Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.b.3

Le Comité

  1. Prend note que le Bahreïn a proposé la candidature du fjiri (nº 01747) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le fjiri est une performance musicale commémorant l’histoire de la pêche à la perle au Bahreïn. Cette pratique, datant de la fin du XIXe siècle, était traditionnellement réalisée par les pêcheurs de perles et leurs équipages afin d’exprimer les difficultés qu’ils avaient rencontrées en mer. Les praticiens s’assoient en cercle, chantent et jouent différents types de tambours et de carillons, ainsi que le jahl, un pot en argile utilisé comme instrument de musique. Le centre du cercle est occupé par les danseurs et le chanteur principal, chargé de la bonne exécution de la performance. Le fjiri tire ses origines sur l’île de Muharraq où, jusqu’au milieu du XXe siècle, la majorité de la population formait partie de la communauté des pêcheurs de perles. De nos jours, la pratique a cependant atteint un public plus vaste grâce à ses performances à l’occasion de festivals dans toutes les régions du Bahreïn. Bien connue dans le pays, elle est considérée comme un moyen d’expression du lien entre le peuple bahreïnien et la mer. Le fjiri est généralement organisé au sein d’espaces culturels appelés durs, par les descendants de pêcheurs de perles et de leurs équipages, mais aussi par d’autres personnes. Le processus de transmission implique un entraînement régulier dans les durs et des performances devant un public. Bien que le fjiri soit pratiqué par des groupes entièrement masculins, tous les membres de la communauté peuvent profiter du spectacle. Les mots, rythmes et instruments sont utilisés pour transmettre les valeurs de la persévérance, de la force et de l’inventivité.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, ainsi que les informations fournies par l’État soumissionnaire dans le cadre du processus de dialogue, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : Les praticiens de l’élément sont principalement des descendants de pêcheurs de perles et de praticiens. Il s’agit généralement d’hommes, bien que les femmes fassent partie du public accompagnant la pratique de l’élément. Les fonctions et significations sociales de l’élément au sein de la communauté sont passées d’une pratique liée à la vie et à la profession de pêcheur de perles à une pratique rappelant l’histoire de la pêche à la perle, ainsi que les valeurs et émotions qui y sont liées et auxquelles s’identifient les Bahreïniens.

R.2 : L’inscription contribuera à la visibilité de l’élément à l’échelle locale grâce à une collaboration entre les praticiens et l’Autorité de Bahreïn pour la culture et les antiquités. La visibilité sera également améliorée grâce au partage d’informations à l’échelle nationale, et permettra une plus grande participation des communautés concernées par l’élément. À l’échelle internationale, la participation continue aux festivals régionaux et internationaux permettra une visibilité soutenue. L’élément est une tradition partagée au sein des praticiens, et son inscription pourrait améliorer le dialogue entre les communautés, groupes et individus concernés. La composante artistique de l’élément permettra de promouvoir la créativité humaine et le respect de la diversité culturelle.

R.3 : La viabilité de l’élément est assurée par les groupes de musique qui se réunissent dans les durs pour pratiquer. Les praticiens ont également produit des recherches sur les arts du spectacle. L’État partie, par l’intermédiaire de l’Autorité du Bahreïn pour la culture et les antiquités, a versé des allocations aux groupes de musique et construit des espaces pour la pratique de l’élément. Des groupes interprètent également l’élément lors de festivals culturels. Le dossier propose une série de mesures de sauvegarde qui impliquent les communautés et les praticiens dans la documentation, la recherche et la sauvegarde. Un point focal a été nommé à la Direction du patrimoine national pour assurer la coordination entre les communautés concernées et les autorités locales.

R.4 : Après des discussions avec les communautés concernées, l’Autorité du Bahreïn pour la culture et les antiquités a préparé une feuille de route pour la candidature de l’élément. L’équipe chargée de la candidature a assuré la transparence et coordination avec les communautés concernées. Le consentement libre, préalable et éclairé a été rassuré dans le processus de candidature et établi à travers les lettres fournies par quelques personnes.

R.5 : L’élément a été inclus en 2017 dans l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel géré par l’Autorité du Bahreïn pour la culture et les antiquités. L’élément a été identifié grâce à une série d’entretiens avec des praticiens et des chercheurs locaux. Le processus d’inventaire est dirigé par la Direction du patrimoine national par le biais de consultations régulières avec les parties prenantes concernées. Le processus de mise à jour de l’inventaire ou d’inclusion d’un élément impliquera toutes les parties prenantes qui revendiquent la propriété ou qui ont donné leur consentement concernant les pratiques à enregistrer.

  1. Décide d’inscrire le fjiri sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Invite l’État partie à éviter les approches descendantes à tous les stades de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en veillant à ce que les communautés concernées soient au centre de tous les efforts de sauvegarde et que leur consentement libre, préalable et éclairé soit central dans la préparation du dossier de candidature ;
  3. Encourage l’État partie, lorsqu’il soumettra des dossiers de candidature à l’avenir, à s’assurer que les informations sont incluses à leur juste place ;
  4. Félicite l’État partie pour sa première inscription.

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