Décision du Comité intergouvernemental : 17.COM 7.c.1

Le Comité

  1. Prend note que la Tchéquie a proposé Stratégie pour la sauvegarde de l’artisanat traditionnel : Le Programme des détenteurs de la tradition des arts populaires (n01468) en vue de sa sélection et de sa promotion par le Comité en tant que programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et objectifs de la Convention :

En 1997, l’Institut national de la culture populaire (NFIC, National Institute of Folk Culture), a commencé à mettre en œuvre le projet « Production d’objets artisanaux et d’art populaire en République tchèque », axé sur la documentation audiovisuelle des artisanats traditionnels. Les travaux de terrain visant à identifier les producteurs ont révélé que la situation financière de la majorité des ateliers était déplorable et qu’ils créaient et vendaient difficilement leurs produits. Une solution devait être trouvée sans délai : rétablir le contact entre les producteurs et les clients, et sensibiliser aux artisanats traditionnels et à leurs technologies. C’est pour faire face à cette situation qu’en 2000 le Ministère de la culture et le NFIC ont mis en place le programme « Détenteurs de la tradition des arts populaires », qui vise à soutenir, protéger et sauvegarder les artisanats traditionnels. Outre la possibilité d’obtenir des prix, des subventions et des dons, les artisans et leurs produits bénéficient d’un label exclusif. Le NFIC se charge non seulement de la documentation et des recherches sur les artisanats traditionnels, mais aussi du recueil et de l’évaluation professionnelle des collections de produits fabriqués par les producteurs primés. Ces produits sont évalués par des artistes et des créateurs, et les producteurs primés reçoivent un ensemble de supports promotionnels imprimés : des dépliants, des cartes de visite, des étiquettes et une brochure sur les « Détenteurs de la tradition ». Le grand public est tenu informé par le biais de sites Web et de publications dédiés, d’un DVD et d’une exposition permanente à Chanovice.

  1. Considère que, sur la base des informations contenues dans le dossier, le programme répond comme suit aux critères de sélection, en tant que bonne pratique de sauvegarde, tels qu’énoncésau paragraphe 7 des Directives opérationnelles :

P.1 :  Le programme proposé vise à soutenir, protéger et sauvegarder l’artisanat traditionnel. Il répond à plusieurs enjeux auxquels l’artisanat traditionnel est confronté, notamment son déclin, la mauvaise situation financière des ateliers artisanaux et l’abandon des modèles traditionnels. Le programme contribue à faire connaître l’artisanat traditionnel et ses technologies, à accroître son prestige et encourage la reconnaissance des producteurs et des artisans par la société. Il comprend un ensemble complet de mesures de sauvegarde, telles que l’identification des détenteurs, de la documentation et des recherches, une protection grâce à un label « Détenteurs de la tradition », des efforts de promotion, des expositions publiques et des bourses d’études.

P.2 :  Le dossier explique comment le programme proposé favorise la coordination des efforts de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel aux niveaux régional et international. Les technologies et les processus artisanaux qui existent en Tchéquie se retrouvent dans plusieurs régions et dans d’autres pays d’Europe centrale. Le programme peut être une source d’inspiration et une occasion de coopération avec des ateliers à l’étranger qui peuvent avoir besoin de conseils ou de soutien. Le dossier fournit des exemples d’artisanat traditionnel qui recoupent d’autres formes de patrimoine culturel immatériel dans la région, comme la production de tissus bleus et la fabrication et la pratique d’instruments de musique traditionnels tels que la cornemuse en collaboration avec d’autres pays de la région.

P.3 : Le programme reflète les différents principes et objectifs de la Convention, notamment ceux relatifs à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, le respect du patrimoine culturel immatériel des communautés, groupes et individus concernés, et la sensibilisation à l’échelle locale, nationale et internationale à l’importance du patrimoine culturel immatériel. Le programme témoigne également de la coopération et de l’assistance internationales et soutient les études scientifiques professionnelles et la recherche méthodologique sur les métiers traditionnels, notamment ceux qui risquent de disparaître.

