Décision du Comité intergouvernemental : 6.COM 8.5

Le Comité

  1. Prend note que la République centrafricaine a proposé la candidature de la fanfare traditionnelle Ango-Broto dans la Préfecture de la Ouaka en vue de son inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, décrite comme suit :

La musique et la danse de la fanfare traditionnelle Ango-Broto sont une émanation de l’esprit des ancêtres de la communauté Broto, un sous-groupe de l’ethnie Banda dans la Préfecture de la Ouaka, en République centrafricaine. Les musiciens jouent dans des groupes où se mélangent les jeunes et vieux, hommes et femmes, en utilisant des trompes traversières faites à partir des racines (ango) d’arbres fruitiers ou des cornes de bêtes sauvages. L’exécution de cette musique était autrefois exclusivement réservée à des rites d’initiation en pleine brousse des enfants âgés de cinq ans sur une période de trois mois. Durant cette période, les jeunes bénéficiaient d’une instruction et d’une éducation et apprenaient à maîtriser les trompes, en allant de la plus aigüe à la plus grave. Ils apprenaient également à maîtriser le processus de fabrication des trompes depuis la recherche de la matière première à la finition des instruments, mais également des costumes de danse traditionnelle. La fanfare se produisait traditionnellement à certaines occasions comme à la mort d’un aîné ou d’un chef traditionnel, ou pour l’organisation d’expéditions de chasse et de pêche. Bien que les rituels d’initiation aient rarement lieu aujourd’hui, la fanfare trouve toujours une place importante lors des cérémonies officielles comme les défilés, les mariages, les enterrements et d’autres événements. Le nombre de détenteurs est en diminution en raison de l’âge avancé des détenteurs actuels, de la propagation du christianisme au détriment des croyances locales, et de la propagation du VIH-SIDA et autres pandémies.

  1. Décide que, d’après l’information fournie dans le dossier de candidature n 00492, la fanfare traditionnelle Ango-Broto dans la Préfecture de la Ouaka satisfait aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :

U.1 :  Bien que la fanfare Ango-Broto ne soit plus totalement intégrée dans son contexte rituel d’initiation, elle se produit dans les événements sociaux et officiels et demeure une expression vitale de la communauté Broto, tout en ayant également une certaine signification pour la communauté nationale entière ; cependant, la description de l’élément est mince et la nature exacte de ce qui doit être sauvegardé devrait être mieux définie ;

U.2 :  L’État soumissionnaire a démontré la nécessité d’une sauvegarde urgente de la fanfare en tant que vecteur de valeurs culturelles et a identifié des menaces réelles qui pèsent sur sa viabilité, y compris le nombre réduit de détenteurs, la fragilité des modes traditionnels de transmission, et la modification du contexte des rituels d’initiation à des festivals ;

U.5 :  Il apparaît que l’élément est inclus dans un inventaire en cours, bien qu’une déclaration plus précise à cet effet et une démonstration claire de son établissement, conformément aux articles 11 et 12 de la Convention, auraient été bienvenues.

  1. Décide en outre que, d’après l’information fournie dans le dossier de candidature n 00492, la fanfare traditionnelle Ango-Broto dans la Préfecture de la Ouaka ne satisfait pas aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :

U.3 :  Malgré la bonne volonté évidente de l’État soumissionnaire, il n’a décrit aucun effort actuel ou récent pour la sauvegarde de l’élément, de même qu’il n’a pas expliqué comment il créera des conditions favorables à la sauvegarde et au renforcement des capacités de la communauté à l’avenir ; l’État n’a pas non plus élaboré un plan de sauvegarde bien conçu pour répondre à des menaces identifiées, pour refléter l’entier engagement et le soutien des communautés concernées de Broto et pour prévoir l’inclusion d’autres communautés qui pratiquent également la fanfare dans une zone géographique plus large ;

U.4 :  L’État n’a pas démontré la participation la plus large des communautés au processus de candidature, en particulier dans la planification et la conception des mesures de sauvegarde, bien que la candidature contienne la preuve de leur consentement libre, préalable et éclairé.

  1. Décide de ne pas inscrire la fanfare traditionnelle Ango-Broto dans la Préfecture de la Ouaka sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente pour le moment et invite l’État partie à soumettre une candidature révisée qui réponde de manière plus complète aux critères pour évaluation par le Comité à un cycle ultérieur ;
  2. Encourage l’État partie à fournir de plus amples justifications sur la mise en évidence d’une seule communauté parmi plusieurs présentes sur le territoire qui pratiquent des fanfares similaires ;
  3. Invite l’État partie à assurer la participation la plus large possible de la communauté non seulement au processus de candidature, mais également à l’élaboration de mesures de sauvegarde efficaces et durables ;
  4. Invite en outre l’État partie à élaborer un plan de sauvegarde cohérent qui prenne en compte les formes contemporaines de l’élément tout en respectant et en renforçant les modes traditionnels de transmission ainsi que les contextes de représentation.

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