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  • 8 - Travail décent et croissance économique   11 - Villes et communautés durables

L’espace culturel de Jemaa el-Fna au Maroc

Djemaa el Fna (La Place) in Marrakech
© “Djemaa el Fna” by Weekender73 is licensed under CC BY-SA 3.0

1. Domaines du PCI 

Traditions et expressions orales, arts du spectacle, pratiques sociales, événements festifs, savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel

2. Brève description

La place Jemaa el-Fna est l’un des principaux espaces culturels de Marrakech et représente un point de rencontre unique du fait de son histoire et de sa localisation centrale dans la ville depuis sa fondation au XIème siècle. Entourée de restaurants, d’échoppes et de bâtiments publics, la place est le théâtre quotidien d’activités commerciales et de divertissements et est un centre géographique et culturel important de l’environnement urbain au Maroc.

Les manifestations culturelles qui ont lieu sur la place sont nombreuses et variées, mais s’inscrivent principalement dans un vaste éventail de spectacles et de représentations. En voici des exemples : récits, acrobaties, spectacles musicaux, numéros et performances comiques, représentations avec des animaux. D’autres pratiques sont également représentées sur la place, comme la divination, l’astrologie, la numérologie, le golf miniature à un trou et la prédication. Cet espace sert également pour les manifestations publiques et les rituels qui possèdent une importante symbolique pour la communauté et qui peuvent attirer des milliers de personnes durant les festivités officielles. Par conséquent, cette place est le pilier d’une culture urbaine riche composée de plusieurs formes importantes d’expression linguistique, musicale, religieuse et artistique. Elle se trouve au cœur des identités de toutes les communautés impliquées et sert de lieu central pour les échanges interculturels.  La place a donné à Marrakech la réputation d’une ville qui fédère une diversité de contributions culturelles.

Conscients de l’importance de leurs savoirs et de leur expertise, les acteurs qui exercent leurs activités sur la place travaillent continuellement pour garantir leur continuité. Leurs intérêts sont défendus par des associations qui leur servent de
porte-parole vis-à-vis des autorités et des autres parties prenantes impliquées dans la gestion de la place.

La place Jemaa el-Fna bénéficie d’une protection depuis 1922 au titre d’élément du patrimoine artistique du Maroc. Elle a été inscrite en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO (https://ich.unesco.org/fr/RL/lespace-culturel-de-la-place-jemaa-el-fna-00014?RL=00014).

Pour voir des photos supplémentaires illustrant la place Jemaa el-Fna de nuit consulter :
http://www.bbc.com/travel/story/20111213-a-day-in-the-life-of-marrakesh
https://www.alhalqa-virtual.com/index.php/en/

    3. Lien avec le développement durable

    Si la place Jemaa el-Fna offre un espace de partage (par exemple de plaisir, de joie, de savoirs), elle procure également des revenus et des opportunités d’emploi. En plus d’être un lieu où les artistes, les conteurs et d’autres créateurs se produisent, la place est un haut lieu de l’activité marchande et offre tout un éventail de produits et de trésors gastronomiques de Marrakech – autre facette du patrimoine culturel immatériel de la ville. Plus largement, la place Jemaa el-Fna fait écho à l’engagement de l’Objectif de développement durable n 8, axé sur la promotion d’une croissance économique partagée et durable, du plein emploi et d’un travail décent pour tous. Les échanges culturels et le patrimoine de Jemma el-Fna favorise l’apparition d’un espace ouvert à tous, ce qui reflète l’Objectif de développement durable n 11, visant à créer des villes et communautés durables.

      4. Questions de réflexion

      Auparavant fondées sur l’apprentissage par l’observation, les méthodes de transmission traditionnelles sont aujourd’hui menacées, en particulier pour ce qui concerne des spectacles spécifiques. Le public n’accorde qu’un bref instant d’attention aux conteurs avant de passer à d’autres représentations. Bien que les touristes affluent de plus en plus, le nombre de conteurs diminue tandis que celui d’autres professionnels (par exemple les artistes tatoueurs) augmente. La menace qui pèse sur la transmission des mécanismes traditionnels, la « folklorisation » de la place, les effets négatifs du tourisme, l’expansion des activités commerciales et l’évolution des mentalités chez les jeunes mettent au défi la pérennité de pratiques qui constituent l’essence même de la place Jemaa el-Fna.

      Afin de répondre, au moins partiellement, à ces évolutions, l’espace a été réparti de façon à ce que les professionnels travaillent dans des conditions propices à leurs affaires.
      Les espaces réservés à l’usage des commerces et de la restauration, qui risquent de s’étendre au détriment des spectacles – constitutifs de la dimension culturelle et patrimoniale de la place – ont notamment été réduits.

      Qu’est-ce qui pourrait pousser les conteurs à revenir sur la place ? Quelles sont les mesures de sauvegarde qui pourraient être mises en place pour encourager les jeunes à apprendre l’art de la narration ?

      Quelles autres mesures de sauvegarde pourraient être mises en œuvre pour trouver un juste équilibre entre la demande touristique, la création d’emplois et la volonté de ne pas « décontextualiser » un élément ?

      Pour plus de détails sur ces mesures de sauvegarde, consulter le rapport périodique soumis à l’UNESCO par le Maroc :
      https://ich.unesco.org/fr/etat/maroc-MA?info=rapport-periodique&cp=MA&topic=en-state

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