Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.a.3

Le Comité

  1. Prend note que le Mali a proposé la candidature des pratiques et expressions culturelles liées au « M’bolon », instrument de musique traditionnel à percussion (n  01689) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente : Le M’Bolon est un instrument de musique composé d’une grande caisse de résonance faite d’une calebasse recouverte de cuir de vache, surmontée d’un manche en bois arqué muni de cordes. Pour amplifier les vibrations sonores, le musicien porte souvent un dispositif en forme de cloche fait de plaques métalliques auxquelles sont fixés de petits lobes de forme ovale. Cet appareil, doté de petits anneaux en fer, est attaché à la main du joueur au moyen d’un coussinet garni de cordons ou d’un élastique. Le mode d’utilisation du M’Bolon dépend du nombre de cordes. Les M’Bolon à une ou deux cordes animent les événements populaires et les célébrations, et accompagnent les rituels et cérémonies religieuses. Les M’Bolon à trois et quatre cordes sont les plus répandus. Ils sont utilisés pour accompagner les louanges des chefs traditionnels, célébrer les hauts faits des rois, encourager les agriculteurs dans les champs et galvaniser les guerriers. Le M’Bolon est un instrument qui se joue en solo ou avec d’autres instruments, notamment le xylophone, le tambour d’aisselle et les luths. Présent dans le sud du Mali, il est utilisé sans distinction d’ethnie, de genre et de religion et l’apprentissage est transmis par les maîtres à des apprentis, ainsi que par des associations locales. Cependant, le nombre d’initiés est limité et la pratique est menacée par des facteurs tels que l’urbanisation, l’introduction de religions qui interdisent les rites et pratiques initiatiques traditionnels et la baisse d’intérêt des jeunes.
  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription suivants sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :
U.1 : Les praticiens et les détenteurs de l’élément sont des groupes d’initiés au sein de chaque communauté qui sont responsables d’enseigner l’élément aux jeunes par la démonstration, l’immersion et le retour d’information. Le M’Bolon est une pratique essentiellement masculine, mais on trouve aussi des musiciennes dans certaines communautés. Dans plusieurs communautés, des associations se consacrent à promouvoir et à enseigner le M’Bolon. L’élément permet de renforcer la cohésion sociale et le dialogue entre les générations et favorise la transmission de l’histoire locale, de la généalogie, des pactes d’alliance ancestraux, de la jurisprudence, des rituels et des pratiques initiatiques. L’élément est compatible avec les instruments relatifs aux droits de l’homme et promeut les pratiques et expressions culturelles des communautés.

U.4 : Le dossier décrit une large participation des communautés au processus d’inventaire et à la préparation du dossier de candidature. Menées par la Direction nationale du patrimoine culturel, les initiatives mises en place incluent des séances de sensibilisation ainsi que la collecte et l’analyse de données. Cette démarche a mené à la préparation du dossier de candidature, qui a été vérifié par les associations participantes. Le dossier démontre également le consentement libre, préalable et éclairé des représentants des communautés.

U.5 : L’élément a été inscrit en 2019 sur la Liste du patrimoine culturel immatériel national. L’inventaire est géré par la Direction nationale du patrimoine culturel, dont les équipes ont dirigé le processus d’inventaire avec la participation des communautés, des associations et des organisations non gouvernementales. L’inventaire est mis à jour tous les quatre ans par la Direction nationale du patrimoine culturel, en collaboration avec les communautés au niveau local. 
  1. Considère que sur la base des informations fournies par l’État partie au Comité à sa présente session, les critères U2 et U3 pour permettre l’inscription de l’élément sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, sont satisfaits :
U.2 : L’utilisation accrue du M’Bolon monocorde et bicorde dans les festivals et les cérémonies officielles est un indicateur de garantie pour la viabilité de l’élément. Le dossier décrit également l’augmentation du nombre d’associations de promotion de l’élément dans les localités où l’élément est répandu pour contribuer à sa préservation, et montre qu’il n’a pas perdu son esprit d’éducation et de formation des jeunes. Bien que l’utilisation ou la transmission de l’élément n’ait pas diminué au point de mettre gravement en danger son existence, les changements, dans les modes de vie et les facteurs tels que l’urbanisation, l’exode des jeunes des zones rurales, l’introduction de religions qui interdisent les rites et pratiques initiatiques traditionnels, le rejet des valeurs traditionnelles par les jeunes, le vieillissement de la population, des pratiquants et le mépris des règles, pratiques et rites associés au M’Bolon en faveur de la génération de revenus, mettent en péril l’élément et peuvent entrainer une détérioration rapide de ses valeurs sociales et culturelles si des mesures rapides ne sont pas prises.

U.3 : Le dossier explique que les efforts de sauvegarde des communautés se sont traduits par la mise en place de rassemblements culturels, tels que le festival de M’Bolon, le développement du nombre d’associations de promotion de l’élément, et la participation aux Journées nationales du patrimoine culturel. Le plan de sauvegarde de l’élément, a identifié sept objectifs des résultats attendus sur une période de trois ans. Les mesures de sauvegarde proposées visent la transmission, l’éducation et la sensibilisation de l’élément non seulement aux jeunes et aux porteurs potentiels, mais aussi aux autorités administratives nationales, régionales et locales et aux visiteurs. Cet objectif sera également soutenu par la recherche et la documentation.

  1. Décide d’inscrire les pratiques et expressions culturelles liées au « M’bolon », instrument de musique traditionnel à percussion sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Demande à l’État partie de soumettre, lors des quatre années suivant l’inscription, des rapports biennaux sur les résultats des mesures prises pour garantir la sauvegarde de l’élément, et encourage l’État partie à concentrer ses efforts dans la mise en œuvre des mesures proposées, principalement dans la sauvegarde et la promotion des valeurs sociales et culturelles de l’élément.


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