Décision du Bureau : 11.COM 3.BUR 5.1

Le Bureau,

  1. Rappelant le chapitre V de la Convention et le chapitre I des Directives opérationnelles,
  2. Ayant examiné le document ITH/16/11.COM 3.BUR/5, ainsi que la demande d’assistance internationale n  01153,
  3. Prend note que le Botswana a demandé une assistance internationale pour un projet intitulé « La valorisation du savoir-faire de la poterie en terre cuite dans le district de Kgatleng» :

Le savoir-faire de la poterie en terre cuite a été inscrit en 2012 sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente. Pratiquée par les membres de la communauté Bakgatla ba Kgafela, au sud-est du Botswana, et transmise aux filles et petites-filles par l’observation et la pratique, la fabrication de poterie en terre cuite est menacée d’extinction. Les principaux facteurs de son déclin sont le nombre décroissant de maîtres potiers, le manque d’intérêt de la part des jeunes générations pour l’apprentissage des techniques et du savoir-faire, les prix peu élevés des produits finis et l’utilisation accrue de contenants produits à grande échelle. En outre, deux des principaux ingrédients utilisés pour la fabrication de poteries, la terre glaise et le grès altéré, sont recueillis au pied des collines Phuthadikobo et Tsope, à Mochudi, la capitale du district de Kgatleng, là-même où des parcelles à usage résidentiel empiètent désormais sur les sites culturels associés à cette pratique. Exécuté par le musée Phuthadikobo à Mochudi, le projet prévoit la mise en œuvre d’un certain nombre d’éléments du plan de sauvegarde inclus dans le dossier de candidature. Le renforcement de la transmission du savoir-faire de la poterie en terre cuite se concrétisera par la formation de jeunes potières et la mise à disposition d’un espace temporaire d’exposition et de vente de leurs produits ainsi que par un travail de terrain qui devrait donner lieu à l’élaboration de matériels éducatifs et la clôture des sites associés à la pratique afin de protéger l’accès aux matières premières.

  1. Prend également note que cette assistance concerne la sauvegarde du patrimoine inscrit sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente conformément à l’article 20(a) de la Convention, et qu’elle prend la forme d’un octroi d’un don conformément à l’article 21(g) de la Convention ;
  2. Prend note en outre que le Botswana a demandé que la somme de 68 261,10 dollars des États-Unis soit allouée par le Fonds du patrimoine culturel immatériel pour la mise en œuvre du projet
  3. Décide sur la base des informations présentées dans le dossier n  01153 que la demande satisfait comme suit aux critères d’octroi d’assistance internationale énoncés aux paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles :
Critère A.1 : La demande émane directement de deux femmes maîtres potiers, suite à leur participation active à la mise en œuvre du projet pilote d’inventaire avec la participation des communautés du patrimoine culturel immatériel de 2010 ; leur participation à la préparation de la demande est démontrée de façon suffisante de même que leur participation à la mise en œuvre des activités proposées telles que le travail de terrain et la formation ; la participation de la communauté à la mise en œuvre du projet, à son évaluation et à son suivi sera également assurée par les comités de développement des villages, responsables de la gestion des sites culturels associés à la poterie en terre cuite.

Critère A.2 : Bien que les dépenses prévues dans le budget soient présentées de façon suffisamment détaillées, la correspondance entre celles-ci et les activités proposées n’est pas tout à fait claire ; avec un budget présenté seulement partiellement par activité, les dépenses relatives au travail de terrain ou à l’élaboration de contenus éducatifs ne sont pas aisément identifiables.

Critère A.3 : Alors que l’objectif principal du projet, assurer la viabilité du savoir-faire de la poterie en terre cuite, est clairement défini et énoncé, l’articulation entre les différentes composantes du projet n’est pas explicite. En effet, la demande ne décrit de façon adéquate ni comment les résultats du travail de terrain seront transformés en matériels éducatifs, ni comment ces derniers seront utilisés dans le cadre de l’atelier de transmission.

