Décision du Bureau : 11.COM 1.BUR 1.3

Le Bureau,

  1. Rappelant le chapitre V de la Convention et le chapitre I des Directives opérationnelles,
  2. Ayant examiné le document ITH/16/11.COM 1.BUR/1, ainsi que la demande d’assistance internationale n  01021,
  3. Prend note du fait que le Kenya a demandé l’assistance internationale pour un projet intitulé « la Promotion des pratiques traditionnelles de fabrication de poteries dans l’est du Kenya» :

Le projet proposé, élaboré conformément à la loi kenyane de 2006 relative au patrimoine national (2006 National Heritage Act of Kenya), a pour but de sauvegarder et de revitaliser les pratiques traditionnelles de fabrication de poteries des communautés du Mbeere, du Tharaka et du Tigania, dans l’est du Kenya. Transmise par les femmes au sein des familles, la technique consiste à fabriquer des pots en argile de diverses tailles et formes, selon leur fonction et le style propre à la communauté concernée. Certains pots sont destinés aux rituels, aux cérémonies ou aux réunions entre amis, tandis que d’autres sont destinés à stocker l’eau ou à cuire des aliments. Cet artisanat est étroitement lié aux pratiques sociales et aux habitudes alimentaires des communautés concernées, et représente également un moyen de subsistance pour de nombreuses familles. De nos jours, en raison de l’énorme travail qu’exige cet artisanat et des faibles profits qui en sont tirés, à quoi s’ajoute l’impact de l’éducation formelle, le nombre de praticiennes de la poterie a diminué et l’activité est de moins en moins une priorité au sein des familles de potières. De plus, des pots en aluminium sont de plus en plus utilisés comme alternative aux poteries, ce qui porte également atteinte aux méthodes traditionnelles de préparation des aliments et de conservation de l’eau. Mis en œuvre par le Musée national du Kenya, le projet a pour objet de revitaliser les pratiques traditionnelles de fabrication de poteries et de restaurer les fonctions sociales associées, tout en mettant en valeur les techniques de production existantes. Les activités prévues sont notamment la revitalisation des méthodes de transmission, la diversification des formes et des styles de poteries afin de mieux répondre aux demandes du marché, l’intégration de modes de production plus efficaces (par exemple l’amélioration de la performance des fours pour accroître les économies d’énergie), l’organisation des potières en groupes et la documentation aux fins de formation à la tradition ;

  1. Prend note en outre que cette assistance concerne le soutien d’un projet réalisé au niveau local, en vue de sauvegarder le patrimoine culturel immatériel conformément à l’article 20 (c) de la Convention, et qu’elle prend la forme d’une donation accordée en conformité avec l’article 21 (g) de la Convention ;
  2. Prend également note du fait que le Kenya a demandé une allocation de 23 388 dollars des États-Unis au titre du Fonds du patrimoine culturel immatériel pour mettre en œuvre le projet ;
  3. Décide, sur la base des informations fournies dans le dossier n  01021, que la demande satisfait comme suit aux critères d’octroi de l’assistance internationale énoncés aux paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles :
Critère A.1 : La demande démontre clairement la participation des communautés à la préparation, à la mise en œuvre et à l’évaluation du projet. Les activités ont été conçues en réponse à la demande d’assistance du Mbeere et en consultation étroite avec les communautés de potières du Tharaka et du Tigania. Un coordinateur du projet de chaque communauté participera avec l’équipe de coordination du projet à la planification et à la mise en œuvre des activités. Le rôle central des potières dans les activités, comme la formation des enfants et la promotion des pratiques de fabrication des poteries dans les écoles, est clairement défini dans la demande, tout comme l’est leur contribution active à l’évaluation du projet et à la production de rapports en tenant un journal où elles consigneront leurs activités quotidiennes et qui figurera également dans le rapport final.

Critère A.2 : Le montant total demandé semble approprié et couvre de façon satisfaisante chacune des activités proposées.

Critère A.3 : La demande est structurée de façon claire et comprend une série de 11 activités bien conçues et présentées dans un ordre logique. Les activités proposées correspondent aux objectifs du projet et sont planifiées selon un calendrier qui semble réaliste dans les délais impartis.

