• Colombie, Panama
  • 5 - Égalité entre les sexes   8 - Travail décent et croissance économique

Les molas des femmes Gunas Panama et Colombie

An example of mola design
© “Mola (Nähkunstwerk)” by Stefan Laube is licensed under the public domain

1. Domaines du PCI 

Connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers, savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel

2. Brève description

Les communautés autochtones du groupe Guna vivent sur un territoire situé entre le Panama et la Colombie. Les femmes autochtones gunas croient en l’existence d’une forte interconnexion culturelle entre l’habillement et l’identité gunas. Elles portent traditionnellement des anneaux en or dans le nez, des colliers d’or ou de perles autour du cou et ornent leurs avant-bras et leurs jambes de winnis (bracelets) de perles. Elles couvrent leur tête, et parfois leur visage, de foulards rouges imprimés de jaune (les muswe), portent des jupes enveloppantes en étoffe bleu marine décorées de motifs (les sabured), des chemisiers aux manches et au col à tissu fleuri, et enfin, deux panneaux de tissu cousus à la main, l’un sur le devant, l’autre au dos, appelés « molas ».

Les thèmes et les couleurs utilisés sur les panneaux molas reflètent les nombreux centres d’intérêt des femmes gunas et mettent l’accent sur l’inclusion d’éléments de la vie quotidienne sur leurs vêtements. La description sur les molas de la cosmologie guna et des représentations gunas des événements du cycle de la vie entretient également l’identité communautaire, même pour les femmes qui ne portent pas de molas tous les jours mais les fabriquent pour en faire commerce. Outre la dimension culturelle importante des molas, ces panneaux ont aussi un sens symbolique – ils sont l’expression d’une identité et de la résistance au colonialisme. Surtout, les molas représentent une source de revenu pour les familles de Guna Yala. Ils ont acquis une forte valeur commerciale et sont exclusivement fabriqués par les femmes et les omeguiids (hommes transgenres), dont la contribution aux revenus du foyer est devenue essentielle.

Pour aller plus loin :

Pour plus d’informations sur le contexte social et les techniques de fabrication des molas, consulter les liens suivants :
https://sanblas-islands.com/wp-content/uploads/2014/08/Guna-mola.pdf
https://sanblas-islands.com/Guna-indians/art/

Vidéos sur la communauté guna et la fabrication des molas :
https://www.youtube.com/watch?v=6E4vxGxptO8 (en espagnol)
https://www.youtube.com/watch?v=n8jthUT1D2Y (en anglais)

    3. Lien avec le développement durable

    Les revenus engrangés grâce à la vente des molas de Guna Yala illustrent la façon dont la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel peut contribuer à l’économie locale et à la réduction de la pauvreté dans les communautés. De manière tout aussi importante, la commercialisation des molas participe de l’égalité des genres à travers l’autonomisation des femmes et leur participation pleine et entière à la vie politique, économique et publique locale, à tous les niveaux de la prise de décisions. La fabrication des molas, qui repose sur des connaissances et pratiques traditionnelles, a contribué à instaurer des relations équitables entre les sexes et a favorisé la croissance économique, et reflète donc l’ambition affichée par l’Objectif de développement durable n 5 de parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser les femmes et les filles (et les hommes transgenres), et par l’Objectif de développement durable n 8, centré sur la promotion d’un travail décent et d’une croissance économique partagée.

    4. Questions de réflexion

    En 2001, le Guna a enregistré le droit de propriété collective autochtone (Loi panaméenne n  20 du 26 juin 2000 instaurant « un régime particulier de propriété intellectuelle applicable aux droits collectifs des communautés autochtones pour la protection de leur identité culturelle et de leurs savoirs traditionnels ». Voir sur : http://www.wipo.int/wipo_magazine/fr/2005/06/article_0005.html) des molas, ce qui a accru la valeur des pièces et leur a assuré une protection contre la reproduction illicite. L’accroissement du tourisme dans le Guna Yala a également dynamisé les ventes de molas et stimulé d’autres entreprises liées au tourisme. Toutefois, la demande touristique peut aussi entraîner une décontextualisation et réorienter la production de molas pour complaire aux préférences du marché au lieu de refléter les éléments qui confèrent au peuple guna son identité. Ceci pourrait avoir pour conséquence de fragiliser les connaissances traditionnelles associées à la fabrication des molas.

    Comment ces risques liés à la commercialisation de produits ou de processus représentant des manifestations du PCI peuvent-ils être atténués ?

    Quel est le meilleur moyen de trouver un équilibre entre la commercialisation de ce savoir-faire et les connaissances et pratiques traditionnelles qui y sont associées ?

    Que peuvent faire les États pour protéger cette forme de propriété intellectuelle, surtout si ce PCI se manifeste dans deux pays différents ?

    Top