Décision du Bureau : 14.COM 1.BUR 3.1

Le Bureau,

  1. Rappelant l’article 23 de la Convention ainsi que le chapitre I.4 des Directives opérationnelles relatifs à l’admissibilité et aux critères des demandes d’assistance internationale,
  2. Ayant examiné le document LHE/19/14.COM 1.BUR/3, ainsi que la demande d’assistance internationale n  01531 soumise par le Cameroun,
  3. Prend note que le Cameroun a demandé une assistance internationale pour le projet intitulé Le renforcement des capacités pour la sauvegarde et la gestion du patrimoine culturel immatériel au Cameroun :

Mis en œuvre par la Direction du patrimoine culturel du Ministère des arts et de la culture sur une période de dix-huit mois, le projet proposé vise à renforcer les capacités des communautés Bamoun et Sawa afin de sauvegarder leur patrimoine culturel immatériel. L’initiative proposée s’inscrirait dans le cadre plus général du programme national d’inventaire du patrimoine culturel, au titre duquel deux ateliers de formation ont déjà été organisés dans les régions de l’ouest et du littoral du Cameroun depuis 2016. Le projet proposé, qui couvrira trois départements géographiques (le Noun, le Wouri et le Nkam) vise à former quatre-vingts représentants des communautés Bamoun et Sawa à la sauvegarde de leur patrimoine culturel immatériel, grâce à deux ateliers organisés à Foumban et à Douala ; à mettre en place des plateformes de communication intergénérationnelle en organisant des réunions mensuelles au cours desquelles les membres des communautés pourront échanger à propos de leurs pratiques de vie et effectuer le suivi des activités du projet ; à créer une banque publique de données sur le patrimoine vivant, ainsi qu’un réseau de praticiens ; et à diffuser des informations relatives à deux éléments spécifiques du patrimoine culturel immatériel (le Ngondo et le Ngouon) auprès des membres des communautés de tout âge, grâce à des émissions de radio hebdomadaires, un documentaire vidéo et une publication traduite dans les langues locales.

  1. Prend note en outre, que cette assistance concerne l’appui à un projet mis en œuvre au niveau local, conformément à l’article 20 (c) de la Convention, et qu’il prend la forme d’octroi d’un don, conformément à l’article 21 (g) de la Convention ;
  2. Prend également note que le Cameroun a demandé une allocation d’un montant de 98 200 dollars des États-Unis du Fonds du patrimoine culturel immatériel pour la mise en œuvre de ce projet ;
  3. Décide que, d’après les informations fournies dans le dossier n  01531, la demande satisfait comme suit aux critères d’octroi de l’assistance internationale énoncés dans les paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles :

Critère A.1 : Le projet prévoit une large participation des communautés Bamoun et Sawa à toutes les étapes du projet, y compris lors des phases de préparation, de mise en œuvre et d’évaluation. En outre, les activités semblent reposer en partie sur les résultats de deux ateliers de renforcement des capacités organisés en 2016 et 2017, auxquels ont participé des représentants des deux communautés concernées. Toutefois, les informations fournies ne précisent pas clairement si la demande vise à répondre à des besoins spécifiques identifiés par ces communautés. Il s’agit de clarifier, par exemple, si l’attention particulière accordée à deux éléments spécifiques du patrimoine vivant (le Ngondo et le Ngouon) reflète effectivement le souhait de ces communautés.

Critère A.2 : Le budget n’est pas présenté de manière suffisamment structurée et cohérente pour appuyer la description des activités proposées. Par ailleurs, un certain nombre de dépenses prévues semblent avoir été omises, ce qui soulève la question de savoir si le montant demandé suffira à pleinement mettre en œuvre le projet. En outre, plusieurs des calculs présentés dans le tableau budgétaire ne sont pas expliqués de manière détaillée. En raison de la conjonction de ces problèmes, la justesse du montant demandé ne peut pas être évaluée adéquatement.