Critère A.4 : La participation de tous les groupes, notamment les femmes et les enfants, devrait contribuer à la pérennité du projet au-delà de son achèvement officiel. Les activités proposées, axées sur les femmes qui jouent un rôle essentiel dans la transmission de la pratique, prévoient notamment la création de groupes de potières au sein des communautés afin que les praticiennes puissent faire entendre plus efficacement leurs préoccupations et avoir davantage accès à des mécanismes de microcrédit. Le projet cherche également à éveiller l’intérêt des jeunes afin d’assurer la viabilité des pratiques traditionnelles de fabrication de poteries, et les enfants participeront à de nombreuses activités, notamment des ateliers de sensibilisation dans les écoles et l’utilisation d’une brochure personnalisée.

Critère A.5 : L’État demandeur prendra à sa charge 12 % du montant total du projet pour lequel l’assistance internationale est demandée.

Critère A.6 : Le principal objectif du projet est de doter les communautés de potières du Mbeere, du Tharaka et du Tigania de nouveaux savoir-faire et outils pour revitaliser leurs pratiques de fabrication de poteries. La demande indique que les capacités des communautés seront renforcées par l’organisation des potières en groupes, des processus de consultation participative et l’établissement de réseaux d’apprentissage. Des personnes et des groupes seront formés pour animer régulièrement des réunions au niveau des communautés et documenter leur patrimoine vivant, avec le soutien d’anthropologues et d’historiens locaux.

Critère A.7 : En 2008, le Kenya a bénéficié de l’assistance internationale quatre fois – deux fois sous la forme d’une assistance préparatoire pour des dossiers de candidature sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, à savoir pour les « Traditions et pratiques associées aux Kayas » (2009-10 ; 6 000 dollars des États-Unis), pour les « Rituels et pratiques associés au sanctuaire de Kit Mikayi chez les communautés luo au Kenya » (2013-2015 ; 17 668 dollars des États-Unis) et deux fois sous la forme d’une assistance financière pour un projet intitulé : « Les traditions et pratiques associées aux Kayas dans les forêts sacrées des Mijikenda » (2011-14, 126 580 dollars des États-Unis) et un projet intitulé : « La documentation et l'inventaire du patrimoine culturel immatériel de la communauté pastorale Samburu du nord du Kenya, particulièrement dans la région de la réserve de biosphère du mont Kulal » (2015-en cours ; 24 038 dollars des États-Unis). Le travail stipulé dans les contrats signés pour les projets réalisés a été mené à bien conformément aux règlements de l’UNESCO, bien que le projet intitulé : « Les traditions et pratiques associées aux Kayas dans les forêts sacrées des Mijikenda »,  mis en œuvre par le Département de la Culture du Ministère de la Culture, des Sports et des Arts, a été considérablement retardé. Cependant, au moment de rédiger ce rapport, toutes les activités prévues ont été terminées et le projet est en cours de clôture administrative.
 
Paragraphe 10(a) : Le projet est d’application locale et implique des partenaires de mise en œuvre nationaux et locaux.

Paragraphe 10(b) : La demande démontre un effet multiplicateur potentiel en termes de financement futur, car le projet a pour but de mieux organiser les potières en groupes au sein de leur communauté respective afin de pouvoir coordonner les efforts pour une revitalisation à long terme de leurs pratiques de fabrication de poteries. Les activités de visibilité dans les écoles grâce à des informations documentées au sein des communautés contribueront également à conférer au projet un effet multiplicateur ;

  1. Décide d’approuver la demande d’assistance internationale du Kenya pour un projet intitulé « la Promotion des pratiques traditionnelles de fabrication de poteries dans l’est du Kenya » et d’accorder à cette fin un montant de 23 388 dollars des États-Unis à l’État partie ;
  2. Demande au Secrétariat de se mettre d’accord avec l’État partie demandeur sur les détails techniques de l’assistance, en accordant une attention particulière au budget détaillé et au calendrier des activités qui doivent être couvertes par le Fonds du patrimoine culturel immatériel et de libérer les fonds seulement une fois que le contrat se rapportant au projet « Traditions et pratiques associées aux Kayas dans les forêts sacrées des Mijikenda » a été clos (dossier 00326) ;
  3. Invite l’État partie à utiliser le formulaire ICH-04-Rapport pour rendre compte de l’utilisation de l’assistance accordée.

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