Critère A.4 : On attend du projet, une fois achevé, qu’il ait développé les ressources humaines et institutionnelles capables de soutenir les efforts de sauvegarde : vingt apprentis auront acquis les compétences nécessaires afin de poursuivre et transmettre aux générations futures une pratique qui constituera leur moyen de subsistance ; en outre, l’agence en charge de la mise en œuvre du projet, le musée Phuthadikobo, ne s’est pas seulement contentée de recruter un coordinateur du patrimoine culturel immatériel qui capitalisera les résultats obtenus par le projet dans le cadre d’une stratégie de mise en œuvre de la Convention de 2003 dans le district de Kgatleng, elle prévoit également l’intégration au sein de sa structure organisationnelle de quatre chercheurs de terrain impliqués dans le projet.

Critère A.5 : L’État demandeur contribuera à hauteur de 12 % du montant total du projet pour lequel l’assistance internationale est demandée.

Critère A.6 : La demande décrit correctement la façon dont le projet contribuera au renforcement des capacités de vingt jeunes potières motivées en leur permettant principalement de maîtriser les compétences nécessaires à la fabrication de poterie en terre cuite mais également de mieux comprendre les significations et valeurs culturelles associées à la pratique ; les capacités du personnel du musée  Phuthadikobo dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en général seront renforcées par chacune des activités du projet, ayant ainsi un impact sur les capacités de sauvegarde de toute la communauté Bakgatla ba Kgafela.

Critère A.7 : Entre 2009 et 2015, le Botswana a bénéficié de trois projets multinationaux financés par le Fonds-en-dépôt UNESCO/Flandres et a mené à bien le travail stipulé dans les contrats signés pour ces trois projets conformément aux règlements de l’UNESCO ; toutefois, le Botswana n’a jamais mis en œuvre d’activités financées par le Fonds du patrimoine culturel immatériel.

Paragraphe 10(a) : Le projet a une portée locale et implique pour sa mise en œuvre à la fois des partenaires locaux tels que le Conseil foncier du district de Kgatleng et des partenaires nationaux tels que le Département des musées et monuments nationaux du Ministère de la jeunesse, des sports et de la culture.

Paragraphe 10(b) : Le projet s’intègre dans une série de réglementations et d’initiatives au niveau national telles que la Politique nationale en faveur de la culture (2010), les normes d’acquisition « Arts et artisanat » ou l’Exposition annuelle des femmes, organisée par le Département des affaires féminines du Ministère du travail et de l’intérieur, ce qui permet d’espérer que l’aide octroyée par le Fonds du patrimoine culturel immatériel sera en mesure d’inciter d’autres contributions financières et techniques au niveau national.

  1. Décide d’approuver la demande d’assistance internationale du Botswana pour « La valorisation du savoir-faire de la poterie en terre cuite dans le district de Kgatleng » (n  01153) et d’allouer un montant de 68 261,10 dollars des États-Unis à l’État partie à cette fin ;
  2. Demande à l’État partie de travailler avec le Secrétariat dans les meilleurs délais afin de réviser la répartition budgétaire dans les limites du montant alloué et de s’assurer que celle-ci correspond exactement aux activités planifiées ;
  3. Invite l’État partie à réexaminer la séquence des activités envisagées à la lumière des résultats attendus tels que décrits dans la demande et, le cas échéant, à réviser le plan de travail ;
  4. Rappelle à l’État partie qu’un rapport sur l’état du « Savoir-faire de la poterie en terre cuite dans le district de Kgatleng au Botswana », inscrit sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, est attendu au plus tard le 15 décembre 2016 et encourage l’État partie à prendre en considération les conclusions de ce rapport dans le cadre de la révision demandée du présent projet ;
  5. Invite en outre l’État partie à utiliser le formulaire ICH-04 pour rendre compte de l’utilisation de l’assistance accordée.

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