticiens et personnes concernées par l’élément figurent le comité des évènements, l’Église et les pèlerins (hommes et femmes), ainsi que les artisans, les musiciens, les constructeurs et les cuisiniers impliqués dans la fête. La connaissance et les compétences associées à l’élément sont majoritairement transmises au sein des familles. L’élément est compatible avec les instruments internationaux existants en matière de droits de l’homme. Il promeut également le respect mutuel au sein des communautés, et est compatible avec le développement durable.

R.2 : À l’échelle locale, l’inscription de l’élément servirait à consolider l’intégralité du cadre juridique visant sa protection. À l’échelle nationale, elle garantirait la participation du ministère de la culture à la visibilité du patrimoine culturel immatériel. L’inscription encouragerait également le dialogue entre les divers organismes concernés par l’élément, tout en célébrant la diversité culturelle et la créativité humaine exprimées par les danses, les performances, les costumes et les accessoires.

R3 : La viabilité de l’élément est assurée grâce à la bonne coordination de la fête, qui garantit sa transmission aux générations futures. Les institutions éducatives, les médias et les chercheurs locaux ont également contribué à sa viabilité. L’État a pris une série de mesures juridiques visant à en assurer la viabilité, à y allouer des fonds et à garantir la protection des espaces culturels associés. Diverses mesures de sauvegarde ont été proposées, et le dossier démontre la participation des parties concernées.

R4 : La candidature est partie de l’initiative des communautés de San Roch, qui ont demandé à l’État partie de proposer l’élément pour inscription.      Le Comité pour la protection de la grande fête de Tarija s’est ensuite chargé de la préparation du dossier de candidature. Par ailleurs, le dossier établit le rôle et large participation des parties prenantes concernées dans le processus de candidature depuis 2016, notamment le gouvernement local et central, l’Église, les praticiens et les personnes concernées à tous niveaux. Aucune pratique coutumière n’empêche l’accès à l’élément. Le consentement libre, préalable et éclairé est par ailleurs dûment établi.

R5 : L’élément a été initialement enregistré le 8 septembre 1998 en tant que patrimoine national et figure dans l’inventaire et le catalogue des biens mobiliers du temple de San Roque et dans l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la grande fête de Tarija. Il est administré par : le ministère de la Culture et du Tourisme par le biais de l’unité du patrimoine immatériel de la direction générale du patrimoine culturel ; le gouvernement autonome du Département de Tarija par le biais de sa direction de la gestion culturelle et du patrimoine ; ainsi que par le gouvernement municipal autonome de la ville de Tarija. Les informations sur l’élément ont été générées par les entités étatiques et des chercheurs, avec des apports du Comité pour la protection de la grande fête de Tarija. L’Inventaire est mis à jour tous les deux ou trois ans en collaboration avec les entités territoriales autonomes et les organisations concernées.

  1. Décide d’inscrire la grande fête de Tarija sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Encourage l’État partie à élaborer un calendrier et une stratégie de mise en œuvre des mesures de sauvegarde proposées ;
  3. Rappelle à l’État partie de tenir compte des impacts potentiels non intentionnels de l’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, et en particulier de la commercialisation excessive de l’élément.

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