Critère A.3 : La demande présente sept activités distinctes, comprenant à la fois des activités visant à sensibiliser et à renforcer les capacités générales de deux communautés à sauvegarder leur patrimoine vivant, et des activités visant spécifiquement à améliorer la visibilité de deux éléments, sans aucune explication de la justification du choix de ces deux éléments. L’ordre logique qui relie les sept activités est très précaire. Celles-ci incluent des activités de formation consacrées aux méthodologies de sauvegarde et aux candidatures, des activités de documentation sur les pratiques vivantes des communautés Bamoun et Sawa, mais aussi des actions de sensibilisation concernant seulement deux éléments de leur patrimoine vivant, la création d’une base de données et plusieurs mesures de suivi du projet. Si certaines des activités proposées, telles que les ateliers de formation, contribuent clairement et directement aux objectifs du projet, d’autres manquent d’explications et de justifications adéquates au regard du but recherché.

Critère A.4 : Le projet prévoit des mesures susceptibles de contribuer à la pérennité des résultats escomptés, telles que la création de comités locaux établis dans les communautés et responsables de superviser les activités pendant et après le projet. Cependant, afin de démontrer la capacité du projet à obtenir des résultats durables, des informations supplémentaires sont nécessaires concernant plusieurs de ces mesures, comme la réalisation d’un guide pratique de documentation du patrimoine culturel immatériel ou la création d’un réseau de formateurs et de promoteurs de la documentation du patrimoine culturel immatériel avec la participation des communautés. En outre, la demande ne démontre pas comment la création d’une base de données sur les pratiques vivantes dans les deux communautés désignées permettra d’identifier, de définir et de mettre en œuvre des mesures de sauvegarde appropriées pour les éléments identifiés.

Critère A.5 : L’État demandeur couvrira 27 pour cent du budget total du projet pour lequel l’assistance internationale est demandée au Fonds du patrimoine culturel immatériel.

Critère A.6 : Le projet vise à renforcer les capacités des communautés Bamoun et Sawa afin de sauvegarder leur patrimoine vivant à travers l’organisation de deux ateliers de formation consacrés aux méthodologies de sauvegarde et à la préparation de candidatures aux listes de la Convention. Toutefois, la demande ne définit pas clairement en quoi les activités de formation proposées complèteront les ateliers déjà organisés en 2016 et 2017. De plus, le lien entre le contenu prévu des ateliers de formation et les activités ultérieures de documentation et d’inventaire du patrimoine vivant n’est pas étayé, ce qui soulève des questions quant à la capacité future des communautés à améliorer effectivement la sauvegarde de leur patrimoine.

Critère A.7 : L’État partie n’a, à ce jour, bénéficié d’aucune assistance financière du Fonds du patrimoine culturel immatériel de la Convention de 2003 de l’UNESCO pour mettre en œuvre des activités similaires ou connexes dans le domaine du patrimoine culturel immatériel.

Paragraphe 10(a) : Le projet a une portée nationale et sa mise en œuvre implique des partenaires locaux et nationaux, dont le Ministère des arts et de la culture et des comités locaux participant à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

Paragraphe 10(b) : La demande estime que l’amélioration de la sauvegarde de deux pratiques spécifiques contribuera à la cohésion sociale et à la consolidation de la paix dans les zones cibles et dans le reste du pays, ce qui devrait encourager l’octroi de contributions financières supplémentaires de la part des autorités nationales. Cependant, le projet semblant prévoir uniquement des activités de sensibilisation pour ces deux éléments, sa capacité à mobiliser des ressources supplémentaires n’est donc pas clairement démontrée.

  1. Décide de renvoyer à l’État demandeur la demande d’assistance internationale pour le projet intitulé Le renforcement des capacités pour la sauvegarde et la gestion du patrimoine culturel immatériel au Cameroun et l’invite à soumettre une demande révisée au Bureau pour examen lors d’une prochaine session ;
  2. Prend note que la demande constitue une version révisée soumise par l’État suite à l’aide fournie par le Secrétariat pour améliorer la demande initiale grâce à une lettre d’informations supplémentaires et reconnaît les difficultés rencontrées par l’État demandeur pour réviser la demande ;
  3. Invite en outre l’État demandeur à envisager de recevoir une assistance technique fournie par des experts, comme décrit dans l’article 21 de la Convention, et demande au Secrétariat de prendre les dispositions nécessaires à une telle assistance si l’État demandeur souhaite en bénéficier ;
  4. Encourage l’État partie, s’il souhaite resoumettre sa demande, à réviser le contenu du projet en tenant compte des préoccupations soulevées ci-dessus et à veiller à établir un lien clair entre les objectifs généraux et les activités, le budget et le calendrier proposés pour ce projet.

Top