Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.b.21

Le Comité

  1. Prend note que Madagascar a proposé la candidature du Kabary malagasy, art oratoire malagasy (n  01741) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le Kabary malagasy est un discours poétisé déclamé devant un public. Il est très structuré et se compose de proverbes, de maximes, de figures rhétoriques et de jeux de mots. Ce style oratoire rituel était à l’origine utilisé par les dirigeants pour informer la communauté des événements de la vie sociale et des décisions administratives. Avec le temps, il a commencé à être utilisé par les communautés pour communiquer et a fait son apparition dans le cadre d’événements sociaux. Il est ainsi devenu indissociable de la vie sociale à Madagascar, que ce soit durant les festivités, les funérailles, les cérémonies officielles et les manifestations populaires. Sa fonction consiste à exprimer des valeurs et des pensées qui donnent une signification collective aux faits matériels. Dans la pratique, le Kabary malagasy se déroule comme un dialogue conventionnel qui met en scène en général deux orateurs ou mpikabary, devant une assemblée. Il peut durer plusieurs heures, mais dans certaines circonstances (par exemple pendant des funérailles), sa structure est simplifiée et il ne dure alors qu’une dizaine de minutes. Son exécution était traditionnellement réservée aux hommes âgés d’un statut social élevé, mais de nos jours, il est de plus en plus pratiqué par les jeunes et les femmes. À l’échelle familiale, il contribue à la cohésion lorsqu’il est pratiqué lors des réunions de famille où toutes les générations sont présentes et participent à la représentation. Dans la sphère publique, il est considéré comme un moyen de renforcer les relations entre les groupes et les communautés, en créant une atmosphère de partage et de cohésion.

  1. Considère que, sur la base des informations fournies dans le dossier, ainsi que les informations fournies par l’Etat soumissionnaire dans le cadre du processus de dialogue, la candidature satisfait aux critères suivants d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : L’élément est largement pratiqué dans tout Madagascar et par la diaspora Malagasy. Son exécution est traditionnellement réservée aux hommes âgés, mais de nos jours, il est de plus en plus pratiqué par des jeunes, y compris des femmes. L’élément est transmis de génération en génération dans des contextes tant formels qu’informels. Sa pratique contribue à la cohésion sociale et constitue un moyen de communication entre les familles. Il facilite aussi l’échange d’informations et de connaissances, forme une source de revenus pour les orateurs et favorise la préservation de la langue.

R.2 :  Le dossier démontre que l’inscription de l’élément garantirait une meilleure visibilité de l’élément et du patrimoine culturel immatériel en général. Au niveau local, il contribuerait à rendre de nouveau populaire les traditions. Au niveau national, il encouragera le gouvernement, les institutions concernées et les communautés à donner la priorité au domaine de la culture et à y investir, et à poursuivre l’étude, la collecte et la documentation des nouveaux éléments à inclure dans les inventaires nationaux. Au niveau international, l’inscription suscitera l’intérêt chez les communautés, les groupes et les individus qui seront incités à soumettre d’autres éléments en vue de leur candidature aux mécanismes de la Convention. L’élément reposant sur une communication au cours de présentations publiques, l’inscription servirait également à renforcer sa pratique. La promotion de créativité humaine est reflétée par la diversité des thèmes exprimés dans l’élément, tandis que le respect de la diversité culturelle est renforcé par sa présentation à des publics multiculturels.

R.3 : Le dossier définit un ensemble de mesures de sauvegarde qui ont tant trait au patrimoine culturel immatériel en général qu’à l’élément lui-même. Les initiatives passées et présentes sont les suivantes : (a) l’adoption d’un décret ministériel concernant l’inscription de l’élément au Registre national du patrimoine cultural immatériel ; (b) la célébration du langage Malagasy pendant tout le mois de juin et à l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle le 21 février ; (c) l’ouverture d’un cursus d’études du patrimoine à l’Université d’Antananarivo pour la transmission et la sauvegarde de l’élément ; et (d) la mise en œuvre d’activités de formation et de transmission par des associations de mpikabary. Pour garantir la viabilité de l’élément, le dossier propose une aide de l’État aux écoles de formation et aux mpikabary, une vaste campagne dans les médias, la documentation des variantes de l’élément, la création et la mise à jour des sites Web concernant l’élément et ses détenteurs, et l’organisation d’une Journée nationale du Kabary Malagasy.

R.4 :  Le dossier indique que le processus de candidature a bénéficié d’une participation aussi large que possible des communautés, des détenteurs et d’autres individus concernés via une série d’ateliers. Cette initiative a été rendue possible par la création d’un groupe de travail comprenant des représentants du gouvernement local et le Ministère de la culture. Les communautés ont été dûment informées de l’intention et des objectifs du processus de candidature et ont pu examiner et soutenir le processus jusqu’à la validation de la candidature. Il est noté que dans les documents joints au dossier de candidature, un courrier d’une association de mpikabary définit un ensemble de recommandations.

R.5 : L’élément a été inscrit en 2015 au Registre national du patrimoine immatériel administré par le Ministère de la communication et de la culture et a été inventorié par décret avec la participation de divers groupes et organisations communautaires. L’élément a été identifié par une décision mutuelle entre les représentants des communautés concernées, les praticiens, les détenteurs, les représentants des autorités locales, instituts de recherche, spécialistes culturels et diverses associations. Ils ont eu l’occasion d’actualiser et d’enrichir la fiche d’inventaire par le biais d’enquêtes et ont produit un court métrage.

  1. Décide d’inscrire le Kabary malagasy, art oratoire malagasy sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Encourage l’État partie à traiter avec une prudence particulière l’impact du tourisme et la commercialisation abusive sur la sauvegarde de l’élément afin d’empêcher sa décontextualisation possible ;
  3. Rappelle l’importance d’utiliser un vocabulaire en adéquation avec l’esprit de la Convention ;
  4. Rappelle également à l’État partie de veiller à ce que la participation de la communauté soit centrale dans l’identification des éléments, dans les inventaires et leur mise à jour.

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