Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.b.41

Le Comité

  1. Prend note que le Tadjikistan a proposé la candidature du falak (n  01725) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Signifiant « paradis », « chance » ou « univers », le falak est la musique folklorique traditionnelle des populations montagnardes du Tadjikistan. Ce genre musical expressif et philosophique peut être interprété par un soliste masculin ou féminin, soit a cappella, soit accompagné d’un seul instrument ou d’un orchestre et de danseurs. Caractérisés par leur tessiture élevée, les chants falak expriment le plus souvent l’amour, la douleur, la souffrance, la patrie, la séparation et l’espoir des retrouvailles entre un parent et un enfant ou entre deux amants. Les principaux instruments utilisés pour les spectacles de falak sont les percussions et les instruments à cordes traditionnels tadjiks, comme le violon et la flûte. Les interprètes de falak, connus sous le nom de falakkhons, sont les chanteurs et musiciens traditionnels qui se produisent lors des festivités, des cérémonies et des événements rituels. Cependant, cette musique peut être jouée dans de nombreux contextes, notamment en extérieur pendant le travail agricole, en gardant les troupeaux dans les montagnes ou encore pendant les fêtes et les réunions sociales. Elle est également exécutée à l’occasion du festival annuel de la « Journée du falak ». Le falak est considéré comme un état d’esprit et un marqueur d’identité pour les communautés montagnardes. La tradition est transmise d’une génération à l’autre au sein des familles, mais aussi par apprentissage formel.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : L’élément porte sur des thèmes comme l’amour, le sentimentalisme ou la philosophie, et il est interprété en solo ou en groupe, sans distinction de genre entre les chanteurs. Il est accompagné de la flûte, d’instruments à cordes et de percussions. Des rôles spécifiques sont définis par les meneurs, qui sont chargés de surveiller les membres, d’accepter les invitations, de programmer les activités et de gérer les instruments de musique et les finances. Les femmes et les filles dansent pendant les représentations. L’élément rassemble tous les individus, quels que soient leur âge, leur genre, leur religion et leur appartenance ethnique. Il permet d’enrichir et de transmettre le patrimoine folklorique spirituel, notamment par le biais de la langue et du dialecte. L’élément est conforme aux droits de l’homme et aux principes du développement durable.

R.2 :  Au niveau local, l’inscription permettrait à la population de mieux connaître son patrimoine culturel immatériel de façon générale ainsi que la Convention de 2003, et encouragerait la pratique de la musique traditionnelle parmi la population urbaine et les jeunes. Elle favoriserait également le dialogue entre les communautés, les groupes et les individus et soutiendrait les communautés locales qui fabriquent les instruments de musique traditionnels. Au niveau national, il sensibiliserait le grand public au patrimoine culturel immatériel, y compris aux efforts visant à le promouvoir et le sauvegarder. Enfin, au niveau international, l’inscription permettrait d’élargir la portée du patrimoine folklorique montagnard en rapport avec la musique, la nature et la vie humaine.

R.3 : Plusieurs mesures ont été prises par le passé, notamment la publication d’articles et de monographies, la collecte de séries de notes sur les chants et mélodies du falak, des ateliers sur le falak dirigés par des organisations non gouvernementales, et le lancement d’un site web sur le falak. L’État lui-même a coordonné des ateliers sur les performances instrumentales et vocales du falak et a diffusé des chansons, des documentaires et des interviews sur les chaînes de télévision et les stations de radio nationales. Il a également déclaré une Journée du falak, créé l’Ensemble falak national et organisé des symposiums et des événements festifs. Le dossier propose une longue liste de mesures adéquates élaborées avec la participation des communautés, groupes et individus concernés.

R.4 : Le dossier démontre une large participation de la communauté dans la préparation de la candidature. Tout a été mis en œuvre pour former un groupe de travail afin de réviser et d’améliorer le dossier de candidature et de tirer parti des efforts antérieurs pour faire inscrire l’élément. Le dossier démontre également le consentement libre, préalable et éclairé des communautés et inclut des lettres de consentement signées par des ensembles familiaux ainsi que par les étudiants du Conservatoire national. Les lettres de consentement datées de 2020 s’ajoutent à celles de 2015.

R.5 : L’élément est inscrit sur la liste d’inventaire national du patrimoine culturel immatériel depuis 2013 et est géré par Institut de recherche pour la culture et l’information, le Centre du patrimoine national des tadjiks (Centre du patrimoine culturel tadjik). L’élément a été identifié par l’organisation non gouvernementale Odam va Olam et a ensuite été entièrement documenté par l’Institut de recherche pour la culture et l’information. L’inventaire est mis à jour tous les deux ans. Le mécanisme de mise à jour tient compte de l’inscription de nouveaux éléments, de la suppression d’éléments faisant double emploi et de la mise à jour des informations relatives aux éléments existants.

  1. Décide d’inscrire le falak sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite l’État partie pour l’amélioration de son dossier suite à la décision du Comité de renvoyer la candidature en 2017 ;
  3. Félicite en outre l’État partie d’avoir proposé une liste exhaustive de mesures de sauvegarde et encourage l’État partie à élaborer une stratégie afin de garantir la mise en œuvre de ces mesures ;
  4. Rappelle à l’État partie de tenir particulièrement compte des impacts potentiels non intentionnels de l’inscription, tels que le risque de commercialisation excessive, sur la sauvegarde de l’élément ;
  5. Encourage en outre l’État partie, lorsqu’il soumettra des dossiers de candidature à l’avenir, à s’assurer que les informations sont incluses à l’endroit approprié.

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