L’organe national en charge de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel est la Direction générale de la culture (du Ministère de l’Éducation et de la Culture). Jusqu’à la fin 2011, cette responsabilité était dévolue à la Direction générale des valeurs culturelles, des arts et du film (Nilai Budaya, Seni, dan Film – NBSF) du Ministère de la Culture et du Tourisme. Au sein de la Direction générale de la culture, la Direction de l’internalisation des valeurs et de la diplomatie culturelle (Internalisasi Nilai dan Diplomasi Budaya – INDB) est l’agence en charge de la mise en œuvre, elle bénéficie du soutien du Centre de recherche et de développement de la culture (Pusat Penelitian dan Pengembangan Kebudayaan) du même ministère. Des sous-directions sont responsables de différents aspects du patrimoine culturel immatériel tels que la réalisation d’inventaires. Les Bureaux de sauvegarde des valeurs culturelles (Balai Pelestarian Nilai Budaya – BPNB) des 11 provinces d’Indonésie sont les interfaces avec les communautés locales.
La formation à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel est dispensée par le Centre de développement des ressources humaines de la culture. Une formation officielle aux arts et à la culture est également dispensée par l’Institut des arts d’Indonésie (Institut Seni Indonesia – ISI) et ses trois établissements affiliés (ISI Denpasar, dans la province de Bali, ISI Surakarta, dans la province de Java central et ISI Padang Panjang, dans la province de Sumatra occidental), par l’Académie indonésienne des arts et dans trois lycées d’enseignement professionnel.
L’INDB est responsable de la collecte et de la conservation de la documentation sur le patrimoine culturel immatériel et des résultats des travaux de recherche, qui sont regroupés dans la Base de données du patrimoine culturel immatériel indonésien. Un portail web permet également aux communautés de télécharger des informations sur leur patrimoine culturel immatériel. Le Centre de recherche et de développement de la culture a également entrepris des travaux de recherche sur des éléments du patrimoine culturel immatériel qui ne sont pas directement concernés par la préparation des dossiers de candidature. Ces travaux et leur documentation (photos, films et entretiens) sont ensuite utilisés à des fins éducatives et pour la promotion du patrimoine culturel immatériel.
L’Indonésie a mis en place un inventaire national appelé Registre du patrimoine culturel immatériel national (Registrasi Warisan Budaya Takbenda Nasional) qui est administré par l’INDB avec le soutien, au niveau local, des 11 bureaux BPNB. Le format de l’inventaire a été défini par le Centre de recherche et de développement de la culture et ce qui était alors la NSBF, en collaboration avec le Bureau de l’UNESCO à Jakarta. Il a été publié sous la forme d’un manuel bilingue (anglais et indonésien). Les bureaux BPNB ont été très actifs dans la collecte des données de cet inventaire. L’approche choisie consiste à recueillir les données auprès de la communauté et à compléter les formulaires à la fois sous forme électronique et sur un exemplaire papier.
Les critères d’inclusion sont les suivants : (i) le patrimoine correspond à la définition de l’article 2 de la Convention ; (ii) les 17 champs de la base de données doivent être renseignés ; (iii) le patrimoine est conforme aux lois indonésiennes, y compris en ce qui concerne les droits de l’homme ; et (iv) le consentement de la communauté est donné. Si l’élément comporte des informations sensibles, l’accès aux données sera restreint. Les champs du formulaire d’inventaire concernent l’état actuel de l’élément (pratiqué, maintenu, en voie de disparition, menacé, éteint), le ou les plans de sauvegarde pour l’élément et les actions de sauvegarde proposées par la communauté. Les données sont mises à jours tous les deux ans et les 11 bureaux BPNB sont en charge, en concertation avec la communauté, de vérifier les données existantes et nouvelles. Les suggestions relatives à la sauvegarde sont enregistrées et la communauté est considérée comme la source essentielle d’informations sur l’élément et de propositions pour son développement. Les organisations non gouvernementales associées à l’élément sont consignées dans les entrées de l’inventaire et certaines de ces organisations réalisent et administrent leur propre inventaire ; elles peuvent par ailleurs partager des métadonnées avec le Ministère.
L’Indonésie entreprend différentes actions pour promouvoir le patrimoine culturel immatériel en organisant des expositions, des festivals et des événements comme les Rencontres du batik en 2011, les Rencontres du wayang en 2012 (avec des représentations de marionnettes d’Indonésie et de neuf autres pays) et le Festival international du Ramayana en 2013 auquel 600 interprètes des arts du Ramayana, originaires de neuf pays, ont participé.
