Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.b.26

Le Comité

  1. Prend note que le Maroc a proposé la candidature de la tbourida (n  01483) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La tbourida est une représentation équestre apparue au 16ème siècle. Elle simule une succession de parades militaires, reconstituées selon les conventions et rituels arabo-amazighs ancestraux. Chaque parade de tbourida est effectuée par une troupe constituée d’un nombre impair de cavaliers et de chevaux (de 15 à 25), alignés côte à côte et au milieu desquels se place le chef de la troupe. Souvent, avant l’événement, les cavaliers donnent à leur prestation une portée spirituelle, effectuant leurs ablutions puis priant collectivement. Ensemble, sous la direction du chef, cavaliers et chevaux exécutent une parade composée de deux parties principales. La première est la hadda, ou le salut de la troupe, qui entre au trot en piste et réalise un maniement d’armes acrobatique, puis se repositionne à son point de départ. La deuxième est la talqa, où les troupes repartent au galop et effectuent un tir au fusil, à blanc, avant de se retirer, simulant un départ collectif à la guerre. Les cavaliers portent des costumes et des accessoires d’époque incluant notamment un turban, des vêtements drapés, des babouches, un petit livret du Coran et une épée arabe ancienne. Les chevaux, eux, sont harnachés avec du matériel cousu et décoré de manière traditionnelle. Les cavaliers sont issus d’une même tribu ou d’une même région dont ils représentent les coutumes et les costumes. La transmission se fait de génération en génération au sein des familles, par la tradition orale et l’observation des pratiquants.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : Les détenteurs de l’élément sont les cavaliers de la troupe issus d’une même tribu ou d’une même région dont ils représentent les coutumes et les costumes. La transmission se fait de génération en génération au sein des familles, par la tradition orale et l’observation. Le savoir-faire et les connaissances nécessaires sont enseignés aux jeunes pratiquants, à qui l’on apprend à monter à cheval et à s’occuper de leur monture. Des concours encouragent également la participation des jeunes cavaliers. L’élément a une importance pour l’identité culturelle et la mémoire collective du Maroc et de ses communautés. Il contribue au développement durable par le biais de l’élevage des chevaux et la fabrication de vêtements, de selles et de harnachements à partir de matériaux locaux.

R.2 : Au niveau local et national, l’inscription de l’élément encouragera la continuité de cette pratique équestre tout en pérennisant l’existence de l’artisanat qui lui est associé. Elle favorisera également les réunions inter-régionales et les échanges culturels et encouragera des pratiques équestres respectueuses du bien-être des chevaux. Au niveau international, l’inscription sensibilisera les Marocains et les Nord-Africains à l’importance de la préservation et de la transmission de leur patrimoine culturel immatériel. La pratique de l’élément lui-même contribue au dialogue et au respect de la diversité culturelle, car elle donne à chaque région l’opportunité d’intégrer ses propres caractéristiques et artisanats au plan local.

R.3 : Les efforts de sauvegarde passés et actuels englobent le travail des communautés régionales, des familles et des troupes de cavaliers en vue de perpétuer la pratique équestre et les métiers artisanaux associés, ainsi que l’organisation de plusieurs événements annuels. Depuis les années 1990, l’État a élaboré un plan de sauvegarde par l’intermédiaire de la Fédération royale marocaine d’équitation et de la Société royale d’équitation, qui comprend des concours et des incitations financières, une amélioration du suivi et des soins du cheval de barbarie et la formation de juges pour le concours. Les mesures de sauvegarde proposées comprennent l’incorporation de l’école d’initiation à la Tbourida à l’Académie des Arts Équestres de Marrakech pour l’enseignement de la théorie et de la pratique de l’élément, ainsi que l’ouverture de centres équestres régionaux. Les mesures relatives à la documentation et à la sensibilisation comprennent la production et l’actualisation de documentaires, des enregistrements audio-visuels et les meilleures pratiques en matière de fabrication de selles. Les communautés continueront à jouer un rôle important pour mettre en œuvre les mesures de sauvegarde.

R.4 : Le processus de candidature a impliqué la participation des communautés concernées et a été amorcé par les différentes troupes de cavaliers et associations. Il a inclus une série d’ateliers et de réunions. Une preuve du soutien de la communauté a également été fournie sous la forme de signatures en faveur de la candidature, soit plus de 16 130 signatures provenant de différentes régions du Maroc. Il n’existe aucune pratique coutumière restreignant l’accès à tout ou partie de l’élément.

R.5 : L’élément a été inclus en 2017 dans l’inventaire et documentation du patrimoine culturel du Maroc et est administré par le Service du patrimoine culturel immatériel, Division de l’inventaire et de la documentation, Direction du patrimoine culturel, Ministère de la culture, de la jeunesse et des sports. Le dossier référence l’élément comme étant actualisé chaque année par la Direction du patrimoine culturel sur la base des informations qui lui sont soumises. L’inventaire en ligne est vérifiable.

  1. Décide d’inscrire la tbourida sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Invite l’État partie à s’assurer que les mesures de sauvegarde traitent correctement l’impact néfaste potentiel d’une commercialisation excessive de l’élément, en gardant à l’esprit que toutes les mesures de sauvegarde doivent viser à améliorer la viabilité de l’élément ;
  3. Invite en outre l’État partie à privilégier des mesures plus personnalisées visant à sauvegarder l’élément lui-même au lieu de sauvegarder le patrimoine culturel immatériel en général ;
  4. Félicite l’État partie d’avoir pris des mesures veillant aux soins des chevaux et au renouvellement à terme de leur population.

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