• Thaïlande
  • 5 - Égalité entre les sexes

Le festival de Salak Yom à Lamphun, Thaïlande

Salak Yom festival
© “Salak-Yom-Traditional” by Alongkot Sumritjearapol is licensed under CC BY-SA 4.0

1. Domaines du PCI 

Pratiques sociales, rituels et événements festifs, savoir-faire liés à l’artisanat traditionnelp

2. Brève description

Tous les ans, entre septembre et octobre, le festival de Salak Yom rassemble les membres du groupe ethnique des Yong, dans la province de Lamphun, en Thaïlande. Ce festival présente un « arbre des offrandes » minutieusement décoré aux moines bouddhistes et aux novices des monastères locaux, en échange de leur bénédiction et de l’acquisition de mérites par les donateurs. L’élément central de ce rituel est une haute tige de bambou décorée de milliers de bâtonnets touffetés aux couleurs vives également faits de bambou et accrochés avec les offrandes destinées aux moines, telles que bols à aumônes, robes, couvertures, lutrins en feuilles de palmier, aliments séchés et argent. La moitié inférieure des arbres est ornée d’objets du quotidien appartenant aux profanes, tels que des ustensiles de cuisine, des vêtements, des fruits et légumes frais, des petites commodes, des balais et plusieurs sortes de contenants.

Le festival de Salak Yom est une variante locale d’un rituel bouddhiste du nord de la Thaïlande connu sous le nom de Kuay Salak. La différence la plus frappante entre le Salak Yom et les autres rites Kuay Salak réside dans le rôle central des femmes. L’arbre était traditionnellement préparé et offert par les jeunes femmes célibataires âgées d’une vingtaine d’années en témoignage de leur application, de leur savoir-faire artisanal et de leur piété bouddhiste. Ce rituel était également considéré comme un rite de passage, illustrant le fait que les femmes avaient atteint l’âge de se marier. Il comprenait également le chant du kalong – un poème décrivant la donatrice, sa famille et toutes les particularités de l’offrande. Si la majeure partie des plus gros arbres de Salak Yom sont aujourd’hui offerts collectivement par les communautés, le festival reste un événement qui reconnaît le rôle essentiel des femmes dans la culture et la société nord-thaïlandaises.

Pour aller plus loin :
Les liens suivants fournissent un résumé du festival de Salak Yom et une vidéo détaillée sur le rituel :
http://www.sac.or.th/databases/ichlearningresources/index.php/video/82-sa-lak-yom
http://www.sac.or.th/databases/rituals/en/detail.php?id=2

Un petit film sur le festival et ses liens avec le genre, financé par le ministère de la Culture thaïlandais, est disponible ici :
https://www.youtube.com/watch?v=bBh328sFhX4

    3. Lien avec le développement durable

    Traditionnellement, le festival de Salak Yom était un rite de passage pour les jeunes femmes du groupe ethnique des Yong. Par leur participation, ces jeunes femmes apprenaient non seulement l’importance d’accumuler des mérites pour leurs propres félicité et prospérité futures mais aussi à commémorer les esprits des défunts et à acquérir des mérites pour ces derniers. Tout cela cimentait les liens qui les unissaient à leurs familles et à leur communauté sociale en général. Les mérites acquis grâce aux offrandes réalisées à l’occasion du Salak Yom étaient jugés équivalents aux mérites accumulés par un moine au moment de son ordination. À cet égard, le festival de Salak Yom reflète la remarque formulée dans les Directives opérationnelles selon laquelle « les communautés et les groupes transmettent leurs valeurs, leurs normes et leurs attentes relatives au genre à travers le patrimoine culturel immatériel » (VI.1.4.181). Plus largement, le festival fournit un espace social pour renforcer l’égalité des genres à travers la reconnaissance du rôle des femmes dans la communauté, la culture et la société thaïlandaises, contribuant de ce fait à l’Objectif de développement durable n 5 sur l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes.

    4. Questions de réflexion

    L’un des risques liés à la pérennité du festival comme expression de l’égalité des genres concerne sa récente promotion en tant que festival provincial et attraction touristique.   Si son financement par le gouvernement a contribué à accroître la participation et la visibilité du festival, l’un des effets inattendus est que cela a également affaibli l’attention portée aux femmes en tant que principales donatrices et exécutrices de cette pratique. Le gouvernement local a établi des normes concernant la taille minimum des arbres ainsi que sur les objets qui servent à les orner afin de conférer une certaine grandeur à ce rituel. Par conséquent, pour de nombreuses femmes, il est difficile de participer en tant que donatrices individuelles, car cela se révèle trop onéreux. En outre, dans un certaine mesure, les femmes d’aujourd’hui n’entretiennent plus les mêmes valeurs que par le passé. Certaines d’entre elles sont moins attachées aux valeurs spirituelles liées au mérite que l’on cultive lors de ce festival. Le Salak Yom ne sert plus de rite de passage pour les jeunes femmes.

    Que peut-on faire pour atténuer les risques ? Quels types de politiques et de programmes pourraient soutenir la sauvegarde du festival de Salak Yom pour les femmes le pratiquant ?

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