L’éducation au patrimoine culturel immatériel est tout particulièrement importante en Indonésie. Des contenus éducatifs consacrés au patrimoine culturel immatériel ont été intégrés dans le programme scolaire, soit en tant que particularité locale soit dans le cadre des activités extrascolaires, pour tous les niveaux d’enseignement (jusqu’au lycée). Par exemple, la technique du batik est enseignée à l’école professionnelle de Pekalongan et l’art du textile au collège de la même ville. Le programme intitulé « Éducation et formation au patrimoine culturel immatériel du batik indonésien à Pekalongan » a été reconnu par le Comité comme étant une « meilleure pratique de sauvegarde » en 2009. Dans l’enseignement supérieur, le Kris est enseigné à l’Institut des arts de Surakarta, l’Université Gadjah Madam propose un cours sur la philosophie de l’art des marionnettes et l’Angklung est enseigné à l’Académie indonésienne des arts.
Des programmes éducatifs et de formation consacrés à des éléments particuliers du patrimoine culturel immatériel (inscrits ou pas) ont également été proposés. Des séminaires, des symposiums et des ateliers ont, entre autres, été organisés pour les membres des communautés par des maîtres, des experts et d’autres membres des communautés. Un atelier d’une semaine consacré aux marionnettes a, par exemple, été organisé en 2013 par l’organisation Sena Wangi et la société de l’Angklung propose régulièrement des ateliers. Avec le soutien du gouvernement, le Secrétariat national du Kris a organisé des symposiums et des ateliers réguliers pour les membres de la communauté. Le Musée du Wayang à Jakarta présente une exposition très complète des marionnettes wayang qui va de leur fabrication à leur interprétation, c’est autant une forme d’éducation pour la communauté qu’une action de mise en avant de l’élément. Les principaux moyens de transmission non formelle du patrimoine culturel immatériel sont les écoles du patrimoine culturel immatériel traditionnel (sanggar) et les associations d’amateurs d’éléments particuliers. Par ailleurs, même si elles sont transposées dans le cadre de l’éducation formelle, les méthodes traditionnelles de transmission demeurent identiques, comme c’est le cas avec les maîtres du batik qui donnent des cours dans les écoles.
S’agissant de la coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale, en 2012, l’Indonésie a accueilli un atelier sous-régional sur le patrimoine culturel immatériel, en coopération avec l’ICHCAP (un centre de catégorie 2 basé en République de Corée), avec des participants venus de 11 pays de l’Asie du Sud-Est. En Novembre 2013, l’Indonésie a organisé le Forum Mondial de la Culture sur « le pouvoir de la culture pour le développement » ; 391 participants y ont assisté et 71 ont fait des présentations. En 2006, l’organisation Sena Wangi a créé l’Association asiatique des marionnettes pour la sauvegarde et le développement de l’art des marionnettes dans les dix pays membres de l’ASEAN. Sena Wangi a également contribué à la création du centre national indonésien de l’UNIMA (Union internationale de la marionnette).
L’Indonésie a quatre éléments inscrits sur la Liste représentative qui font l’objet du présent rapport : le théâtre de marionnettes wayang (incorporé en 2008 après avoir été proclamé chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité en 2003) ; le Kris indonésien (également incorporé en 2008 après avoir été proclamé chef d’œuvre en 2005) ; le batik indonésien (2009) ; et l’Angklung indonésien (2010). L’inscription et la publicité faite à celle-ci n’ont pas seulement amélioré la reconnaissance des éléments eux-mêmes mais également du patrimoine culturel immatériel en général, elles ont également permis de soutenir les diverses communautés qui pratiquent différents styles de ces éléments (p. ex. le batik et le kris).
Les efforts entrepris depuis l’inscription pour promouvoir et/ou renforcer les éléments ont des caractéristiques communes. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne la transmission ou l’éducation, formelle et non formelle, lorsque les éléments ont été intégrés dans les programmes scolaires (en tant que particularité locale ou dans le cadre des activités extrascolaires) avec un enseignement dispensé par des représentants de l’élément au moyen de méthodes traditionnelles. En ce qui concerne l’Angklung, la formation se concentre sur les techniques de fabrication de l’instrument en bambou, et le Service de gestion des forêts s’efforce de rendre le bambou noir, nécessaire à la fabrication de l’instrument, plus disponible. Les associations communautaires et les organisations de la société civile du même type jouent un rôle central dans le contexte institutionnel de tels efforts et ont activement pris part à l’élaboration des présents rapports sur les éléments inscrits.