Ayant ratifié la Convention de 2003 en 2004 ce rapport actuel est le deuxième soumis par le Panama sur sa mise en œuvre au niveau national. Depuis 2011, l’organe chargé de la mise en œuvre de la Convention de 2003 est le Ministère du commerce et de l’industrie (MICI) qui intervient au travers de projets d’investissement et de son propre fonds général. Au cours de l’année 2015, le projet d’investissement a été monté avec le fonds général du ministère et un nouveau projet a été proposé pour le cycle 2016-2019. Plusieurs directions et bureaux du ministère ont des objectifs et des programmes tournés vers la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel immatériel, comme la Direction générale du registre de la propriété industrielle (les marques, les droits collectifs et les ressources génétiques), la Direction générale de l’artisanat et l’Institut national de la Culture. En coopération avec les institutions et les universités, il existe un plan de coopération visant à créer un conseil pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Le Projet de Panama pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (DIGERPI-MICI) réunit un personnel technique de diverses disciplines relatives à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et il est responsable de la coordination administrative, du contenu des collections, de l’organisation d’une base de données, de la recherche, de la conception, de la photographie et de la production audiovisuelle.
Il n’existe aucune institution spécifique chargée de la formation à la gestion du patrimoine culturel immatériel, bien que les universités jouent un rôle important dans ce domaine. Des séminaires pour les étudiants et les professeurs (université de Panama) et d’autres cours avancés, dont certains sont évalués et approuvés par l’Université spécialisée des Amériques (UDELAS), sont proposés. Le Bureau de l’UNESCO au Costa Rica a dispensé des formations à l’Institut national pour la Culture, au Ministère de l’éducation, au système étatique de radio et télévision, dans les universités et les autorités des sept groupes ethniques, entre autres. Au cours de l’année 2016, le ministère a offert une formation aux communautés autochtones par l’intermédiaire de la Direction du registre de la propriété industrielle (Bureau des droits collectifs). Le Ministère de l’éducation (Centre pour les arts et la culture) participe aussi à la formation organisée par le Projet de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
Bien qu’il n’y ait pas de bibliothèque consacrée au sujet ni aucun centre de documentation du patrimoine culturel immatériel, des enregistrements audiovisuels sont en cours de montage ou de publication et une base de données est en cours d’élaboration dans le cadre du Projet de sauvegarde. Ces documents seront envoyés à la Bibliothèque nationale et à son réseau de bibliothèques dans tout le pays. Également dans le cadre du Projet d’investissement, des Centres du patrimoine culturel, qui conserveront de la documentation, seront construits dans les différentes communautés. Le Système national de radio et télévision (SERTV) dispose d’une vidéothèque et diffuse des programmes qui contiennent de la documentation. L’UNESCO a formé certains des membres de son personnel. Le Groupe du film expérimental universitaire (GECU) de l’Université du Panama a également documenté le patrimoine culturel immatériel.
Entre 2011 et 2016, 4 000 personnes en moyenne se sont familiarisées avec la photographie, les enregistrements et l’inventaire des différents domaines du patrimoine culturel immatériel. Soixante employés du registre travaillent sur le terrain dans plusieurs régions. Des groupes ethniques sont formés par le personnel du Projet de sauvegarde. Plus d’un millier d’entrées ont été effectuées en 2016, pour lesquelles trente chercheurs de terrain (temporaires et à temps partiel) ont été embauchés et formés sur proposition des communautés. Le Projet de sauvegarde a dressé dix inventaires organisés en fonction des régions, des terres collectives et des provinces. Les dossiers descriptifs sont classés par expression et domaines culturels, qui couvrent les fêtes et festivals ainsi que différents champs de connaissances. L’inventaire inclut des informations sur l’état de l’élément, et mentionne en particulier si celui-ci est en danger, ainsi que les ressources disponibles pour évaluer sa viabilité. Les communautés sont en général désireuses de faire l’inventaire d’un élément en danger ou d’enregistrer les aînés qui détiennent les connaissances. La fréquence de mise à jour des inventaires n’a pas encore été fixée, mais les communautés dont le patrimoine culturel immatériel a été inventorié sont conscientes de cette nécessité. En 2016, le Projet a formé trente secrétaires et techniciens de la région de Guna Yala à la mise à jour de leur inventaire qui date de 2011 ; un autre inventaire élaboré en 2013 sera mis à jour en 2017. Les communautés sont la pierre de touche du processus d’inventaire. Dans certains cas, des membres des ONG sont inclus dans les équipes de recherche comme la Fondation INDICRI (et son AMPADOC), l’Asociación Rescate de Danzas ‘Miguel Leguízamo’ et la Fundación Simón ‘Mon’ Mendieta. En outre, la Direction générale de l’artisanat tient un registre des artisans du pays, qui contient aussi des informations sur l’état des pratiques artisanales région par région.
