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- Kenya
Traditions et pratiques des Mijikenda liées aux kayas dans les forêts sacrées au Kenya
1. Domaines du PCI
Traditions et expressions orales, pratiques sociales, rituels, connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers
2. Brève description
Les Mijikenda comprennent neuf groupes ethniques basés dans les forêts de kayas, sur le littoral du Kenya. L’identité des peuples mijikenda s’exprime à travers les traditions orales et les représentations liées aux sites sacrés situés dans les forêts, qui ont lieu autour des vestiges de villages fortifiés appelés « kayas ». Ces traditions et pratiques constituent le code d’éthique et les systèmes de gouvernance des Mijikenda et comprennent des prières, des prestations de serment, des rituels et charmes funéraires, le choix des noms pour les nouveau-nés, des initiations, des réconciliations, des mariages et des couronnements. Les valeurs correspondantes et l’utilisation des ressources naturelles au sein des kayas, ainsi que l’accès à ces villages fortifiés, sont règlementés par le savoir traditionnel et des pratiques de gestion qui ont contribué jusqu’à ce jour à préserver les forêts de kayas ainsi que la biodiversité.
Les kayas ont été créés au XVIème siècle mais ont été abandonnés dans les années 1940. Les forêts qui les entourent ont été entretenues avec soin par les Mijikenda et sont désormais pratiquement les seuls vestiges des forêts côtières de basse altitude du Kenya, autrefois très étendues. Les kayas sont des espaces culturels, mais l’urbanisation et la pression exercée sur les ressources foncières mettent en péril les traditions et les pratiques associées aux peuplements kayas. Onze kayas, sur les trente environ que l’on compte au total, ont été inscrits en 2008 sur la liste des sites du patrimoine mondial de l'UNESCO. De plus, les traditions et les pratiques associées aux kayas ont été inscrites en 2009 par l’UNESCO sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.
Pour aller plus loin :
Le lien suivant présente un clip de 9 minutes sur « Le patrimoine vivant des forêts de kayas des Mijikenda » :
https://www.youtube.com/watch?v=vwM1RV_j2Q4
Pour plus d’informations, consulter :
https://ich.unesco.org/fr/USL/les-traditions-et-pratiques-associees-aux-kayas-dans-les-forets-sacrees-des-mijikenda-00313?USL=00313
http://sacredland.org/wp-content/uploads/2017/07/Mijikenda_Kaya.pdf
3. Lien avec le développement durable
Depuis qu’ils les ont abandonnés comme lieux de peuplement, les Mijikenda ont considéré que les kayas faisaient partie de leur sphère spirituelle. Dans le cadre de ce processus, le Conseil des anciens a imposé des protections en termes d’accès et d’utilisation des ressources naturelles forestières, notamment des plantes médicinales. La biodiversité des kayas et des forêts qui les entourent a par conséquent été préservée, assurant ainsi une coexistence harmonieuse avec le milieu naturel dans plus de 50 kayas/villages. À la demande des communautés locales, le gouvernement a également classé les kayas « monuments nationaux » et « réserves forestières ». Des groupes ont aussi adopté des activités de subsistance alternatives compatibles avec les efforts de sauvegarde. Cette forme de protection de l’environnement est largement reconnue comme un facteur essentiel du développement durable. L’Objectif de développement durable n 12 vise spécifiquement à « parvenir à une gestion durable et à une utilisation rationnelle des ressources naturelles ». La conservation des forêts sacrées de kayas donne un exemple d’élément du PCI qui contribue à la réalisation de cet objectif. De plus, protéger la biodiversité des kayas et des forêts environnantes contribue à l’Objectif de développement durable n 15.
4. Questions de réflexion
Selon vous, quels sont les éléments qui menacent le mode de vie associé aux kayas ? Quelles mesures et initiatives pourraient être prises pour appuyer les communautés dans la transmission des connaissances traditionnelles liées aux kayas ?
Si le tourisme dans les kayas est encouragé et a eu des retombées économiques, les excursions le long de la côte kenyane ont également coûté cher à l’environnement et à la culture kenyane. Dans un pays qui connaît l’un des taux de croissance démographique les plus élevés au monde, le besoin aigu de terres cultivables pour la production agricole est accru par la demande de sites de premier ordre pour le développement touristique. Pour plus de détails à ce sujet, consulter l’article suivant intitulé « Des bois sacrés menacés par le développement : les forêts de kayas du Kenya » :
https://www.culturalsurvival.org/publications/cultural-survival-quarterly/sacred-groves-threatened-development-kaya-forests-kenya
Quelles sont les forces positives et négatives véhiculées par le tourisme dans la sauvegarde d’éléments du patrimoine culturel immatériel associé aux kayas ? Avez-vous des exemples similaires dans votre pays ?
Le manque d’intérêt des générations futures a été mentionné comme l’une des préoccupations menaçant la continuité de ces pratiques. Ces dernières sont également largement perçues comme réservées aux hommes âgés, c’est-à-dire aux anciens, et il est couramment admis que les femmes et les jeunes n’y ont pas leur place. Quelles mesures la communauté pourrait-elle prendre pour répondre à ces préoccupations ?