Décision du Bureau : 12.COM 2.BUR 4.3

Le Bureau,

  1. Rappelant le chapitre V de la Convention et le chapitre I des Directives opérationnelles,
  2. Ayant examiné le document ITH/17/12.COM 2.BUR/4, ainsi que la demande d’assistance internationale n  01154,
  3. Prend note que le Guatemala a demandé une assistance internationale pour le projet intitulé La préservation des connaissances et des pratiques ancestrales du peuple chuj :

Le projet vise à revitaliser les connaissances et les pratiques ancestrales du peuple chuj dans la municipalité de San Mateo Ixtatan dans la Sierra de los Cuchumatanes au Guatemala. L’usage de la langue maya chuj, par laquelle ce patrimoine culturel immatériel s’exprime, est en grave déclin depuis une décennie en raison de divers processus d’acculturation et de l’émigration des jeunes générations. Cela a entraîné une perte rapide des traditions culturelles des Chuj, que le projet vise à contrebalancer grâce à un programme de lecture et d’écriture, des échanges intergénérationnels autour des expressions orales, le géoréférencement des sites sacrés et l’organisation de festivals avec les écoles primaires. Mis en œuvre par une organisation non gouvernementale locale, la Fondation Ixtatan, en collaboration avec six écoles primaires et l’Académie des langues mayas, le projet va promouvoir l’enseignement bilingue et interculturel tout en renforçant le rôle des anciens dans la transmission des pratiques et des connaissances qui sont au cœur de la cosmovision du peuple chuj. Partant du principe que les sites sacrés et leur histoire jouent un rôle éducatif au même titre que les écoles, leur inventaire est considéré comme un moyen de sauvegarder les valeurs traditionnelles qu’ils incarnent et d’assurer leur recensement par le ministère de la Culture pour mieux les sauvegarder.

  1. Prend note en outre que cette assistance concerne l’appui à un projet mis en œuvre au niveau local afin de sauvegarder le patrimoine culturel immatériel conformément à l’article 20(c) de la Convention, et qu’elle prend la forme de l’octroi d’un don conformément à l’article 21(g) de la Convention ;
  2. Prend également note que le Guatemala a demandé une allocation d’un montant de 24 957,82 dollars des États-Unis du Fonds du patrimoine culturel immatériel pour la mise en œuvre de ce projet ;
  3. Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier nº 01154, la demande satisfait aux critères doctroi de lassistance internationale énoncés aux paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles comme suit :
Critère A.1 : La demande mentionne l’implication des communautés, particulièrement des anciens de la communauté chuj, dans la définition des besoins justifiant la préparation de cette demande. Toutefois, elle ne contient pas suffisamment d’informations sur les mécanismes prévus pour assurer l’implication, non seulement des anciens mais aussi des autres acteurs clés de la communauté (les professeurs, par exemple) dans la mise en œuvre et le suivi du projet, ni sur la façon dont leurs perspectives et leurs aspirations seront intégrées dans la gestion du projet ;

Critère A.2 : En raison de l’intégration de diverses dépenses dont la pertinence par rapport aux activités proposées n’est pas démontrée (rémunération de joueurs de marimba, matériel informatique, etc.) et de plusieurs erreurs de calcul, la demande n’apporte pas la preuve que le montant demandé est justifié. Les coûts doivent être mieux détaillés, en évitant au maximum les sommes forfaitaires qui risquent de ne pas justifier suffisamment les dépenses prévues ;

Critère A.3 : La demande ne présente pas suffisamment d’informations sur les liens entre les différentes activités proposées et les présente sous forme de liste d’initiatives isolées et non coordonnées. En raison d’incohérences entre la description des activités, le budget et le calendrier proposés, il est difficile de déterminer comment chaque activité pourrait tirer parti des résultats des activités précédentes, par exemple la façon dont le programme de lecture et d’écriture pourrait utiliser les informations recueillies par l’inventaire des lieux sacrés ou par les échanges avec les anciens de la communauté. En l’absence de description minimale des connaissances et des pratiques ancestrales des Chuj que le projet vise à sauvegarder, l’importance de l’enseignement de la langue chuj pour garantir la viabilité de cet élément de patrimoine n’est pas clairement démontrée ;

