Décision du Comité intergouvernemental : 6.COM 10.1

Le Comité

  1. Prend note que l’État plurinational de Bolivie, le Chili et le Pérou ont fait une demande d’assistance internationale pour le projet Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel des communautés aymara de Bolivie, du Chili et du Pérou, décrit comme suit :

Ce projet vise à sauvegarder le patrimoine culturel immatériel des communautés aymara en Bolivie, au Chili et au Pérou grâce à l’identification, la promotion et la reconnaissance de leur musique et de leurs traditions orales. Dans chaque pays, le projet sera mis en œuvre dans 27 communautés du plateau de l’Altiplano et des régions autour du lac Titicaca. Le projet sera exécuté par des entités gouvernementales, avec le soutien du Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Amérique latine (CRESPIAL). Des équipes techniques nationales, des représentants et des détenteurs de communautés aymaras de Bolivie, du Chili et du Pérou seront formés aux techniques de collecte et d’enregistrement de musique et de tradition orale aymara. Les autorités locales et les communautés concernées participeront à l’identification des genres musicaux qui sont en danger et à la collecte des traditions orales. Le projet met également à contribution les enseignants des écoles primaires afin de s’assurer que les enfants continuent de pratiquer et de transmettre le patrimoine culturel immatériel aymara, après l’achèvement du projet. Les publications du projet (sur CD et sur papier) seront largement diffusées dans les écoles publiques de toute la région. Ce projet est le prolongement d’une collaboration multinationale qui a impliqué un dialogue et une coopération   entre les trois pays, et qui a été reconnu par le Comité en 2009 pour la contribution qu’il pouvait apporter à la sauvegarde.

  1. Décide que, à partir des renseignements fournis dans le dossier 00550, Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel des communautés aymara de Bolivie, du Chili et du Pérou, il répond comme suit aux critères de l’assistance internationale du paragraphe 12 des Directives opérationnelles et aux considérations supplémentaires du paragraphe 10 :

A.1 :  Bien que la coopération sous-régionale entre les trois pays et leurs efforts combinés et concertés pour la formulation d’un programme de sauvegarde soient louables, l’active participation de la communauté aymara à la préparation de la demande et leur rôle futur dans sa mise en œuvre n’ont pas été démontrés avec suffisamment de détails ;

A.2 :  Le budget est bien conçu et clairement structuré avec un aperçu des activités individuelles et un partage des coûts ; le montant de l’assistance semble approprié ;

A.3 :  Les activités proposées sont bien conçues, méthodiques et réalisables, présentées dans un ordre logique, et il y a une cohérence entre les activités prévues, le calendrier et le budget ; le suivi et l’évaluation du programme sont intégrés ; néanmoins, il est nécessaire de garder à l’esprit que son objectif ne devrait pas seulement consister à documenter la musique aymara et des traditions orales, mais également à en assurer sa transmission et viabilité ;

A.4 :  La durabilité du projet peut être potentiellement garantie de plusieurs manières : par une documentation détaillée suivie d’une diffusion qui pourrait servir à des activités promotionnelles et éducatives au niveau de l’État et au niveau privé ; pour avoir une efficacité, il est cependant fondamental de mobiliser la participation de la communauté, d’assurer le transfert du savoir-faire et de revitaliser la transmission entre générations comme conditions essentielles de la durabilité ;

A.5 :  L’assistance demandée au Fonds du patrimoine culturel immatériel est inférieure à un tiers du total, les coûts restants étant pris en charge par le Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Amérique latine (CRESPIAL) et les États parties respectifs ;

A.6 :  L’assistance financière doit être utilisée pour renforcer les compétences pour l’identification, la documentation et la diffusion de la musique et des traditions orales, et les participants doivent devenir des « multiplicateurs » formés et des experts ; néanmoins, le renforcement des capacités des communautés aymara n’est pas suffisamment expliqué ; mis à part les enseignants, aucun détenteur ou autre membre des communautés ne sera formé pour acquérir les compétences nécessaires pour contribuer ensuite à la transmission de leur propre patrimoine, et bien que les écoliers soient mentionnés, ils ne sont pas visibles dans les activités, le budget ou le calendrier ;

A.7 :  Les États parties ont reçu une aide financière du Fonds du patrimoine culturel immatériel en 2009 pour l’élaboration d’une proposition pour l’inclusion dans le Registre des meilleures pratiques de sauvegarde du projet « Univers culturel aymara » ; les travaux prévus dans les termes de référence du contrat ont été réalisés avec succès et conformément aux règles de l’UNESCO, le contrat a été dûment exécuté ;

10(a) :Le projet prévoit une coopération au niveau sous-régional des institutions publiques ainsi que des organisations régionales, y compris des établissements d’enseignement qui y participeront ; le CRESPIAL assurera le partage des coûts ;

10(b) :L’assistance peut avoir un effet multiplicateur en attirant d’autres partenaires et des ressources privées, comme cela a déjà été le cas pour l’association Aymara sans frontières qui est un partenaire du programme.

  1. Félicite les trois États parties pour leurs efforts conjoints dans la préparation et la mise en œuvre d’un projet pour le bénéfice d’une communauté transfrontière et visant à sauvegarder des éléments de son patrimoine culturel immatériel ; et également pour leur plan et budget bien conçus et méthodiques ;
  2. Recommande instamment aux États d’impliquer pleinement les communautés aymara à la mise en œuvre du projet, en mettant l’accent sur leur autonomisation et le renforcement de leurs capacités afin d’encourager la revitalisation et la transmission traditionnelle de leur musique et traditions orales et de promouvoir un développement durable et solide tourné vers l’avenir ;
  3. Rappelle que, conformément aux dispositions de la Convention, l’enregistrement et la documentation devraient servir à assurer la viabilité du patrimoine culturel immatériel concerné ; ils doivent par conséquent être complétés par d’autres mesures de sauvegarde appropriées ;
  4. Décide de ne pas approuver l’aide internationale pour un montant de 98  000 dollars des États-Unis pour le projet Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel des communautés aymara de Bolivie, du Chili et du Pérou à ce stade ;
  5. Invite les États parties à soumettre une demande révisée, y compris son calendrier et budget, de préférence avant fin février 2012 ; 
  6. Demande au Secrétariat de travailler avec les Etats parties pour la révision de la demande ;
  7. Délègue au Bureau du Comité le pouvoir d’approuver une version révisée de la demande d’assistance internationale dont le montant ne devrait pas dépasser 98 000 dollars des États-Unis, à condition que les États parties soumettent une demande révisée répondant aux préoccupations énoncées ci-dessus.

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