Un projet de loi sur la culture, promu par l’Institut national de culture, est en préparation et des consultations sont organisées concernant l’application de la Loi 35 qui ratifie la Convention de 2003. S’agissant d’autres mesures de sauvegarde, un projet de création d’un centre de recherche ou un institut pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel est en cours d’élaboration. Il s’agit d’un projet d’investissement du MICI. En 2016, l’équipe du Projet de sauvegarde a mis en place des partenariats avec des membres de l’Association d’anthropologie et d’histoire du Panama pour le troisième congrès de celle-ci, ainsi qu’un éventuel recrutement de personnel pour dispenser des formations dans les régions du pays qui ne sont pas encore couvertes. Le Projet de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a participé au premier congrès national de la culture congo dans la province de Colon (2016) qu’il a parrainé et prévoit d’organiser un congrès international sur le patrimoine culturel immatériel en octobre 2017. En ce qui concerne la diffusion de l’information, des accords ont été proposés à la Bibliothèque nationale Ernesto J. Castillero, aux universités et à l’État ainsi qu’aux médias privés pour promouvoir les éléments inscrits. Des accords conclus avec les Congrès autochtones mettent en place des réglementations pour l’utilisation des connaissances inventoriées : en particulier, les aspects sensibles des rites sont dans bien des cas, tenus secrets et ne sont pas soumis à un enregistrement audiovisuel ; certains sont décrits, mais non photographiés ni enregistrés.
Tous les ans, le Ministère de l’éducation (MEDUCA) organise un concours national de chants traditionnels par l’intermédiaire de son Centre pour l’art et la culture et, depuis 2016, il a décerné un prix aux éducateurs pour la recherche et la promotion du patrimoine culturel immatériel. Parmi les autres actions de sensibilisation figurent plusieurs programmes de télévision liés au patrimoine culturel immatériel. En 2015 et 2016, les progrès du Projet de sauvegarde ont été largement diffusés dans les médias. Les éducateurs, les journalistes et les promoteurs du tourisme demandent aussi d’avoir accès aux vidéos réalisées par le Projet de sauvegarde sur les divers aspects du patrimoine culturel immatériel et de sa sauvegarde. Concernant les programmes éducatifs formels, certains cours sur le patrimoine culturel immatériel existent déjà au niveau de la licence et du troisième cycle universitaire, quoique dans une perspective de folklore. L’objectif est de les réviser conformément aux Conventions de 2003 et de 2005 de l’UNESCO. Pour ce qui est de l’éducation non formelle au sein des communautés, le Projet de sauvegarde a organisé trois ateliers de formation (avec des facilitateurs nationaux et internationaux) sur la Convention de 2003, traitant plus particulièrement des candidatures, des questions de propriété intellectuelle, de l’identification du patrimoine culturel immatériel et de l’évaluation de sa viabilité. Trois cents bénéficiaires directs et indirects venus de différentes régions, huit congrès autochtones et sept provinces y ont participé. En 2016, des représentants de différents groupes ethniques nationaux et internationaux et les autorités de haut et moyen niveau en charge de l’éducation et de la culture ont été formés à l’importance du patrimoine culturel immatériel et à la nécessité de l’intégrer dans les plans et programmes éducatifs. Quatre ateliers sur les inventaires avec la participation des communautés destinés aux chercheurs de différentes régions ont été organisés au sein de leur communauté, ainsi qu’à Panama City.
Concernant la coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale, des accords ont été conclus entre l’Université spécialisée de Las Americas et l’Université de Panama afin d’inclure des programmes d’échange, des stages sur des sujets liés au patrimoine culturel immatériel ainsi que la mise en place d’études de troisième cycle. Il est aussi prévu que les étudiants participent à l’élaboration des inventaires sur le terrain dans le cadre de leur programme de service social.
Actuellement, le Panama ne compte aucun élément inscrit sur la Liste représentative.