Décision du Comité intergouvernemental : 6.COM 8.1

Le Comité

  1. Prend note que l’Arménie a proposé la candidature de l’épopée lyrique des achoughs : pratiques, musiques et textes de la tradition des bardes arméniens en vue de son inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, décrite comme suit :

Les achoughs arméniens relèvent d’une tradition semi-professionnelle qui combine la poésie, la musique et l’art du conte. Les chants, qui mêlent histoires d’amour et légendes, événements vrais et contes surnaturels, sont caractérisés par des techniques d’expression et des images uniques en leur genre. Les bardes improvisent en s’appuyant un savoir traditionnel, et en adaptant leur style selon le lieu, le public et les circonstances. Les chants des achoughs sont en général joués lors de festivals, mariages, funérailles et à d’autres occasions particulières. Le barde s’accompagne de différents luths à cordes pincées ou à archet. Les chants d’amour des achoughs sont des manifestations du patrimoine arménien très appréciées pour leurs valeurs culturelles et le fort sentiment d’identité qu’elles procurent. Les détenteurs de la musique achough sont des compositeurs, interprètes, poètes et instrumentalistes professionnels ou amateurs. Les techniques et les connaissances sont transmises oralement de maître à élève, souvent dans des cafés, mais dorénavant aussi dans des écoles de musique achough. Aujourd’hui, les chants des célèbres bardes arméniens font partie du répertoire des artistes professionnels traditionnels, et sont constamment recréés grâce au talent de la jeune génération d’achoughs. Souvent entendus lors de concerts et de festivals, les achoughs sont largement diffusés sur une chaîne de télévision qui leur est spécialement dédiée et qui retransmet leurs performances.

  1. Décide que, d’après l’information fournie dans le dossier de candidature n  00529, l’épopée lyrique des achoughs : pratiques, musiques et textes de la tradition des bardes arméniens satisfait aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :

U.1 :  En tant que tradition romantique et populaire, les achoughs procurent à la communauté arménienne un profond sentiment d’identité et transmettent d’importantes valeurs culturelles ;

U.4 :  Les communautés et individus concernés, en particulier les chanteurs achoughs, ont participé activement au processus de candidature et ont fourni leur consentement libre, préalable et éclairé ;

U.5 :  L’élément a été inclus dans l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la République d’Arménie administré par le Ministère de la culture.

  1. Décide en outre que, d’après l’information fournie dans le dossier de candidature n  00529, l’épopée lyrique des achoughs : pratiques, musiques et textes de la tradition des bardes arméniens ne satisfait pas aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :

U.2 :  Bien que la transmission de la pratique ait été interrompue pendant plusieurs décennies, l’État soumissionnaire n’a pas distingué de façon appropriée les parties vitales de la tradition achough de celles, le cas échéant, qui risquent de disparaître ;

U.3 :  L’État n’a pas présenté un plan de sauvegarde bien structuré qui établisse des priorités pour les mesures visant à renforcer les parties du répertoire achough potentiellement menacées.

  1. Décide de ne pas inscrire l’épopée lyrique des achoughs : pratiques, musiques et textes de la tradition des bardes arméniens sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente pour le moment et invite l’État partie à soumettre une candidature révisée qui réponde de manière plus complète aux critères pour évaluation par le Comité à un cycle ultérieur ;
  2. Rappelle la décision 5.COM 6 qui invite les États parties à élaborer les dossiers avec la plus grande attention afin d’éviter de provoquer tout malentendu entre les communautés dans le but d’encourager le dialogue et le respect mutuel entre les communautés, groupes et individus ;
  3. Invite en outre l’État partie, dans ce contexte, de se concentrer sur le sens de cette pratique sur son territoire, tout en reconnaissant sa proximité avec d’autres répertoires de chants traditionnels, et en évitant de la présenter comme unique sans étayer cette affirmation, en particulier quand ce caractère unique est attribué à des facteurs religieux ;
  4. Encourage l’État partie à préparer un plan de sauvegarde mieux conçu comportant des mesures clairement destinées aux éléments de la pratique qui pourraient être menacés, et à lui adjoindre des informations plus concrètes sur les priorités, approches, calendrier et coûts.

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