Rapport périodique sur la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel

La Convention précise dans son Article 29 que les États parties présentent au Comité des rapports sur les dispositions législatives, réglementaires ou autres prises pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel sur leurs territoires. Cette page présente les rapports périodiques et les échéances pour un pays : Hongrie (voir la situation de tous les États parties).

Les rapports périodiques permettent aux États parties d’évaluer leur mise en œuvre de la Convention et leurs capacités de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, de faire rapport sur leurs inventaires du patrimoine culturel immatériel, et de mettre à jour le statut des éléments inscrits sur la Liste représentative.


Sur la mise en œuvre de la Convention

Chaque État partie soumet son rapport périodique au Comité avant le 15 décembre de la sixième année suivant la date à laquelle il a déposé son instrument de ratification, d’acceptation ou d’approbation, et tous les six ans par la suite.

Rapport soumis le 15/12/2021 et examiné par le Comité en 2022

Résumé

bientôt disponible

Rapport soumis le 15/12/2012 et examiné par le Comité en 2013

Résumé

La Loi 38 sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (2006) confère la responsabilité de la mise en œuvre de la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au ministère responsable de la culture, le Ministère des Ressources humaines, avec son Secrétaire d’état en charge de la culture (Département de la culture publique). En 2008, le ministère a établi un organe consultatif (le Comité national hongrois pour le patrimoine culturel immatériel) qui est composé de représentants des organisations administratives, professionnelles et sociales concernées. Des fonctions spécifiques ont été déléguées à des institutions (telles que l’Association pour l’Institut du folklore européen et d’autres organisations non gouvernementales) et des musées (le Musée de plein air). La Direction du patrimoine culturel immatériel a été créée en tant qu’unité organisationnelle indépendante au sein du Musée de plein air. Depuis 2012, les fonctions de Comité national sont assumées par le Comité d’experts du patrimoine culturel immatériel de la Commission nationale hongroise auprès de l’UNESCO. La Direction du patrimoine culturel immatériel continue d’assumer les fonctions de Secrétariat (par délégation du Secrétaire d’État en charge de la culture) et elle doit participer aux tâches liées à la Convention, gérer les listes nationales, préparer les candidatures soumises à l’UNESCO sur la base des décisions du Comité d’experts et faire la liaison avec les réseaux professionnels et les communautés concernées.
Les ressources humaines et les capacités de formation à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel sont en général d’un niveau de qualité élevé car elles se fondent sur un travail ethnologique historiquement solide en Hongrie. L’éducation au patrimoine culturel immatériel repose essentiellement sur des institutions opérant dans les domaines des arts, des humanités et des sciences sociales, de l’éducation des adultes, du tourisme et de la communication. L’Université Eötvös Loránd ainsi que les universités de Pécs, Debrecen, Szegzed et Miskolc proposent des cours sur le patrimoine culturel immatériel dans le cadre de leurs formations sur la patrimoine culturel. L’Université Eötvös Loránd propose un diplôme de maîtrise d’histoire avec une spécialisation en patrimoine culturel. Des cours spécialisés sont également dispensés par l’Université Eszterházy Károly, la Faculté des technologies de l’information, l’Université d’art et de design Moholy-Nagy et l’Institut d’études sociales et européennes (ISES).
La documentation de la culture populaire traditionnelle, y compris du patrimoine culturel immatériel, est un travail continu et de grande envergure entrepris depuis la seconde moitié du XIXe siècle. Les musées nationaux (le Musée de plein air et le Musée d’ethnographie), les musées des comtés et les musées locaux, les collections d’histoire locale ainsi que l’Institut de musicologie et l’Institut d’ethnologie (qui font partie du Centre de recherche sur les humanités de l’Académie hongroise des sciences) et le Centre de documentation du folklore László Lajtha de la Maison du patrimoine hongrois entreprennent tous la collecte et le stockage systématiques de dossiers photographiques, d’enregistrements audio et vidéo et d’autres documents. La Direction du patrimoine culturel immatériel, dépendant du Musée hongrois de plein air, a également établi une Collection du patrimoine culturel immatériel (2012) dont l’objectif est de recueillir et documenter de façon systématique le matériel documentaire en lien avec les éléments inscrits dans les Inventaires nationaux. Ces éléments de documentation sont rendus accessibles à des fins de recherche et au public en général.
Le travail d’inventaire du patrimoine culturel immatériel est entrepris depuis 2008 par la Direction du patrimoine culturel, le Comité d’experts du patrimoine culturel immatériel, le Musée de plein air et des experts indépendants. Il existe deux inventaires nationaux : l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel (13 entrées en 2012) et l’inventaire national des meilleures pratiques de sauvegarde (deux entrées en 2012). Les critères d’inclusion d’éléments du patrimoine culturel immatériel dans l’inventaire sont adaptés des critères R.1 à R.4 qui sont utilisés pour les candidatures à la Liste représentative (au niveau international) à l’exception de l’obligation de prouver l’inscription à l’inventaire national, la mention d’impact international étant remplacée par l’importance nationale. À l’origine, l’inventaire ne prenait pas en considération la viabilité du patrimoine culturel immatériel. Toutefois, la Commission nationale a récemment ajouté une question sur le formulaire de candidature à l’inscription à l’Inventaire national, sur une éventuelle difficulté qui pourrait restreindre, voire empêcher, la pratique de l’élément. De même, les critères d’inclusion dans l’Inventaire des meilleures pratiques de sauvegarde se conforment à ceux utilisés au niveau international pour le Registre des meilleures pratiques de sauvegarde.