Critère A.4 : Même si le potentiel du projet à obtenir des résultats durables pourrait être atteint grâce à l’intégration du patrimoine culturel immatériel dans des contextes éducatifs formels et informels, la demande ne donne pas suffisamment d’informations sur la façon dont le personnel éducatif ou les anciens impliqués dans le projet pourraient être aidés pour poursuivre leurs efforts après la fin du projet. Au contraire, la demande suggère que la durabilité du projet dépend d’un partenaire, l’Académie des langues mayas, dont le rôle n’est pas clairement décrit, et de son implication dans une activité annuelle mais occasionnelle, à savoir le Festival du patrimoine culturel immatériel des Chuj ;

Critère A.5 : La Fondation Ixtatan contribuera à hauteur de 26 pour cent du budget total du projet pour lequel l’assistance internationale est demandée. Même si la demande indique que l’État partie contribuera également à hauteur de 7 pour cent du budget, aucun partenariat avec des institutions gouvernementales n’est mentionné ;

Critère A.6 : La demande vise à mieux équiper les promoteurs de la littérature chuj, les enseignants, les jeunes, les anciens et la Fondation Ixtatan pour sauvegarder et favoriser le rôle des connaissances et des pratiques ancestrales des Chuj. Toutefois, les activités proposées ne sont pas suffisamment décrites pour démontrer qu’elles auront un impact durable sur les capacités de ces divers acteurs à garantir la viabilité du patrimoine transmis par la langue chuj de manière efficace ;

Critère A.7 : Le Guatemala a bénéficié de l’assistance préparatoire du Fonds du patrimoine culturel immatériel pour préparer la candidature de la cérémonie de la Nan Pa’ch, inscrite sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente en 2013. Le Guatemala a également reçu une assistance technique en 2014 pour la préparation d’une demande d’assistance internationale pour un projet qui devait s’appeler « Soutien à la protection et à la diffusion des connaissances du peuple maya-mam de la municipalité de San Pedro Sacatepéquez, San Marcos, Guatemala » ; toutefois, l’État partie n’a pas soumis de demande après avoir reçu cette assistance technique. Le Guatemala bénéficie actuellement d’un projet de renforcement des capacités de 18 mois financé par le Fonds du patrimoine culturel immatériel grâce à une contribution volontaire supplémentaire de l’Azerbaïdjan ; le projet est toujours en cours ;

Paragraphe 10(a) : Le projet a une portée locale et implique des partenaires tant locaux, comme les six écoles primaires de San Mateo Ixtatan, que nationaux, comme l’Académie des langues mayas’ ;

Paragraphe 10(b) : Même si les ministères de la Culture et de l’Éducation ne sont pas impliqués dans le projet, la demande s’attend à attirer leur attention grâce aux résultats obtenus ;

  1. Décide de renvoyer la demande d’assistance internationale pour le projet intitulé La préservation des connaissances et des pratiques ancestrales du peuple chuj à l’État demandeur et l’invite à resoumettre une demande révisée au Bureau pour examen au cours d’une prochaine session ;
  2. Reconnaît les difficultés de sauvegarder le patrimoine culturel immatériel dont la transmission repose sur des langues menacées et note avec satisfaction l’engagement de l’État partie à assurer, dans ses systèmes éducatifs, la reconnaissance du rôle du patrimoine culturel immatériel dans la transmission des valeurs et des compétences nécessaires dans la vie courante ;
  3. Encourage l’État partie, s’il souhaite resoumettre la demande, à réviser le contenu du projet en tenant compte des préoccupations soulevées ci-dessus et notamment à veiller à la cohérence des activités proposées, du calendrier et du budget afin de démontrer convenablement la pertinence et la faisabilité du projet ;
  4. Encourage en outre l’État partie à tirer parti des activités de renforcement des capacités existant dans le pays pour revoir sa demande, s’il le souhaite, en étroite collaboration avec les acteurs locaux concernés.

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