P.4 : Le programme ne se concentre pas seulement sur les récompenses publiques offertes aux producteurs. Il fournit également des avantages pratiques tels qu’un soutien financier, la promotion et la présentation de produits, une exposition annuelle et une assistance méthodique, entre autres. Le programme se révèle également efficace pour faciliter la transmission du savoir d’une génération à la suivante. Le dossier fournit des études de cas spécifiques sur les praticiens individuels qui ont bénéficié du programme, et démontre l’efficacité du programme à encourager la transmission continue et la viabilité de leur artisanat.

P.5 : Diverses communautés, groupes et individus ont été impliqués dans la planification et la mise en œuvre des mesures de sauvegarde du programme. On compte des producteurs individuels, des clubs et des associations, des institutions professionnelles, des autorités gouvernementales et des collectivités locales. Les clubs et associations d’artisans ont également organisé des activités avec des groupes d’artisans professionnels, et des institutions professionnelles ont coopéré avec les artisans, et certains ont été nominés pour le titre de « Détenteur de la tradition ». Le dossier décrit comment les détenteurs et les praticiens ont participé à la préparation du dossier, dénombre ces personnes et explique le processus par lequel elles sont passées pour participer aux préparatifs. Dans les lettres de consentement, les détenteurs ont indiqué qu''ils ont été consultés lors de l’élaboration du dossier et ont déclaré leur engagement à continuer à travailler avec le programme.

P.6 : Le programme peut servir de modèle sous-régional, régional ou international, car sa structure est flexible et ses objectifs peuvent être adaptés aux besoins de différentes communautés. Le programme contribue à renforcer et à consolider le statut social de l’artisanat traditionnel, qui a été éloigné de toute logique économique par la production industrielle moderne. Il peut également s’appliquer aux processus de production traditionnels, où les connaissances et les compétences risquent de disparaître. En outre, le programme peut être facilement transféré à d’autres domaines du patrimoine culturel immatériel, tels que les chants, les danses ou les instruments de musique traditionnels, que l’on retrouve dans de nombreux pays et communautés du monde entier.

P.7 : Le dossier explique que trente-huit producteurs ont donné leur accord pour coopérer, partager leurs connaissances et participer au développement continu du programme, ainsi que pour diffuser les meilleures pratiques, si leur programme est sélectionné. Les producteurs récompensés sont également disposés à présenter ce programme lors d’événements spécialisés et professionnels tels que des salons professionnels et des ateliers en Tchéquie et à l’étranger, et à partager leur expérience avec d’autres. Le ministère tchèque de la culture et l’Institut national de la culture populaire se sont déclarés prêts à coopérer avec l’UNESCO pour diffuser le programme en tant qu’exemple de bonnes pratiques de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

P.8 : La mise en œuvre du programme entre 2000 et 2021 a fourni de nombreuses expériences utiles à son développement. Le dossier fournit des informations sur les résultats obtenus dans les domaines de l’identification et de la nomination des producteurs, de la documentation et de la recherche. En outre, une documentation photographique et vidéo détaillée a été réalisée pour tous les producteurs récompensés, avec 5 400 documents sauvegardés. En ce qui concerne l’évaluation des résultats des efforts de promotion entre 2009 et 2020, douze brochures « Détenteurs de la tradition » ont été publiées, vingt-deux expositions ont été organisées en République tchèque et cinq à l’étranger. Le programme a également permis de mesurer les résultats de la transmission, et une trentaine de nouveaux successeurs travaillent actuellement avec des producteurs récompensés dans leurs ateliers. En outre, le programme est régulièrement évalué à plusieurs niveaux, et fait notamment l’objet d’une évaluation complète tous les cinq ans.

P.9 :  Le programme « Détenteurs de la tradition des arts populaires » peut être appliqué à d’autres pays. Ce système relativement peu coûteux peut être une source d’inspiration et d’orientation, notamment pour les pays en développement. Il est simple et facile à comprendre, et le dossier décrit comment chacun de ses aspects - tels que les processus d’identification des artisans, la documentation des processus de travail et des produits, les récompenses pour les artisans sélectionnés et l’attribution d’un label - peut être adopté par d’autres pays.

  1. Décide de sélectionner Stratégie pour la sauvegarde de l’artisanat traditionnel : Le Programme des détenteurs de la tradition des arts populaires en tant que programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et objectifs de la Convention ;
  2. Félicite l’État partie pour son dossier bien préparé et son modèle de sauvegarde qui peut être adapté à d’autres contextes d’artisanat traditionnel confrontés à des défis similaires.

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