Les candidatures doivent être dans un premier temps soumises par les communautés concernées. Les communautés doivent également jouer un rôle primordial dans la préparation de la plus grande partie de la documentation ainsi que dans l’élaboration et la mise en œuvre de mesures efficaces pour sauvegarder la viabilité de l’élément, démontrant ainsi leur engagement en faveur de sa pratique et sa transmission. Toutes les demandes d’inclusion doivent être assorties d’une preuve du consentement préalable et éclairé de la communauté concernée. Comme c’est le cas avec les organisations non gouvernementales, il est courant d’impliquer les représentants d’organisations professionnelles locales (et parfois nationales), les autorités locales, les églises et les communautés religieuses dans l’identification du patrimoine culturel immatériel et la rédaction des formulaires d’inscription. Au niveau des comtés, des coordinateurs contribuent également à la procédure d’inscription en donnant des conseils professionnels et en orientant la démarche.
En ce qui concerne les mesures destinées à intégrer la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel dans les programmes de planification et de développement, un mécanisme de soutien financier au patrimoine culturel immatériel est actuellement en cours d’élaboration. Certains programmes de financement du Fonds national de la culture destinés à des projets et festivals en lien avec la culture mentionnent déjà les thématiques du patrimoine culturel immatériel comme l’un des critères d’éligibilité. Par exemple, le Réseau national rural de Hongrie, dénommé « Qualité de la vie rurale et diversification des économies rurales » propose un soutien spécifique aux communautés pour la préparation du matériel de candidature à l’inscription aux Inventaires nationaux. En outre, il est fait état d’un mécanisme de financement qui devrait permettre au Fonds national de la culture, dès 2013, de soutenir les communautés dont le patrimoine culturel immatériel est déjà inscrit aux Inventaires nationaux.
S’agissant des programmes éducatifs, le Programme scolaire national de base (2012) a institué les « études sur le pays et la culture populaire » en tant que module, d’une durée de 36 heures, destiné aux élèves en fin d’enseignement élémentaire, et les étudiants sont familiarisés au patrimoine culturel immatériel avec la participation des communautés praticiennes ou détentrices. Des types de formation et de transfert des connaissances en dehors des lieux traditionnels d’enseignement, concernant un très vaste spectre de pratiques, sont intégrés dans les programmes scolaires locaux et les activités culturelles communautaires. L’éducation interactive a également été développée pour le patrimoine culturel immatériel et certains cours d’université comprennent des modules consacrés au patrimoine culturel immatériel (p. ex. des études sur le développement environnemental et communautaire ainsi que l’anthropologie). Grâce au Mouvement Tanchaz (et avant lui, la Méthode Kodaly), la danse et la musique traditionnelle sont enseignées depuis des décennies dans des écoles spécialisées dans la musique populaire et l’art populaire.
La coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale se concrétise par des relations bilatérales avec la Roumanie, la Slovaquie et la Pologne (avec ces deux derniers pays, autour de la Méthode de transmission Tanchaz, sélectionnée en 2011 pour le Registre des meilleures pratiques de sauvegarde). Le projet ETNOFOLK 2011-2014 (République tchèque, Slovaquie, Slovénie, Autriche et Hongrie), financé par le Fonds structurel européen, sous l’égide du Programme transnational d’Europe centrale, est consacré au partage de documentation sur le patrimoine culturel immatériel et à l’élaboration de politiques et de stratégies. Le développement de réseaux internationaux est intense et les contacts avec les experts internationaux sont permanents, créant ainsi un réseau régional d’experts en développement constant (p. ex. avec la Roumanie et la Slovaquie). Un grand intérêt est accordé au patrimoine populaire de la diaspora hongroise et d’autres groupes ethniques de la région du bassin des Carpathes, et l’information sur le patrimoine culturel immatériel est diffusée auprès de la diaspora par des experts.
La Hongrie fait ici rapport sur un élément inscrit sur la Liste représentative : les festivités Busó de Mohács : une coutume de carnaval masqué marquant la fin de l’hiver (2009). Depuis son inscription, la reconnaissance des festivités Busó s’est accrue tant au plan national qu’international. Les groupes Busó ont tissé des liens avec d’autres groupes de mimes et de porteurs de masques en Europe. L’inclusion dans la Liste a surtout contribué à une renaissance de la sculpture de masques – une des composantes essentielles de la tradition – il y a désormais cinq artisans sculpteurs de masques à Mohács, l’un d’entre eux étant détenteur du titre de « Jeune maître des arts populaires ». Toutefois, certains risques menacent les festivités Busó. Les jeux de rôles, l’espièglerie et l’enjouement primitifs de l’événement traditionnel s’accommodent mal de l’aspect « grand public » du carnaval. Cela a eu pour conséquence une certaine forme de limitation de la pratique, nécessaire pendant la procession. L’autre menace de poids est le tourisme de masse : la petite ville de Mohács avec ses voies étroites ne peut accueillir qu’un nombre limité de visiteurs. Pour la préparation du présent rapport, le responsable de la Direction du patrimoine culturel immatériel a personnellement consulté les représentants de la communauté afin de débattre du questionnaire, et les représentants de la communauté ont eux-mêmes préparé le rapport en détaillant leurs expériences et les enseignements tirés depuis l’inscription des festivités Busó sur la liste.

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