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L’extractivisme du minhocuçu au Brésil

minhocuçu
© “Parque Est Intervales - minhocuçu” by Claudio JJ is licensed under CC BY-SA 4.0

1. Domaines du PCI 

Traditions et expressions orales, pratiques sociales, connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers

2. Brève description

Le minhocuçu (Rhinodrilus alatus Righi, 1971) est un ver de terre endémique du cerrado (savane brésilienne) du Minas Gerais, au Brésil, qui peut mesurer jusqu’à 60 cm de long. Il est utilisé comme appât pour la pêche et constitue depuis 70 ans une ressource économique pour de nombreuses familles de la région, pour lesquelles la commercialisation de cet animal constitue la principale source de revenu.

Toutefois, ce ver de terre fait désormais partie de la liste officielle de la faune menacée du Brésil en raison du changement climatique et de la rivalité entre communautés locales. Les connaissances traditionnelles concernant le minhocuçu au sein de la communauté afrodescendante de Pontinha se sont avérées particulièrement utiles pour l’élaboration d’un plan de gestion du Rhinodrilus alatus. Ce plan est le fruit d’un accord collectif atteint au terme de processus participatifs menés entre 2004 et 2011 dans un souci de relier les connaissances traditionnelles aux données techniques sur l’abondance et la répartition des espèces. Ces efforts ont rendu possible la mise en œuvre de politiques publiques en vue de les utiliser de façon durable et de minimiser les problèmes socio-environnementaux liés à l’extractivisme et à la commercialisation du minhocuçu.

Cette utilisation des connaissances traditionnelles pour gérer les ressources naturelles à des fins diverses (par exemple l’alimentation, la médecine et le combustible) est courante dans de nombreuses communautés traditionnelles. Au fil du temps, une accumulation de savoirs concernant ces ressources a été transmise de génération en génération, par exemple des informations relatives à la biologie et à la conservation des espèces végétales et animales. Cependant, la rivalité pour l’accès aux ressources naturelles, leur surexploitation à des fins commerciales et l’interférence d’autres acteurs dans la gestion des ressources peuvent affecter la manière dont ces connaissances sont appliquées et respectées. L’utilisation des savoirs traditionnels pour parvenir à un accord collectif quant à l’usage durable des ressources naturelles peut jouer un rôle fondamental dans le maintien du respect de ces connaissances traditionnelles et leur transmission future.

Pour aller plus loin :

Pour plus d’informations sur le minhocuçu, sa conservation et son utilisation (en portugais) :
http://sustentar.org.br/site/projeto/conservacao-e-uso-sustentavel-do-minhocucu-em-minas-gerais
https://www.alice.cnptia.embrapa.br/bitstream/doc/945555/1/2012GeorgeBBBRhinodrilusAlatus.pdf

Un document plus technique sur la conservation de ce ver de terre, comprenant une étude approfondie sur son cycle de vie, son abondance, sa répartition et sa résilience (en anglais)
http://www.scielo.br/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S1519-69842013000400699&lng=en&nrm=iso&tlng=en

Vidéo sur le projet concernant le minhocuçu et sur les individus qui mettent en application ces connaissances traditionnelles (en portugais) :
https://vimeo.com/137275782

    3. Lien avec le développement durable

    Le plan brésilien de gestion des espèces indigènes fournit un exemple de stratégie visant à minimiser les impacts négatifs de l’extractivisme et à poursuivre les efforts de conservation, tout en assurant également une source de revenu permanente à la communauté extractive. Dans le cas précis de la communauté de Pontinha, le plan de gestion du minhocuçu a impliqué le développement d’alternatives en termes d’emploi et de création de revenus, la reproduction du minhocuçu en captivité et la création et la mise en place de zones protégées pour la conservation et la gestion d’autres espèces de vers de terre utilisés pour la pêche. L’élaboration collaborative de ces plans fait écho à l’Objectif de développement durable n 12, qui a pour but d’établir des modes de consommation et de production durables, ainsi qu’à l’Objectif de développement durable n 15 visant à mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité.

    4. Questions de réflexion

    Outre l’activité extractive elle-même, plusieurs facteurs différents peuvent avoir un impact négatif sur la population de minhocuçu, notamment les activités agroforestières et les pratiques de préparation des sols (comme le feu et le labourage), les litiges entre extractivistes et propriétaires terriens et le changement climatique à l’échelle locale et mondiale (par exemple, l’augmentation des températures et la baisse de l’humidité). Les accords collectifs visant à la préservation de l’environnement et prenant en compte les connaissances et les pratiques traditionnelles peuvent être fragiles et nécessitent l’engagement de divers acteurs. Articuler des intérêts contradictoires représente un défi majeur qui n’est pas toujours relevé. Même lorsqu’il se concrétise, un accord n’est pas toujours fructueux car il dépend de la capacité des institutions à soutenir le plan et des résultats obtenus à long terme. Quels sont les facteurs (comme des politiques ou initiatives nationales) qui peuvent être mis en œuvre pour faciliter l’intégration des connaissances traditionnelles aux sein de ces accords collectifs ?

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